Gilles Manceron à propos du 17 octobre 1961: «Cet événement est le paroxysme de la violence et de l’arbitraire»
Gilles Manceron. Historien
«Cet événement est le paroxysme de la violence et de l’arbitraire»
El Watan, 16 octobre 2011
Gilles Manceron, historien, était, jusqu’en juin 2011, vice-président de la Ligue des droits de l’homme. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont D’une rive à l’autre. La guerre d’Algérie de la mémoire à l’histoire (avec Hassan Remaoun, Syros, 1993) et Marianne et les colonies. Une introduction à l’histoire coloniale de la France (La Découverte, 2003). Il a préfacé le manuscrit inédit des journalistes Marcel et Paulette Péju Le 17 Octobre des Algériens qu’il complète par La triple occultation d’un massacre (éditions La Découverte, septembre 2011)
– Comment expliquez-vous les mensonges, silences et occultations de l’Etat français sur cet événement majeur de la guerre d’indépendance de l’Algérie et de l’histoire de la France ?
C’est un épisode difficilement acceptable du point de vue de l’histoire d’un pays, une telle répression d’une manifestation pacifique fait tache. Et les historiens anglais, qui ont travaillé sur le sujet (se reporter à la préface au texte de Marcel et Paulette Péju dont nous avons publié des extrait dans notre édition d’hier), disent que dans toute l’histoire de l’Europe occidentale, c’est la manifestation pacifique qui a été réprimée avec le plus de violence et qui a fait le plus de victimes. Cet événement rattaché à la période coloniale française est à la fois le paroxysme, l’épisode ultime et la manifestation la plus éclatante de la violence et de l’arbitraire.
– Pourquoi est-on allé jusqu’au mensonge ?
L’épisode lui-même s’explique, c’est ce que montre le texte de Marcel et Paulette Péju (ndlr El Watan d’hier) par une mystification apparue à l’été 1962. Ils rapportent que l’affaire a été présentée à l’opinion française par le préfet de police et le gouvernement, en tout cas le Premier ministre Michel Debré, le ministre de l’Intérieur Roger Frey, comme étant une nécessaire réponse à une vague d’«attentats terroristes». Or, à l’examen des faits, des témoignages de victimes et d’observateurs, des documents disponibles, on se rend compte que les négociations d’Evian s’étaient ouvertes en mai 1961, et que personne au sein du GPRA n’envisageait de les compromettre en déclenchant une vague de terrorisme. On est dans un contexte où tout le monde tourne ses espoirs vers une sortie de la guerre. Or, le gouvernement français est divisé sur cette politique algérienne du général de Gaulle et notamment le Premier ministre, Michel Debré. Dessaisi du dossier algérien, et n’ayant en mains que la question du maintien de l’ordre, il va lancer une répression notamment dans le département de la Seine en remplaçant le ministre de l’Intérieur et le garde des Sceaux, Edmond Michelet, pour faire une guerre à l’immigration et au FLN alors que de Gaulle décrète un cessez-le-feu unilatéral.
– La violente répression de la manifestation par la police de Paris s’expliquerait-elle par la volonté de faire capoter les négociations en cours ?
Dès le 17 octobre 1961 au soir, la Préfecture de police annonce qu’il y a eu des affrontements armés entre manifestants et policiers alors que cela ne correspondait pas à la réalité.
– Vous écrivez dans La triple occultation que les responsables algériens avaient aussi fait le silence sur la manifestation du 17 Octobre 1961 et sa répression. Pour quelles raisons ?
Plusieurs éléments sont à l’origine du silence algérien. D’abord parce que c’était une initiative qui est partie de la base de l’immigration, d’un ras-le-bol de la brutalité policière et de l’arbitraire qui la frappait depuis plusieurs semaines, une initiative qui n’était pas programmée à Tunis. Les dirigeants du FLN ont été surpris par cette initiative qui a, d’une certaine manière, perturbé leur calendrier. Le mot d’ordre de la direction nationale du FLN était de marquer l’anniversaire du 1er Novembre.
– Les dirigeants du FLN ne voyaient-ils pas que le couvre-feu imposé aux Algériens, le 5 octobre 1961 par le préfet de Paris, était contraignant et humiliant et que cette mesure appelait une réaction, voire une riposte ?
