L’engagement de l’Armée nationale populaire face au terrorisme

Colloque international sur le terrorisme

L’engagement de l’Armée nationale populaire face au terrorisme

Présenté par le général Maïza A., La Nouvelle République, 1 et 2 décembre 2002

Colloque sur le terrorisme  (act. 10.11.02)

Au cours des dix dernières années, l’Algérie a vécu une agression du terrorisme islamiste dont le but était la destruction de la République, l’anéantissement de la démocratie naissante, la suppression des libertés pour instaurer une théocratie au nord ouest de l’Afrique, juste au sud de l’Europe. Le terrorisme islamiste a commencé à se manifester depuis les années 80, avec le MIA de Bouyali, dans un pays n’ayant que 20 ans d’indépendance, au sein d’une société en pleine mutation, déculturée par 130 années d’agression coloniale et désorientée par les échecs d’un régime, certes nationaliste, mas miné par les problèmes d’après-indépendance.
Dans cet exposé, nous tenterons de montrer la nature du terrorisme islamiste algérien et ses modes d’action, dans une deuxième partie, la stratégie développée par l’ANP pour combattre et vaincre les différents groupes terroristes qui ont sévi en Algérie.

Le terrorisme islamiste en Algérie
1.1. Historique :
Le terrorisme islamiste algérien n’est pas né d’une frustration qu’auraient ressenti les intégristes suite à l’arrêt du processus électoral (12 janvier 1992). Le mouvement islamiste algérien a toujours utilisé le glaive et le goupillon.
En effet, dès 1964 les islamistes algériens, profitant de l’arrivée massive d’enseignants moyens-orientaux qui ont vulgarisé auprès de la jeunesse les idées des frères musulmans et des wahabistes, se sont attaqué au socialisme algérien.
La récupération des exclus du système scolaire, des chômeurs en nombre de plus en plus important et la crise économique, l’accaparement des mosquées, ont permis aux islamistes de disposer d’une base qui leur a permis de créer plusieurs partis dès l’ouverture démocratique de 1989.
Cependant, l’option violente pour la prise du pouvoir a vu le jour avec les bouyalistes dès les années 1980 et si ce mouvement a été neutralisé en 1985, ceux qui l’ont composé ont constitué l’ossature des groupes terroristes en 1991, après avoir été amnistiés en 1989. Des islamistes ont profité du conflit afghan pour envoyer en Afghanistan, Pakistan, Liban et autres camps, des milliers d’Algériens qui ont été formés aux techniques de la guérilla et du terrorisme.
Le retour de nombreux d’entre eux a renforcé les groupes terroristes («les Afghans»). Les actions commises dès la fin des années 70 montrent que la violence a toujours fait partie des armes utilisées pour imposer leurs idées et s’approprier le pouvoir.
– 1974-75 : sabotage de lignes téléphoniques ;
– 1977 : assassinat d’un policier à Laghouat ;
– 1978 : assassinat de femmes célibataires et appel au meurtre des femmes fonctionnaires.
Ilsont commis des hold-up pour se procurer l’argent nécessaire à l’achat des armes, profané des cimetières, incendié des cinémas, agressé des journalistes.
25/05/1991 : déclenchement d’un mouvement insurrectionnel suite à l’appel à la grève lancé par les dirigeants du FIS ;
21/06/1991 : les dirigeants du FIS lancent l’appel pour le stockage d’armes et d’explosifs ;
28/06/1991 : un leader du FIS menace de lancer la guerre sainte contre l’ANP.
Ils ont enlevé des militaires et des policiers, séquestrés dans des mosquées.

1.2. Les groupes terroristes islamistes depuis 1992 :
Après le démantèlement du MIA de Bouyali, les islamistes ont activé clandestinement jusqu’en 1991 où sont nés des groupes sous la bannière du FIS et avec la bénédiction de ses dirigeants. L’action menée contre le poste frontalier de Guemmar (28/11/1991) a démontré que les groupes terroristes s’étaient organisés et armés bien avant 1991. Bien plus tard, il a été découvert des abris et des casemates qui ont été aménagés et préparés dès 1985.

