Equation à zéro degré

Equation à zéro degré

Chawki Amari, Le Quotidien d’Oran, 18 Février 2001

Lors du premier des derniers quarts d’heure annoncé, la raison pour laquelle les derniers terroristes vivaient encore était qu’ils avaient l’appui de la population. Lorsque la population s’est retournée contre eux pour les pourchasser, la raison pour laquelle les terroristes activaient encore était que les forces de sécurité avaient les pieds et poings liés par la déclaration des droits de l’homme. Lorsque tout le monde ferma les yeux sur les dépassements, la raison pour laquelle de nombreux terroristes tuaient toujours était qu’ils évoluaient dans des régions difficiles d’accès, au relief accidenté. Lorsque les montagnes et forêts furent incendiées et bombardées, que des hélicoptères à infrarouge furent achetés en masse, la raison pour laquelle des milliers de terroristes pullulaient encore était que les services de sécurité n’étaient pas habitués à ce type de guérilla.

Lorsque dix ans plus tard, les services de sécurité furent bien rodés, la raison pour laquelle les terroristes étaient aussi nombreux était que l’armée ne disposait pas assez d’hommes. Lorsque les troupes d’élite, les ninjas, les forces spéciales, les brigades d’intervention furent mises en place et des milliers de civils armés, portant à 400.000 le nombre de combattants, la raison pour laquelle les terroristes sévissaient encore était qu’ils avaient l’appui des médias et des puissances étrangères. Lorsque tout le monde se rangea derrière la lutte antiterroriste en envoyant des armes, de l’argent et qu’on ferma les frontières à risque, la raison pour laquelle il y avait autant de terroristes sur le territoire national était que l’armée n’avait pas tous les moyens requis pour ce genre de situation. Lorsqu’on donna à l’armée les moyens politiques, humains, matériels, financiers et médiatiques pour poursuivre le démantèlement des groupes armés, la raison pour laquelle les groupes terroristes étaient toujours aussi nombreux était que la loi sur la concorde civile avait démoralisé les troupes et inhibé leur sens de l’offensive. Lorsque la loi sur la concorde civile prit fin et la grande opération «Seïf El Hadjadj» lancée, la raison pour laquelle les terroristes rigolaient toujours autant une décennie plus tard est qu’ils avaient encore le sens de l’humour.

Combien sont-ils ? Une centaine à l’origine, 5.000 à l’arrivée. L’équation est la suivante: 400.000 hommes armés contre 5.000 terroristes armés = 80.000 civils tués, n’appartenant à aucune des deux parties et ne possédant aucune espèce d’arme. Reprenons, 400.000 + 5.000 = 80.000. On voit bien qu’il y quelque chose qui ne va pas. Il est évident que ce sont les civils. La solution serait 15 millions + 15 millions = 30 millions. Les mathématiques sont respectées et les civils décimés. C’est très bien Joseph qu’il est mort.

 

 

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