Le comité directeur en Allemagne était informé, il avait compris la demande de feu vert pour l’organisation de cette manifestation de boycottage de couvre-feu par les responsables parisiens du FLN, il accepte cette initiative en insistant sur le caractère pacifique de la manifestation et transmet l’information à Tunis. La manifestation est encadrée par la Fédération de France du FLN. Du côté de Tunis, de l’état-major des frontières, la préoccupation était avant tout de ne pas gêner les négociations pour l’indépendance.
Il y a un autre élément pouvant expliquer l’occultation des responsables de l’Etat algérien nouvellement indépendant, c’est le fait que pendant la crise de l’été 1962, les leaders de la Fédération de France sont majoritairement favorables au GPRA.
– Le couvre-feu a-t-il été le seul élément à l’origine de la manifestation du 17 octobre 1961 ?
Dans un débat organisé par Médiapart, Sylvie Thénault (historienne,) avait employé le terme de «pic dans une politique de répression», venant couronner une répression qui courrait depuis la fin du mois d’août 1961, soit depuis que Michel Debré avait obtenu le changement du garde des Sceaux Edmond Michelet et son remplacement par Bernard Chenaud. La répression devenait de plus en plus intolérable, ce qui fait que la manifestation était dirigée contre le couvre-feu mais aussi contre tout ce qui avait précédé.
– Une «terreur d’Etat» à laquelle vous faites référence…
On peut parler de terreur d’Etat. Après le 17 octobre, pour comprendre, certains journalistes, certaines personnalités, sont allés sur les lieux de vie des Algériens, comme Marguerite Duras qui, dans France Observateur de l’époque, rapporte avoir été au bidonville de Nanterre et y avoir interrogé des habitants qui lui rapportent qu’ils vivent «une vie terrorisée», une «terreur d’Etat».
– Les réactions de la presse, des partis politiques, de l’opinion publique ont été tardives…
Il y a eu peu de réactions de la part de la principale force organisée de la gauche française, le parti communiste et la CGT qui, à cette époque, lui était très liée. Dans le communiqué que la CGT publie le lendemain et que je cite, la centrale syndicale se prononce pour des protestations sur les lieux de travail mais pas pour une manifestation nationale. Il y a une faillite de la part de grandes institutions de la gauche française.
– Le texte de Marcel et Paulette Péju n’a jamais été publié dans son intégralité. Pourquoi ?
Le texte devait paraître chez Maspéro à l’été 1962, et dans le contexte de la crise interne au FLN, le gouvernement de Ben Bella demande à ce qu’il ne paraisse pas.
– Quel éclairage nouveau apporte ce texte qui vient d’être publié dans son intégralité à la compréhension de la manifestation du 17 Octobre 1961 et de sa répression ?
Ce texte montre que la manifestation était certes contre le couvre-feu, mais aussi contre tout ce qui avait précédé depuis la fin du mois d’août. Il insiste aussi sur la volonté de réagir. Le troisième élément c’est la manifestation des femmes du 20 octobre.
– Ce rôle est assez méconnu…
Montrer que l’immigration a joué un rôle important dans l’histoire du mouvement national algérien depuis son début jusqu’à l’indépendance ne cadre pas trop avec l’accent mis sur la résistance de l’intérieur, les maquis, avec ce qu’on peut dire le discours officiel des années qui ont suivi l’indépendance lié à une certaine vision de l’identité algérienne. Cela montre que d’autres apports, comme celui de l’immigration, ont été très importants dans la réalisation de l’indépendance. Une fédération du FLN où les femmes ont joué un rôle important cela ne va pas très bien avec le rôle assigné aux femmes après l’indépendance dans la société algérienne. Il y avait une section féminine importante dans la Fédération de France du FLN qui avait des publications et dont l’une des responsables était l’épouse de Rabah Bouaziz.
– Le moment est mûr pour sortir des non-dits et des occultations…
Le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie peut peut-être servir à cela. Et de ce point de vue-là, il y a un réveil de la mémoire des associations de l’immigration algérienne en France, des enfants issus de cette immigration comme Mehdi Lallaoui, Yasmina Addi qui, par des récits de famille, ont fait ce travail à travers des films, des livres. Le temps est-il peut-être venu de lever un certain nombre de tabous, de non-dits ou de simplifications et instrumentalisations de l’histoire.
– Sur cette période, toutes les archives sont-elles ouvertes aujourd’hui ?
Il y a encore des archives qui sont soumises à dérogation et ne sont pas facilement consultables, ou consultables depuis peu de temps. Le fonds Michel Debré, par exemple, est soumis à dérogation. Dans le texte qui suit celui de Marcel et Paulette Péju, je me suis servi d’une étude qu’avait faite Dominique Borne sur les rapports de Debré avec Edmond Michelet. Il y a des documents qui ont été détruits à la préfecture de police, mais quand il y a des destructions, on peut identifier le contenu.