a) Le Mouvement Islamique Armé (MIA) : Reconstitué à partir des survivants du groupe Bouyali qui refusaient toute forme d’action politique légale en prônant la prise du pouvoir par la violence. A été démantelé en 1994 ; les rescapés ont rallié le GIA.
b) Le Mouvement pour l’Etat Islamique (MEI) : Créé en 1991, activait dans l’Algérois, a été décimé en 1998 et par les forces de sécurité et par les tueries entre groupes rivaux.
c) El Baqoun Ala El Ahd : Fondé en juillet 1991, a eu une vie éphémère. La plupart des ses membres a rejoint le GSPC de Hassan Hattab, d’autres sont en Allemagne et en Belgique.
d) Le Front Islamique du Djihad en Algérie (FIDA) : Créé en 1993 – groupe terroriste élitiste composé exclusivement d’universitaires, s’est spécialisé dans l’assassinat des intellectuels, hommes de lettres, médecins, avocats – a été neutralisé en 1997. Certains de ses leaders ont été arrêtés, jugés et exécutés par le GIA, alors dirigé par Djamel Zitouni (1997).
e) Les Groupes armés autonoms : Ils ont émergé dans les banlieues des grandes villes. Composés d’éléments marginaux, dés*uvrés et d’anciens Afghans, n’obéissant qu’à leurs chefs respectifs et agissant dans des périmètres bien définis. Ils ont à leur actif de nombreux assassinats.
Il s’agit de bandes de mercenaires armés, analphabètes et incultes. C’étaient des ex-délinquants et repris de justice obéissant aux prêches et fetwas de Cherati qui légalisa l’assassinat des hommes de lettres, d’intellectuels considérés comme des apostats.
f) El-Hidjra Wa El-Takfir (Exil et Excommunication) : Groupe virulent fondé en 1991 par des vétérans d’Afghanistan se réclamant d’une organisation égyptienne née en 1974, prônant la violence. Ses membres ont constitué 1’encadrement de tous les groupes armés en activité.
g) L’Armée Islamique du Salut (AIS) : Transformation du MIA en AIS suite aux luttes entre djazaaristes et salafistes. Cette organisation a déposé les armes dès le début de la loi sur la concorde civile.
h) Le Groupe Islamiste Armé (GIA) : Actuellement commandé par Ouakali Rachid dit «Abou Tourab», compte environ 60 hommes, c’est le groupe le plus sanguinaire, compte à son actif des milliers de gens massacrés, mutilés. Après la neutralisation de Zouabri et une grande partie de sa garde «Katibat El Khadra» se déplace constamment. Déjà Zouabri n’ayant plus de sanctuaire où se réfugier, avait fait tuer les femmes et les enfants du GIA.
Agit par petit groupe (4-6) contre des populations désarmées et isolées ou lors de mitraillage de véhicules.
i) Le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat : Commandé par Hassan Hattab né d’une rivalité avec le GIA compte actuellement environ 350-380 individus répartis sur les wilayas de Tizi Ouzou-Boumerdès-Bouira-Batna-Tébessa principalement. Ce groupe était en liaison avec les Groupes Terroristes Islamistes du Moyen-Orient dont Oussama Ben Laden. Ce groupe est aux abois, vit des problèmes d’approvisionnement, de liaison et de leadership.
j) Houmat Eddaoua Salafia (GSC) : Ex-Katibat El Ahoua, commandée par Benslim Mohamed dit Salim El Abassi ; compte environ 70 individus et agit dans la zone de Aïn-Defla-Relizane.
k) Groupe Salafiste pour le Djihad : Commandé par Abdelkader Souane dit «Abou Thamama»; compte environ 60 individus; agit dans la zone de Aïn-Defla et Tissemssilt (Derrag).
l) Groupe Salafiste Combattant (GSC) : Commandé par Yahia Djouadi dit «Abou Amar», il compte environ 80 individus en contact avec le GSPC de Hattab.

1.3. Modes d’action :
l Pendant la phase de croissance du terrorisme (92,93,94), l’action des terroristes s’est traduite surtout par :
– des sabotages des usines, fabriques ;
– destruction des écoles, lycées et établissements culturels ;
– destruction et sabotage des installations d’énergie et d’eau ;
– destruction et sabotage des voies ferrées, ponts, trains, bus, camions (tout ce qu’il faut pour faire de l’Algérie un désert) ;
– des vols et opérations de racket ;
– Assassinats des policiers, gendarmes, militaires (notamment ceux habitant dans les quartiers populaires afin de faire partir leur famille et créer ainsi des sanctuaires en pleine ville) ;
– assassinats d’intellectuels, écrivains, artistes, chercheurs, professeurs d’université afin de vider l’Algérie de son intelligentsia ;
– assassinats de ressortissants étrangers afin d’isoler l’Algérie au plan international et diplomatique ;
Les terroristes ont mis le pays à feu et à sang et ont failli faire disparaître la République.

