Besoins algériens en armement
Besoins algériens en armement
Alliot-Marie viendra pour les étudier
L’Actualite, 17 décembre 2002
Le déplacement prévu au cours du premier trimestre 2003 à Alger de la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, ne peut avoir dautre sens que lidentification des nouveaux et urgents besoins des autorités algériennes en la matière.
Dominique de Villepin, qui est à Alger depuis hier, animera cet après-midi un point de presse à la résidence Djenane El Mithaq. A cette occasion, le chef de la diplomatie française sen tiendra à faire léloge du niveau actuel des relations algéro-culturelles. Pourtant, il y a un domaine quon feint, de part et dautre, dignorer. Il sagit de celui ayant trait à la coopération militaire et plus précisément de léventuelle acquisition par Alger darmements et équipements de fabrication française.
Le déplacement prévu au cours du premier trimestre 2003 à Alger de la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, ne peut avoir dautre sens que lidentification des nouveaux et urgents besoins des autorités algériennes en la matière.
Car, à lévidence, le dossier sécuritaire et celui de la lutte antiterroriste seront réservés à Nicolas Sarkosy, ministre de lIntérieur qui, lui aussi, sera prochainement lhôte dAlger.
En tenant compte des nouvelles orientations données à Paris, il sera notamment question de « lapprofondissement » des échanges (expression préférée de la partie française) puisque de nombreux officiels algériens ont bénéficié de formation au sein des grandes écoles françaises. La coopération entre les forces marines des deux pays a toujours existé.
Celle entre les forces aériennes sest maintenue, bien que dans des domaines bien précis.
Certains matériels de télécommunications et équipements auxiliaires parvenaient quand même à destination de lAlgérie sous formes diverses. Ceci sans oublier la normalité des rapports entre les polices des deux pays. Aujourdhui, pourtant, la professionnalisation annoncée de lANP est au stade de la demande de moyens daccompagnement.
Linscription dune telle donne dans le cadre des nouvelles missions de lOTAN arrêtées lors de son dernier sommet tenu en novembre à Prague pousse à lacquisition de moyens modernes et répondant aux normes des armées modernes.
De ce fait, la France est acculée à répondre à certains besoins de lANP, dautant plus que le marché algérien multiplie les contacts avec les pays fournisseurs.
Dailleurs, la « refondation » des relations entre les deux capitales, dont il est question aujourdhui, ne peut ignorer un volet qui tend à devenir un vecteur des plus importants abordés par les officiels algériens avec leurs homologues étrangers.
Le séjour, lundi dernier à Alger, de William Burns, secrétaire dEtat adjoint en charge du Moyen-Orient avait surtout servi à accuser réception de la demande algérienne en matière darmements.
La venue, samedi dernier, du ministre de la Défense de la République de Biélorussie, le général-colonel Leonid Demenovitch Maltsev, qui a eu des entretiens avec le chef détat-major Mohamed Lamari et de hauts responsables du ministère de la Défense nationale sinscrit également dans cette démarche algérienne à diversifier ses approvisionnements en matière darmements et équipements militaires.
Au mois de mai dernier, le voyage quavait entrepris le général de corps darmée, Mohamed Lamari, en Russie était une occasion pour contacter les fabricants et constructeurs militaires de ce pays pour déventuels fournitures en direction de lAlgérie.
Les responsables algériens en sont même arrivés à prendre attache avec des pays comme la Chine, lInde ou lAfrique du Sud pour la satisfaction de certains besoins de lANP.
Salah-Eddine B.
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Relations algéro-françaises
Dune histoire à une autre
Au-delà des thèmes publiquement proclamés, Dominique de Villepin, ministre français des Affaires étrangères qui entame sa visite aujourdhui en Algérie, devra avec ses interlocuteurs algériens aborder les sujets qui, concrètement, continuent de nourrir la distance entre deux pays que tout pourtant devrait rapprocher. Pourtant lon est loin des relations dautrefois où lAlgérie affichait en dépit de lhistoire la liant avec lex- puissance coloniale, son « anti-francophonisme » en ignorant, voire en dénonçant simplement et purement les sommets sur la francophonie assimilés depuis Boumediene au néocolonialisme. Aussi, lune des premières initiatives qua eu à prendre sur le plan interne le président Abdelaziz Bouteflika a été de réactiver la mémoire de la présence française en Algérie, en faisant usage de la langue française. Ce revirement spectaculaire qui a entaché les « murs linguistiques » du Pouvoir connaîtra une sorte de couronnement lorsque le chef de lEtat algérien rejoint même si la participation avait été présentée sous forme dune invitation le sommet de la francophonie à Beyrouth. Bouteflika ne sarrêtera pas là. Explorant à fond la mémoire collective, il investit le segment mémorial juif en allant du côté de Constantine rappeler la contribution de cette communauté au patrimoine algérien. De cette époque, date lépisode du chanteur Enrico Macias, à qui Bouteflika adressera une invitation pour visiter son pays natal. Mais ceci est déjà une autre histoire. Entre temps, du côté français, les revirements aussi nont pas manqué. Pour la première fois, la France officielle reconnaît la guerre dAlgérie et ouvre lépineux dossier sur la torture pendant ce conflit. Louverture des archives relatives à la guerre dAlgérie, lhommage rendu aux Algériens éliminés par les hommes de Maurice Papon lors des manifestations du 17 octobre 1961 à Paris sont autant dindices qui ont révélé le délitement progressif des passions ayant prévalu jusque-là entre les deux pays. Lère Chirac-Bouteflika, à ne pas en douter, marque une nouvelle phase dans les rapports algéro-français, lesquels sont favorisés par dune part, le recul par rapport à la guerre coloniale même sil nest pas encore suffisant que permet le temps et le rapprochement idéologique sous limpulsion de la chute du mur de Berlin à lorigine du processus de la mondialisation qui va se généraliser, dautre part. Alors quest-ce qui peut gripper la machine pour quaujourdhui, la majorité des investisseurs français administrent la preuve quils nont pas les yeux de Chimène pour lAlgérie ?
Il faudrait certainement creuser dans le passif de ces dix années de terrorisme auxquelles est venue se greffer la révolte en Kabylie. Les explications que tentent de donner les uns et les autres sur le manque dempressement des investisseurs à venir en Algérie semblent peu convaincantes. Dun côté, on insiste sur le fait que la situation sécuritaire importe peu dans ce cas de figure et dun autre, on nhésite pas à rappeler que lAgérie figure dans la catégorie de pays à haut risque. Ne faudrait-il pas dailleurs interpréter dans ce sens les déclarations de Villepin à lAPS lorsquil dit « les entreprises françaises se déterminent avant tout sur des critères liées à lenvironnement des affaires » ? Même si lon peut sen tenir uniquement à des causes liées aux lourdeurs constatées au niveau du processus de libéralisation de léconomie, il serait intréressant dinterroger le poids de lopinion française, laquelle à travers les médias encense régulièrement « lAlgérie des généraux dissimulée sous le visage du groupe Khalifa ».
Slimane Hafsi