Nadjia Bouzeghrane
Images, mots et sons
Est-ce la chape de plomb dont on a recouvert le 17 Octobre 1961 qui a suscité tant de passions à vouloir le restituer sous diverses formes ? Paradoxalement, la censure porte en elle une invitation à la transgresser.
Mais aujourd’hui, alors qu’il est moins difficile d’en parler (et encore…), ce désir de dire ne s’est pas éteint, et le cinquantenaire de l’évènement est l’occasion de survoler ce qu’il a inspiré de doctes efforts ou d’inspirations créatives.
L’histoire retiendra le nom de ces premiers intellectuels et artistes français qui osèrent braver le silence au plus fort de l’évènement. Le premier fut le photographe Elie Kagan, issu d’une famille juive polonaise qui avait subi les horreurs nazies. Il eut le courage de photographier la répression avec un objectif qui l’obligeait à se rapprocher dangereusement des scènes de violence policière. Une semaine après, Témoignage Chrétien publiait ses clichés et le rédacteur en chef de l’époque, Hervé Bourges, parlait d’un «pays qui se nazifie peu à peu». Sans ce reportage, le 17 Octobre 1961 n’aurait pas eu de visibilité sinon de véracité.
On doit citer également Jacques Panigel, grand biologiste qui dirigeait le service d’immunologie de l’Institut Pasteur, et dont les convictions d’ancien résistant ne supportaient aucune forme d’oppression. Il a d’ailleurs été membre du Comité Maurice Audin et signataire du Manifeste des 121. Au lendemain des manifestations, cet éminent professeur, armé d’une caméra, se faufilant dans les bidonvilles et banlieues délabrées, entama des entretiens clandestins avec des Algériens rescapés du massacre. Cela donna le premier film sur l’évènement, Octobre à Paris (1962), dont l’interdiction ne fut levée qu’en 1973, suite à la grève de la faim du réalisateur René Vautier. Ce film a été récemment projeté à Paris lors d’une rencontre organisée par Médiapart.
Ces deux productions, qui relèvent de l’audiovisuel, indiquent que le souci premier fut de montrer et de témoigner, en somme, de graver sur pellicule. Par la suite, l’évènement sombra dans l’oubli en France, enfoui dans les mémoires blessées, les souvenirs refoulés ou les mauvaises consciences. En Algérie, la commémoration annuelle de l’évènement s’est longtemps traduite par des rencontres protocolaires, quelques émissions de télévision et des articles de presse publiés à l’occasion. L’écho de l’évènement semble se perdre jusqu’aux années quatre-vingt où la littérature et les arts ont commencé à l’investir. Ce phénomène de latence se retrouve souvent dans le rapport des expressions aux grands chocs de l’histoire. Il faut apparemment un temps pour absorber un traumatisme collectif, un autre pour le «verbaliser». Vingt ans, c’est peut-être ici le temps nécessaire aux acteurs et témoins, talonnés par l’âge, pour se décider à parler et, pour ceux qui sont nés au moment de l’évènement, de vouloir le découvrir.
Une des premières œuvres sur le 17 Octobre 1961 fut un roman policier ! Mais un polar de la nouvelle génération, abordant des questions sociales politiques et historiques. Ainsi, c’est en 1984, dans la Série Noire de Gallimard que parut Meurtres pour mémoire de Didier Daeninckx. Distingué par plusieurs prix, dont le Grand prix de littérature policière 1985, il s’ouvre sur les manifestations d’octobre. Mais si le 17 Octobre 1961 est présent dans plusieurs romans, il l’est rarement en tant que thème principal, comme dans La Seine était rouge de Leïla Sebbar (Ed. Thierry Magnier, 2003), ou en tant qu’apogée narrative, comme dans Algérie ! Algérie ! d’Eric Michel (Ed. Presse de la Renaissance, 2003 aussi). Aussi, faut-il saluer la récente parution de 17 Octobre 1961 ; 17 écrivains se souviennent, recueil de nouvelles et récits inédits, coordonnés par Mustapha Harzoune et Samia Messaoudi, et édité par l’association Au nom de la mémoire. Un bel et étonnant ouvrage qui apporte un regard multiple sur l’évènement.