– Pendant la phase d’apogée (95, 96, 97) :
En plus des actions déjà citées 1es terroristes ayant condamné toute la population, hommes, femmes et enfants et même bébés, ont ajouté à leurs crimes, notamment après la participation massive à l’élection présidentielle de novembre 1995 :
– assassinats de populations des zones semi-urbaines (massacres) ;
– assassinat de populations lors de faux barrages ;
– emploi systématique des véhicules piégés dans les cités urbaines et bombes pour faire le maximum de victimes ;
– enlèvements de femmes, jeunesfilles et fillettes (10-14 ans) pour assouvir leur appétit sexuel, les salir, déshonorer leur famille et les liquider dès qu’elles tombent enceintes ;
– assassinats spécialement des Algériens ayant exécuté leur Service national ou ayant répondu au rappel de mobilisation.
Les pics de nuisances ont à chaque fois coïncidé avec des échéances importantes : rentrée scolaire, élections (présidentielles, législatives, communales), Ramadhan.
C’est pendant cette période que les rivalités entre fractions ennemies se sont exacerbées au maximum et se sont traduites par des batailles entre groupes rivaux.
Mais d’une manière machiavélique, ils essayaient de rejeter la responsabilité sur les services de sécurité (le qui tue qui ?).

C’est à la fin de cette époque que, traqués par les services de sécurité, les groupes terroristes se sont réfugiés dans des zones montagneuses boisées, pensant en faire des sanctuaires, à partir desquels ils lanceraient des raids sur le tissu semi-urbain.
Pendant la phase de déclin, depuis 1998, les terroristes n’ont plus la possibilité d’exécuter les sabotages et les destructions. Ils ont été chassés des villes, ils n’ont plus la logistique nécessaire pour exécuter des attentats. Ils procèdent par l’emploi de bombes à grande échelle et surtout pour sécuriser les accès à leurs repaires, le mitraillage de bus de voyageurs à l’occasion de conditions de visibilité nulle, les assassinats collectifs visant le tissu rural et semi-rural, les maisons isolées, les familles qui n’ont pas pris les armes.

2. Stratégie développée par l’ANP
Face à un projet islamiste mûri de longue date, disposant d’un réseau de soutien logistique tant interne qu’externe assez conséquent et d’hommes expérimentés dans la guérilla et l’action clandestine et terroriste, quelle était la situation de l’Algérie ?
A) Etat des lieux : En janvier 1992, l’Algérie s’est retrouvée sans pouvoir exécutif ni législatif élu. Le HCE puis la désignation du président Zeroual, le CNT ont permis de combler le vide institutionnel jusqu’à l’élection présidentielle de novembre 1995. D’autre part, au niveau local, il a fallu remplacer les assemblées populaires communales (FIS) dissoutes par des délégations exécutives communales.
Au vide s’est ajouté la destruction systématique par les terroristes islamistes de tous les symboles de l’Etat à l’intérieur du pays : sièges d’APC, bureaux de poste et télécommunications, écoles, centre de santé, en plus de l’assassinat des membres et présidents de délégations exécutives communales.
Les services de sécurité représentés par la Gendarmerie nationale et la Sûreté nationale étaient totalement dépassés. D’abord parce qu’ils ne couvraient qu’une infime partie du territoire national, l’intérieur du pays et surtout les zones montagneuses et steppiques étaient vides. Exemple : Chlef (36 communes) comptait en 1992 4 commissariats et 9 brigades de gendarmerie déployés surtout sur les grands axes. Alger, en juillet 1996, comptait pour 53 communes 22 commissariats et 9 brigades de gendarmerie nationale.
De plus, les effectifs des services de sécurité étaient nettement bas par rapport à l’immensité du pays. Moins de 50 000 hommes pour chaque corps au moment où nos voisins comptaient plus de 120 000 policiers pour la Tunisie, 340 000 pour le Maroc et plus de 800 000 pour l’Egypte. Le système de formation de la Gendarmerie nationale et de la Sûreté nationale ne répondait pas aux besoins. Les services de sécurité de l’armée étaient en pleine réorganisation suite aux changements intervenus en 1989.

L’Armée nationale populaire est implantée surtout au sud et sud-ouest du pays et composée d’unités de combat organisées et formées pour le combat classique. En 1992, la réglementation n’existait pas pour la création d’entreprises de gardiennage et de sécurité, ni de transferts de fonds, ce qui a facilité le sabotage des usines, des infrastructures de base, les hold-up contre les bureaux de poste notamment.

