Bouteflika reçoit les partis politiques et Le FFS décline linvitation
Bouteflika reçoit les partis politiques
B. Djilali, Le Quotidien d’Oran, 21 février 2002
Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a convié hier les chefs de parti pour des entretiens. Ali Benflis, Ahmed Ouyahia, Louisa Hanoune, Lahbib Adami, Saïd Sadi et Djaballah ont été reçus, tandis que des invitations ont été adressées à dautres, dont le FFS qui vient de la décliner. De courtes entrevues où il a été question surtout de la date de la tenue des prochaines élections.
En agissant ainsi, le Président Bouteflika semble, dune part, répondre aux leaders politiques qui lui reprochent de ne pas les consulter sur les grands dossiers de lheure, tout en mettant fin, dun autre côté, aux supputations sur la tenue des législatives dans les délais.
Du côté des partis politiques, Louisa Hanoune, porte-parole du PT, semble avoir profité de la rencontre pour demander au chef de lEtat de prendre«des mesures dans le sens de linstitutionnalisation de tamazight et de la satisfaction des droits des familles des victimes dans cette région». Louisa Hanoune a dit avoir abordé dautres sujets comme les «disparus et les détenus», ainsi que la nécessité de trouver des mécanismes pour «mettre finà leffusion du sang des Algériens pour permettre le retour à la normale».
De son côté, Ahmed Ouyahia a déclaré avoir exprimé au président le soutien de son parti à la tenue des élections dans «les délais fixés par la Constitution», et ce dans le souci de mettre le pays «à labri de secousses ou de nouvelles crises politiques». Il déclare attendre de la prochaine rencontre entre le président et les ârouch des «réponses logiques et sensées». Lahbib Adami fait état, de son côté, dassurances données par le président sur la régularité du scrutin. Hormis donc le FFS, les destinataires des invitations dEl-Mouradia ont répondu favorablement, alors que les hostilités à la démarche de Bouteflika de la part de certains partis comme le RCD ont pris de lampleur il y a quelques jours à peine.
Une chose est néanmoins sûre: les élections législatives auront lieu comme prévu, dans les délais, et elles verront la participation de la majorité des formations. Quand bien même elles seraient frappées du sceau de la fraude, si lon tient compte des déclarations pessimistes des uns et des autres quant à la garantie de la transparence du scrutin de mai.
Par ailleurs, cette étape achevée après le petit aménagement apporté à la loi électorale – qui a introduit un supplément de sièges à lAPN en augmentant de 9 circonscriptions la wilaya dAlger (lAssemblée passera de 380 à 389 sièges) -, le Président Bouteflika convoquera prochainement le corps électoral. Autrement dit, au risque de parler dune concession de la part du président, le maintien de larsenal qui a présidé à lascension vertigineuse du RND sur fond de fraude généralisée en 1997, pourrait donner lieu à un scepticisme légitime de la part des partis mis en minorité et de lopposition.
Lautre élément qui plaide en faveur de cette opposition est, sans doute, le maintien en place du gouvernement Benflis pour organiser ces élections. Il rappelle inévitablement le gouvernement Ouyahia qui a organisé – pour lui, avaient dit certains observateurs – des législatives quil a emportées haut la main alors quil navait que trois mois dexistence.
Ouyahia avait déclaré récemment quil ne voyait pas dinconvénient à ce que ce soit lactuel exécutif qui organise le scrutin. Que faut-il comprendre ? Que le secrétaire général du RND a reçu des garanties. Ou alors, et cest l hypothèse quévoquent les observateurs politiques, cest que le ministre de la Justice espère passer son fardeau de la fraude de 97 au FLN. A long terme, le RND, même sil perd quelques sièges au profit du FLN dans la prochaine assemblée, cest Benflis qui portera laccusation de fraude durant au moins un mandat. Cela est dautant plus préjudiciable que lhomme donne lair de se réserver pour dautres ambitions pour sa carrière politique, qui ne fait que commencer.
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Le FFS décline linvitation
Zine Cherfaoui, Le Quotidien d’Oran, 21 février 2002
Le FFS ne participera pas aux consultations que vient dinitier la présidence de la République avec les partis politiques. Cest ce qua indiqué hier le premier secrétaire du FFS, Ahmed Djeddaï, lors dune conférence de presse organisée au siège national de son parti. Cette décision, a expliqué le numéro deux du FFS, est motivée essentiellement par le fait que «lobjet et les contours des consultations auxquelles a appelé la présidence de la République ne sont pas connus». Le FFS sinterroge davantage sur les véritables objectifs dune telle invitation, dans la mesure où beaucoup déléments attestent toujours dune «absence totale de volonté des vrais décideurs daller dans le sens dune réelle ouverture politique». Cela dautant plus, poursuivra le premier secrétaire du FFS, que cette invitation intervient «dans un contexte dimpasse intégrale».
Rappelant la situation pour le moins dramatique que vit le pays, Ahmed Djeddaï motivera encore la décision arrêtée par son parti de faire limpasse sur ces consultations par le fait quau moment où «les Algériennes et les Algériens simpatientent de voir le bout du tunnel de lincertitude et de la souffrance et que sexprime une volonté politique forte, par la prise de mesures dapaisement et de détente, le pouvoir continue de concocter de faux dialogues, de fausses échéances, pour de fausses solutions». Convaincu que cette manière participe d«une démarche éculée consistant à faire partager la responsabilité aux partis politiques», Ahmed Djeddaï fera remarquer que lattitude adoptée par son parti «ne prédétermine pas la position du FFS concernant les élections».
Tenant par ailleurs à infirmer les informations ayant fait état de l existence de tractations entre le pouvoir et Hocine Aït Ahmed ou entre celui-ci et le FFS, Ahmed Djeddaï rappellera que son parti «a toujours recherché louverture dun dialogue franc et transparent, précédé par des déclarations déterminées des responsables et des signes concrets en faveur dune ouverture». «Nous considérons quaucun prétexte fallacieux, aucune manoeuvre clanique ne parviendra désormais à faire reculer lurgence dune issue politique et démocratique à la crise», a indiqué Ahmed Djeddaï avant dajouter qu«aucune solution ne peut être envisagée, ne peut avoir de soutien populaire sans la prise de mesures durgence préalables».
Seules mesures à même de créer un climat favorable à louverture dun dialogue entre le pouvoir et les forces politiques et sociales en vue d amorcer une véritable transition démocratique.
Une transition qui, comme la encore préconisé le FFS, conduirait à l organisation «des seules élections qui vaillent », lélection dune assemblée constituante. A ce propos et outre la mise en oeuvre immédiate de mesures dapaisement, le FFS a conditionné sa participation à tout dialogue, entre autres, à «la levée de létat durgence et labrogation de toutes les lois dexception».