Phénomène de génération qui privilégie les images ? En tout cas, c’est surtout par le cinéma que l’évènement a trouvé ses voies d’expression. Au chapitre de la fiction, citons le téléfilm de Laurent Heinemann, Meurtres pour mémoire (1985), tiré du roman précité. En 2005, le réalisateur autrichien Michael Haneke donne une dimension internationale au 17 octobre 1961 avec Caché Prix de la mise en scène au Festival de Cannes et autres distinctions. La même année, le téléfilm d’Alain Tasma, Nuit noire, 17 octobre 1961, est diffusé sur Canal Plus avant de connaître une diffusion en salles et de recevoir plusieurs distinctions. Cinq ans après, Hors-la-Loi, de Rachid Bouchareb, sélectionné à Cannes et nominé à l’Oscar du meilleur film étranger, reviendra sur la manifestation et sa répression en remontant une saga familiale depuis les massacres du 8 Mai 1945. Environ une douzaine de documentaires se sont attachés à l’évènement, parmi lesquels ceux de Mehdi Lallaoui ou de l’écrivaine Faïza Guène. Dimanche 23 octobre, la salle El Mougar d’Alger accueillera l’avant-première algérienne du documentaire Ici, on noie les Algériens de Yasmina Addi.
Sur le même lieu, sera remontée l’exposition sur le 17 Octobre, conçues par de grandes signatures nationales et internationales du 9e art. Un travail admirable et saisissant promu par la dernière édition du Festival international de la bande dessinée d’Alger. La musique aussi est à citer avec une demi-douzaine de créations de groupes (La Tordue, Têtes Raides, Brigada Florès Magon, le rappeur Médine…) et la symphonie contemporaine Pêle-mêle de Thierry Blondeau, dédiée aux victimes d’octobre 1961 et donnée à Radio-France. Quelques productions théâtrales récentes abordent aussi le sujet Lamento pour Paris de Hamma Miliani, C’était un 17 octobre de M.C. Prati-Belmokhtar et La Pomme et le couteau, les disparus d’une nuit d’octobre d’Aziz Chouaki. Les essais historiques emportent naturellement la palme des productions sur un évènement qui n’a peut-être pas livré tous ses secrets, bien que plusieurs ouvrages, comme La Bataille de Paris de Jean-Luc Enaudi (Points, 2007), aient grandement débroussaillé les dénis ou les non-dits. Il ne serait pas inutile enfin qu’un inventaire exhaustif soit dressé de toutes les expressions liées à cette terrible résurrection du Moyen-Age au milieu du XXe siècle et de la ville des Lumières.
Ameziane Farhani
Au nom de la mémoire
Vingt ans de combat pour la dignité
Une poignée d’enfants d’immigrés algériens, à l’instar de Mehdi Lallaoui, réalisateur et écrivain, et de Samia Messaoudi, journaliste, mais aussi de jeunes Français, militants de l’antiracisme et de l’égalité des droits, comme David Assouline (actuellement sénateur PS) et Anne Tristan (journaliste et réalisatrice), créent en 1991 l’association Au Nom de la Mémoire.
Il s’agissait alors de faire sortir le 17 Octobre 1961 de l’oubli. Au Nom de la Mémoire, comme son nom l’indique, mène un travail de mémoire : sur la mémoire coloniale, de l’immigration (pas uniquement algérienne), de la déportation des Algériens en Nouvelle Calédonie, ouvrière et urbaine. Près d’une trentaine de films documentaires et une vingtaine d’ouvrages ont été réalisés, sans moyens financiers.
«Une égalité de traitement exige une seule et même histoire, qui doit nous permettre de mieux nous comprendre, de mieux partager, de mieux se faire accepter, de mieux combattre les préjugés. Voilà l’enjeu de ce combat de mémoire», indique Mehdi Lallaoui. «Notre combat c’est la tolérance et la fraternité.» «C’est notre travail, avec d’autres associations, de faire comprendre et admettre que la mémoire c’est un élément de la dignité. On peut avoir du pain, du travail, mais si on n’a pas la mémoire, si on nous empêche d’avoir notre lien avec notre histoire, on ne peut pas être à égalité de mémoire. La citoyenneté passe par une mémoire partagée», affirme Mehdi Lallaoui. «Notre travail, c’est aussi de donner à ces enfants qui sont sans repères cette dignité. Nous leur montrons qu’ils ont le droit d’exister dans cette société parce que ce sont leurs parents qui l’ont construite, qui se sont battus pour elle, qui l’ont libérée, et on doit leur faire leur place.