B) L’ANP et l’organisation de la lutte antiterroriste : Devant l’ampleur de la destruction de l’économie nationale et le nombre de plus en plus croissant d’assassinats des éléments des forces de l’ordre et de citoyens, l’ANP s’est vu confier en 1993 la direction des opérations de lutte contre le terrorisme et la subversion.

Dès le début, le premier problème à avoir été réglé fut celui de l’organisation du commandement avec la création d’un centre de coordination de la lutte antiterroriste où toutes les forces et structures qui y concouraient étaient représentées, et ce, afin de canaliser les efforts vers le plus important et le plus urgent.

Cette organisation du commandement a été transplantée dans les régions militaires et par la suite aux secteurs militaires afin de libérer les énergies et les initiatives. L’ANP a commencé à transférer au nord du pays et surtout vers les wilayas du Centre des unités de combat, mais ces unités étaient très lourdes (unités d’infanterie mécanisée, de chars, de DCA, d’artillerie) et dont les équipements étaient inadaptés aux exigences de la lutte antiterroriste. Des mesures exceptionnelles ont été prises pour d’abord renforcer les services de police et la gendarmerie par une campagne de recrutement et de formation intense. Comme il a fallu créer de nouveaux organes telles les BMPJ pour la Sûreté nationale et les sections de recherche pour la Gendarmerie nationale et réorienter les activités de l’ONRB. Au niveau de l’armée, des unités légères ont été créées : les RFCA, les BFM, le RPC, les BLI, les BPM, BIA et les CIA (issus de la reconversion des compagnies d’infanterie de mobilisation), car l’armée étant constituée en 1992 à 70% de réservistes et il a fallu faire appel à la mobilisation. La mobilisation a porté sur un nombre restreint de réservistes et sur les cinq dernières classes. Elle a permis la création de plus d’une centaine de compagnies d’infanterie de mobilisation. Pour renforcer les effectifs, des programmes de formation ont été dispensés à la troupe afin de former les unités de combat aux nouvelles missions qui lui étaient dévolues comme il a fallu former à grande échelle des artificiers pour désamorcer les bombes et les véhicules piégés par les terroristes.

L’emploi par les terroristes de bombes, de véhicules piégés, en plus de l’effet psychose, a fait beaucoup de victimes et a obligé les services de sécurité à accorder un effort particulier à la lutte contre les engins piégés.

