Le complexe  » algérien  » de Jacques Chirac ?

Le complexe  » algérien  » de Jacques Chirac

Claude Angeli, Le Canard enchaîné, 31 décembre 2002

Sans hésiter un instant, Chirac a condamné, dès le 27 décembre,  » toute recherche concernant le clonage humain reproductif « . En revanche, sur un autre sujet brûlant, le Président et Dominique de Villepin se montrent bien discrets. Depuis une semaine, ils n’ont pas trouvé un moment pour réagir à la mise en cause de la Sécurité militaire algérienne dans l’enlèvement puis l’exécution, en 1996, des sept moines français du monastère de Tibehirine.
Lundi 30 décembre au matin, l’Élysée et le Quai d’Orsay gardaient encore le silence. Pourtant, dès le 23 décembre, plusieurs radios (dont RFI, très écoutée en Algérie comme en Afrique) et les télés françaises ont amplement cité l’enquête de  » Libération  » sur la question et les déclarations fort précises confiées au confrère par un ancien officier de la Sécurité militaire algérienne.
Les droits de l’homme prétendument  » cloné  » seraient-ils supérieurs aux droits de l’homme assassiné sous robe de bure ?
De fait, cette timidité des réactions officielles provient du complexe  » algérien  » dont, à Paris, nombre de politiques de droite et de gauche ne parviennent toujours pas à se défaire. D’autant que va bientôt s’ouvrir  » L’année de l’Algérie  » et que, en mars prochain, Chirac se rendra sur place en visite officielle.
Bouteflika l’aime bien, Chirac. A Beyrouth, le 18 octobre dernier, lors du Sommet de la francophonie, il a sollicité son appui. En 2004, Bouteflika compte en effet se présenter de nouveau à la présidentielle. Et, selon les confidences de Chirac soi-même, il a affirmé que sa réélection lui permettrait d’écarter du pouvoir l’armée et ces généraux qui, de tout temps, ont choisi et contrôlé les patrons du pays.
Bouteflika est-il un rêveur, un baratineur ou un ingrat ? Au choix, selon les goûts