«Relevez-vous, faites-vous respecter, battez-vous.»
L’association se situe «dans le champ du savoir et non dans celui de l’imprécation», précise Samia Messaoudi, et qui souhaite «contribuer aux nécessaires évolutions et débats de la société française et participer à construire la citoyenneté de demain».
Au Nom de la Mémoire intervient dans les écoles, à la demande d’enseignants, sur le racisme, l’histoire coloniale, sur la guerre d’Algérie. Ses archives sont consultables à titre gracieux à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine. Cela représente des milliers d’heures d’images, de témoignages à la disposition des chercheurs et des étudiants. Pour illustrer ce travail de mémoire, il n’est que de citer le documentaire de Mehdi Lallaloui Algériens du Pacifique, les déportés de Nouvelle-Calédonie, dans lequel le réalisateur retrace les affres subies par ces Algériens exilés du bout du monde. Il rappelle que le 8 avril 1871 à Seddouk, le grand maître de la confrérie Rahmania, Cheikh Aziz Ben Ahaddad et El Mokrani appellent à la révolte contre le spoliateur français. La répression est terrible. Quelque 130 chefs de la rébellion ou de grandes familles sont condamnés à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Les déportés sont acheminés à partir du Fort Quélern à Brest ou de Toulon. Elle dure 140 jours environ. «Un matin, dans les premiers temps de la déportation, nous vîmes arriver, dans de grands burnous blancs, des Arabes déportés pour s’être eux aussi soulevés contre l’oppression», écrivait Louise Michel dans ses mémoires.
Nadjia Bouzeghrane
Dernières parutions à l’occasion du cinquantenaire du 17 Octobre 1961
– Films :
Ici on noie les Algériens, 17 octobre 1961, un documentaire de 90 minutes de Yasmina Adi. A propos d’octobre, une préface de 19 minutes de Mehdi Lallaoui au documentaire de 68 minutes de Jacques Panijel, Octobre à Paris, réalisé en 1961, interdit à sa sortie en 1962, a fait néanmoins l’objet de nombreuses projections clandestines avant d’être visionné pour la première fois en salles en 2011.
Octobre noir, un film d’animation de 13 minutes d’Aurel et Florence Corre
– Livres :
– Octobre noir, une bande dessinée de Didier Daenincks, préface de Benjamin Stora. Editions Adlibris, Paris, 2011 60 pages
– Octobre 1961 ; Un massacre à Paris, Jean-Luc Einaudi, nouvelle édition avec une préface inédite, Hachette, collection Pluriel, Paris 2011. (Première édition, Fayard, 2001), 637 pages.
– Le 17 octobre 1961, 17 écrivains se souviennent, dirigé par Samia Messaoudi et Mustapha Harzoune avec les textes de Gérard Alle, Jeanne Benameur, Maïssa Bey, Bernard Chambaz, Mehdi Charef, Magyd Cherfi, Didier Daeninckx, Dagory, Abdelkader Djemaï, Salah Guemriche, Tassadit Imache, Mohamed Kacimi, Mehdi Lallaoui, Samia Messaoudi, Michel Piquemal, Leila Sebbar, Akli Tadjer. Au nom de la mémoire, Bezons, 2011, 218 pages. Ces 17 textes, nouvelles ou poèmes, «forment un kaléidoscope précieux de cette soirée d’automne où des immigrés algériens s’enfonçaient dans la nuit parisienne», «invite à réfléchir sur le sens de ce silence d’Etat, ses effets sur les plus jeunes, sur le vivre ensemble et sur les relations entre la France et l’Algérie».
– Les ratonnades d’octobre, un meurtre collectif à Paris en 1961, Michel Levine, nouvelle édition augmentée d’un avant propos, Jean-Claude Gawsewitch Editeur, Paris, 2011 (première édition Ramsay, 1985), 314 pages
– Le 17 Octobre des Algériens, Marcel et Paulette Péju, préface de Gilles Manceron, suivie de La triple occultation d’un massacre, par Gilles Manceron, La Découverte, Paris, 2011, 199 pages
– Le 17 Octobre 1961 par les textes de l’époque, sous la direction de Sortir du colonialisme, préface de Gilles Manceron, postface d’Henri Pouillot, Les Petits matins, Paris, 2011, 128 pages
– La police parisienne et les Algériens (1944 – 1962), Emmanuel Blanchard, Nouveau Monde Editions, 2011, 448 pages