Ainsi, de 1996 au 30 septembre 1992, il a été neutralisé 13 848 bombes et 144 véhicules piégés. Cependant, les 5 575 bombes et 95 véhicules piégés qui ont explosé ont occasionné 3 335 morts et 12 414 blessés. Néanmoins, l’embargo qui a frappé l’Algérie n’a pas permis d’équiper ces unités et ces hommes avec les armes et surtout les équipements leur permettant d’être efficaces : équipements de reconnaissance, de vision et de visée nocturne, de détection.
C) Modes d’action : D’abord, il a fallu répondre au plus pressé, contenir les actions terroristes et notamment réduire le nombre important de destructions, de sabotages et d’assassinats. Pour cela, des mesures de sécurité passives ont été prises :
– renforcement de la protection des personnes et des biens étrangers ;
– mise au point d’une réglementation permettant la création de sociétés privées de gardiennage et de protection de transfert de fonds ;
– élaboration d’une réglementation portant obligation de protection du patrimoine public par la création du DSP (détachement de sécurité du patrimoine) ou du SSI (service de sécurité interne). Ces entités ont été créées pour protéger tous les types d’établissements publics (usines, parcs de véhicules, centres de santé, hôpitaux, centres universitaires, maisons de jeunes, etc.). En plus, les établissements publics ont vu la prise de mesures physiques de protection (clôtures, guérites, éclairage périphérique, caméra de surveillance). Une attention particulière a été accordée aux ressources énergétiques et leurs installations (pétrole, gaz, électricité) ;
– instauration d’un couvre-feu jusqu’en 1996 dans les wilayas du centre du pays, afin de réduire la mobilité des terroristes, surtout de nuit ;
– retrait des fusils de chasse des citoyens résidant dans les wilayas périphériques à la wilaya d’Alger afin de tarir cette source d’approvisionnement en armes pour les terroristes ;
– augmentation substantielle des effectifs de la Gendarmerie nationale par le lancement d’une intense campagne de recrutement et de formation, notamment avec le lancement de travaux de réalisation de nouveaux commissariats et de nouvelles brigades afin d’obtenir un maillage plus important ;
– création dès 1994 du corps de la Garde communale et le déploiement de détachement surtout en zone rurale ; effort particulier de l’Etat pour la réalisation de locaux, le recrutement et la formation de ces personnels ;
– mise en place d’un réseau de barrages routiers fixes, mobiles et semi-mobiles afin de perturber la mobilité des groupes terroristes, les intercepter et les neutraliser.
Ces mesures de sécurité passives ont permis de diminuer d’une manière sensible les actes de destruction et de sabotage. Notamment de libérer, au fur et à mesure de la montée en puissance de la Gendarmerie nationale, la Sûreté nationale et la Garde communale, les unités de combat de l’ANP, de leur mission de gardiennage et de protection et de les orienter vers la destruction des groupes terroristes dans leurs réduits en montagne et dans les zones d’accès difficiles.
L’objectif numéro 1 a été l’organisation du recueil, traitement, exploitation et transmission du renseignement. Mettre en commun les renseignements de chacun n’a pas été chose aisée à réaliser. De même, il a fallu organiser la transmission directe du renseignement par les citoyens en temps opportun.
Dès le début de 1993, la population a voulu s’impliquer et participer à sa propre défense ; cela s’est traduit par la réussite de l’opération de mobilisation de milliers de réservistes afin de renforcer les rangs de l’ANP. De même, la création de la Garde communale et sa montée en puissance a permis à beaucoup de citoyens, notamment des zones rurales, de s’engager contre le terrorisme. L’ampleur du phénomène a été démontrée par la volonté de la population de s’armer pour se défendre.
L’Etat a alors réglementé la légitime défense et l’organisation des citoyens en groupes de légitime défense, dont la mission essentielle est de protéger et défendre leur vie, leurs biens, leur honneur.
Les groupes de légitime défense ont dès le début été rattachés pour emploi et contrôle au service de sécurité le plus proche. La loi sur le repentir, adaptée du temps du président Zeroual, et la loi sur la concorde civile ont permis à plus de 6 000 terroristes de se rendre et se mettre à la disposition de la justice et diminuer d’autant les rangs terroristes et a instauré un climat de méfiance entre eux et les a même amenés à s’entre-tuer.
Les opérations de neutralisation des groupes terroristes se sont concentrées jusqu’en 1996 dans les grands centres urbains, tant le terrorisme en ville était important. Dès 1997-98, devant les pertes subies, les groupes terroristes se sont réfugiés dans des zones montagneuses et boisées, très difficiles d’accès, à partir desquelles ils lançaient des raids sur les zones semi-urbaines (attaques à la bombe, véhicules piégés, massacres collectifs). Les lois sur le repentir et la concorde civile, l’implication de la population avec l’armée et les services de sécurité ont permis de gagner la bataille des villes.
Tout groupe terroriste, dès 1998, qui essayait de s’implanter en ville était immédiatement neutralisé. L’Armée s’est orientée dès 1999-2000 vers la neutralisation des différents sanctuaires créés en montagne avec succès. Aujourd’hui, les groupes terroristes restants sont d’un effectif très réduit, donc difficilement repérables et très mobiles. En 10 ans, il a été neutralisé plus de 15 200 terroristes, 6 386 se sont repentis ou se sont rendus aux services de sécurité ; il a été procédé à l’arrestation et à la présentation à la justice de plus de 30 000 terroristes et éléments de soutien.

Conclusion
Le chef de l’état-major de l’ANP l’a dit lors de la conférence de presse de Cherchell de juillet 2002 : “Le terrorisme islamiste est vaincu, mais l’intégrisme sévit toujours.”
L’Algérie a combattu, pratiquement seule, le terrorisme. Pire encore, c’est l’Etat algérien qui a été la cible d’une certaine presse étrangère et d’organisations non gouvernementales des droits de l’homme, au moment où les organisations terroristes islamistes algériennes ou autres avaient pignon sur rue, en Occident notamment.
Aujourd’hui, après l’attentat du 11 septembre 2002 contre les Etats-Unis d’Amérique, le monde occidental semble s’orienter vers la neutralisation du terrorisme islamiste et des prémices d’une coopération internationale commencent à apparaître, tout au moins au niveau des intentions.
La lutte contre le terrorisme islamiste et son corrolaire l’intégrisme exigera encore davantage de détermination dans la prise de mesures politiques, socio-économiques, judiciaires et sécuritaires tant au niveau national que régional et international pour la promotion de l’homme, des libertés et de l’alternance. En fait tout ce qui concourt au progrès.