Révélations concernant l’implication de la sécurité militaire algérienne dans les attentats de 1995

Lundi 4 novembre, 23 h 10, Canal +, 90 minutes, magazine d’investigation

Révélations concernant l’implication de la sécurité militaire algérienne dans les attentats de 1995

DIFFUSIONS
Lundi 4 Novembre 2002 à 23h 15 (Canal +)
Jeudi 7 Novembre à 11h 10 (Canal +)
Vendredi 8 novembre à 5h 20 (Canal +)
Vendredi 9 novembreà 17h10, le 13 novembre à 17h50 et le 15 novembre à 19h37 sur « canal + bleu
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Les Inrockuptibles, n° 362, 30.10.2002 au 05.11.2002, page 12.

Il s’agit certainement du plus gros coup réalisé à ce jour par 90 minutes, le magazine de la cellule d’investigation de Canal +. Au terme d’une enquête remarquable, précise, complète et extrêmement fouillée, Jean-Baptiste Rivoire et Romain Icard sont en effet parvenus à apporter pour la première fois les preuves de l’implication de la sécurité militaire algérienne dans la préparation des attentats qui frappèrent Paris en 1995.
Point de départ de cette enquête, la personnalité aujourd’hui controversée de Djamel Zitouni. A l’époque des attentats, il ne fait aucun doute que Zitouni, le chef du Groupe islamique armé (GIA), est un dangereux islamiste en lutte ouverte contre le pouvoir algérien et la France. Il est, clament alors tous les journaux, le commanditaire du détournement de l’Airbus d’Air France qui assure la liaison Alger-Marseille, ainsi que celui des attentats qui ont ensanglanté la capitale durant l’été 1995. L’ennemi c’est donc Zitouni et, dans son sillage, les intégristes algériens de tout poil.
Mais cette version, officielle, est contestée en novembre1997 par le quotidien anglais The Observer, qui publie le témoignage d’un ancien officier des services secrets algériens, le capitaine Hocine Ouguenoune, affirmant qu’après la victoire électorale des islamistes en 1992, l’armée algérienne a mis en place une stratégie pour éviter à tout prix que le FIS n’arrive un jour au pouvoir. Une stratégie qui consiste à discréditer le FIS en organisant des attentats en France, pour ainsi contraindre Paris surtout, et la communauté internationale plus largement, à n’avoir d’autre choix que de soutenir le régime des généraux en place. Pivot de cette manipulation: Zitouni, petit vendeur de poulet transformé en chef barbare d’un GIA infiltré et devenu le terrible jouet de la sécurité militaire algérienne. C’est ce même Hocine Oueguenoune que Jean-Baptiste Rivoire et Romain Icard ont retrouvé en Angleterre, pour remonter pas à pas la piste de Zitouni et démonter, à travers le rôle joué par lui et par d’autres agents doubles identifiés tout au long de l’enquête, l’implication des services secrets algériens dans la préparation des attentats. Mais aussi dans la mise en branle de toute une série d’actes sanguinaires que l’on découvre ici froidement programmés par la sécurité militaire, et destinés à discréditer toujours un peu plus les islamistes pour renforcer la mainmise des généraux.
Recoupant admirablement les informations et les témoignages, Rivoire et Icard livrent ici une véritable perle d’investigation, qui met également en cause les services secrets français, qui n’ignoraient pas totalement l’implication de la sécurité militaire dans les exactions commises par ce GIA manipulé. Une enquête passionnante, donc, qui n’aura pour seul défaut que d’éclipser un peu le second sujet de ce 90 minutes immanquable, une approche grinçante et mordante du retour en grâce du sulfureux Patrick Balkany à Levallois, redevenu le «Balkaland» après une campagne d’une rare démagogie.
Pierre Slankowski
(Lire aussi, concernant les attentats, l’article de Pierre Vidal-Naquet, page29, rubrique Agitpop).