Condamnation par contumace de Habib Souaïdia, auteur de La Sale Guerre

Condamnation par contumace de Habib Souaïdia, auteur de La Sale Guerre

Vingt ans de prison ferme

Ghada H., Le Matin, 30 avril 2002

Vingt ans de prison ferme est le verdict rendu hier par le tribunal criminel d’Alger contre Habib Souaïdia, ex-officier de l’Armée nationale populaire (ANP) et auteur du livre controversé La Sale Guerre. Les principaux chefs d’accusation retenus contre l’inculpé sont la participation en con naissance de cause à une entreprise de démoralisation de l’armée ayant pour objet de nuire à la défense nationale, incitation dont le but est d’amener les citoyens ou habitants à s’armer contre l’autorité de l’Etat ou à s’armer les uns contre les autres. Il a été également accusé d’appartenance à une organisation secrète et de complot portant atteinte à l’intégrité du territoire national.
En l’absence de l’accusé, contre lequel un mandat d’amener international a été lancé depuis le 23 avril 2001, date à laquelle le parquet d’Alger a ouvert une information judiciaire contre l’accusé, le procès a été expéditif. Brièvement, le procureur de la République a repris les passages de l’interview accordée au périodique français Courrier international en date du 15 avril 2001 en les reliant avec les articles de loi relatifs aux crimes et délits contre la sûreté de l’Etat. Il demande à la cour si les articles 75, 77 et 78 du code pénal ne s’appliquaient pas aux déclarations de l’accusé parues dans le périodique f rançais. Les principaux chefs d’accusation sont fondés sur les propos que le mis en cause a tenus à son interviewer. Le procureur cite à titre d’exemple la déclaration faite par l’inculpé relative à sa prédisposition à rentrer au pays pour combattre les hauts responsables de l’armée : « S’il y a un jour une rébellion, je rentrerai en Algérie. Je porterai les armes contre ces généraux et je ne le regretterai jamais. » Le représentant de l’Etat précise également que l’inculpé avait avoué sa relation avec un e organisation secrète visant à porter atteinte à l’intégrité du territoire national. Le procureur revient sur le fait que Habib Souaïdia a déclaré être « prêt à s’aligner avec des gens comme ça (le Mouvement des officiers algériens libres, ndlr) Si je vais combattre en Algérie, ce ne sera pas avec des mots, mais avec des armes ». Une fois son réquisitoire terminé, le procureur a requis vingt ans de prison par contumace contre l’ex-sous-lieutenant Souaïdia. Une requête accordée par le président de la cour après délibérations. Le procès n’a pas duré plus d’une vingtaine de minutes.
L’accusé aura également à répondre dans les mois qui viennent à une plainte pour diffamation déposée à Paris par le général à la retraite Khaled Nezzar.