Massacres du 17 octobre 1961: L’accès aux archives verrouillé

MASSACRES DU 17 OCTOBRE 1961

L’accès aux archives verrouillé

Le Soir d’Algérie, 15 octobre 2009

Si les faits du 17 octobre 1961 sont de plus en plus connus, le devoir de mémoire exige l’ouverture et l’accessibilité aux archives. Un accès verrouillé en Algérie, au moment où c’est accessible à la préfecture de Paris.
Salima Akkouche – Alger (Le Soir) – L’impossibilité de consulter les archives retraçant les faits de la nuit du 17 octobre 1961 à Paris, a suscité la colère de l’ancien président de la fondation du 8-Mai- 1945, Mohammed El Korso. Intervenant hier, dans le cadre de la commémoration du 48e anniversaire de la Journée nationale de l’émigration, qui coïncide avec les massacres du 17 octobre 1961, Mohammed El Korso, qui a été l’invité, hier, de l’association Mechaâl Echahid, estime qu’il est regrettable que les archives liées aux faits du 17 octobre 1961 ne peuvent pas être consultées en Algérie malgré leur disponibilité. Des archives, a-t-il précisé, remises aux autorités par deux figures importantes, à savoir Ali Haroun et Mohamed Harbi. «Il est impensable que l’on puisse consulter nos archives à la préfecture de Paris et que l’on ne puisse pas les ouvrir dans notre pays», a-t-il indiqué. Pourquoi après tant d’année, les institutions concernées continuent-elles de séquestrer ces archives ? Le motif invoqué, selon le conférencier, c’est que ces archives sont en voie de classement. Il s’agit d’un prétexte, selon l’historien, qui estime que l’on n’a pas besoin de tant d’années pour classer les archives. Pour que nul n’oublie et en hommage aux milliers de manifestants sortis dans les rues de Paris réclamer l’indépendance de l’Algérie, l’historien estime qu’il est temps que l’Algérie pense à ériger une stèle commémorative au nom de ces Algériens. L’autre sujet évoqué par l’intervenant est la poursuite de la France pour ses crimes. «Même s’il y a amnistie nous devons poursuivre la France en justice», a-t-il souligné. Lors de cette conférence, M. Korso est longuement revenu sur la répression qui s’est abattue sur les manifestants algériens venus à Paris dénoncer le couvre-feu raciste, imposé le 5 octobre 1961, par le préfet de police de Paris, Maurice Papon. «Papon a décidé, avec l’aval des autorités politiques, d’imposer un couvrefeu aux seuls Algériens». Officiellement, il a y eu deux morts ce jour-là. Selon le conférencier, le bilan est beaucoup plus lourd. Ce dernier évoque une centaine de morts, selon les chiffres avancés par des chercheurs. Le nombre exact d’Algériens «femmes, hommes et enfants», ayant trouvé la mort ce jour-là reste inconnu.
S. A.