Un autre agent sort de l’ombre

Emission «Sans frontières» d’Al djazira

Un autre agent sort de l’ombre

Mohamed Mehdi, Le Quotidien d’Oran, 4 août 2001

Mohamed Samraoui, dit Lahbib, se présente comme un colonel de la Direction de la Recherche et de la Sécurité (DRS), et dit avoir occupé plusieurs postes depuis qu’il a rejoint les services de sécurité en 1978 après l’obtention, en France, d’un Magister en chimie».

Responsable du service de recherche «jusqu’à Août 1992, il est nommé 1er conseiller de l’attaché militaire de l’Ambassade d’Algérie en Allemagne jusqu’à 1996, date à laquelle il demande l’asile politique dans une capitale européenne. Le colonel Lahbib était l’invité d’Ahmed Mansour, l’animateur de l’émission «Sans frontières» de la chaîne Qatarie «Al Djazira», diffusée le mercredi 1er août 2001, pour parler (en Arabe dialectal) du coup d’Etat de Janvier 1992 contre Chadli Bendjedid, de l’assassinat de Boudiaf et des massacres en Algérie. En «acteur de l’arrêt du processus électoral», qu’il dit avoir revendiqué, il explique qu’il «a mis du temps» pour se rendre compte que «ce n’était qu’une machination des généraux pour préserver leurs intérêts personnels et non ceux du pays». «Tout était préparé», dit-il, et il en veut pour «preuve» la «création du GIS (Groupe d’intervention spéciale – ndlr) en 1987″. En «responsable du service de recherche» à la DRS, Samraoui était chargé de «sécuriser le coup d’Etat».

En quête de positions des partis politiques, il affirme avoir rencontré, en compagnie du commandant Guettouchi Amar, Cheikh Nahnah qui «a manifesté son accord pour l’arrêt du processus électoral», arguant du fait que «les résultats étaient fraudés par le FIS». En parallèle des contacts avec les partis démocrates, dit-il, d’autres contacts ont été pris avec la société civile, dont Benhamouda de l’UGTA, pour activer l’opposition à la poursuite du processus électoral».

Selon Samraoui, «le général Larbi Belkheir est derrière la création des camps du Sud» qui étaient programmés pour radicaliser le mouvement et permettre aux militants du FIS de plusieurs régions du pays de faire connaissance, en vue de créer des maquis».

Le colonel Lahbib se contredit en attribuant tantôt à un général, tantôt à un autre, d’être «derrière l’assassinat de Mohamed Boudiaf». Les seules preuves qu’il a présentées à l’émission étaient deux photos prises avec le général Smaïn Lamari (en 1995 à Cologne) et avec le général Khaled Nezzar (en 1994). Samraoui nie toute liaison avec le Mouvement Algérien des Officiers Libres (MAOL). Mais la photo du général Smaïn (numéro 2 de la DRS), publiée dans le site www.anp.org, semble être extraite de celle que Samraoui a fournie mercredi.

Selon Samraoui, «le GIA a été créé par la DRS pendant l’été 1992″. Son premier patron serait «le commandant Guettouchi Amar, secondé par le Capitaine Djaâfar qui était chargé de publier les communiqués qu’on distribuait à la presse». Le colonel Lahbib ne parle presque pas de la responsabilité des islamistes dans la création de groupes armés, sauf lorsqu’il évoque le «débordement des services par d’autres groupes armés», «d’où, explique t-il l’appellation des «GIA», ou encore que «Chebouti du MIA roulait en voiture, une Renault 9 beige, des services».

Lahbib accuse également des officiers supérieurs d’avoir projeté en 1995 des attentats contre Abdelbaki Sahraoui et Rabah Kébir, et dit les en avoir «empêché». Mohamed Samraoui se dit prêt à témoigner devant le TPI, et promet d’autres «révélations».

 

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