Hichem Aboud mis en examen par un juge français

Sur plainte du général Larbi Belkheir

Hichem Aboud mis en examen par un juge français

 

Salim Tamani, Liberté, 28 mars 2002

L’auteur du livre “La mafia des généraux” avait déjà déclaré qu’il n’avait pas peur d’aller en justice.

Aboud Hichem a été mis en examen, avant-hier, par le tribunal de Paris suite à une plainte déposée par le général Larbi Belkheir, directeur de cabinet du président Bouteflika. C’est ce que nous a déclaré, hier, dans un entretien téléphonique, M. Aboud Hichem : “Mardi 26 mars, je me suis présenté devant M. Jean-Paul Valat pour être mis en examen. À mon grand étonnement, le général Belkheir, de toutes les accusations, n’en a retenu qu’une seule concernant l’assassinat de Mecili.” Et d’ajouter : “Suite à l’interview du Nouvel Observateur de juin dernier et dans laquelle j’ai porté les mêmes accusations, développées dans le livre La Mafia des généraux, le seul à avoir réagi est le général Larbi Belkheir en déposant plainte pour diffamation auprès du tribunal de Paris.”

L’auteur du livre La mafia des généraux nous a indiqué : “Devant le juge, j’ai reconnu avoir tenu les propos incriminés tout en faisant remarquer à celui-ci que j’ai porté d’autres accusations contre le général Belkheir, entre autres, la constitution d’une association de malfaiteurs en clans mafieux qui a commandité l’assassinat du président Boudiaf, qui a manipulé les événements d’Octobre 1988, créé la première frange des GIA.” Plus loin, il affirme : “J’ai demandé une confrontation avec le général Belkheir, le juge m’a fait savoir qu’il l’avait convoqué mais il s’est fait représenter par son avocat, invoquant une surcharge de travail. Le juge a affirmé que toutefois la confrontation ne pouvait avoir lieu qu’à l’audience”.

Aboud Hichem révèle que l’avocat du général Belkheir n’est autre que maître Szpiner, avocat du président français Jacques Chirac. “Moi, je ne prendrai aucun avocat, le meilleur avocat ce sera mes arguments. Je n’ai pas tapé dans les caisses de l’État algérien pour me payer un avocat de l’envergure de maître Szpiner, à moins que ce soit l’Élysée qui l’ait commis d’office pour le général Belkheir”. Interrogé sur son éventuelle comparution devant une juridiction algérienne, Aboud Hicham a affirmé “toute sa disponibilité à se présenter devant la justice algérienne dans la mesure où lui-même a toujours souhaité qu’elle se saisisse de l’affaire”. Et de préciser qu’il a adressé une lettre au Président lui demandant l’ouverture d’une enquête judiciaire. “Je suis prêt à rentrer au pays pourvu qu’on me donne un passeport et que la procédure ne soit pas entachée d’irrégularités.” Et de conclure: “Je ne suis pas prêt à répondre à un colonel exhibant une procuration de son chef hiérarchique, le général Lamari d’abord, je leur dénie le droit de parler au nom de l’institution militaire qu’ils ont bafouée et instrumentalisée, d’autant que les généraux Nezzar, Belkheir et Guenaïzia se déclarent des retraités de l’ANP, ils doivent donc déposer leur plainte en leur nom propre et se présenter à la barre pour une confrontation”.

L’affaire Aboud Hichem risque de prendre des proportions inattendues du fait que l’un des hommes forts du système sort de son mutisme pour se prononcer contre des accusations graves.

Si confrontation il y a, comme le souhaite Hichem Aboud, dans un procès régulier loin de toute pression, elle pourra donner lieu à des révélations sur la réelle gestion du pays.