Le cargo Arctic Sea devait débarquer à Béjaïa

Le cargo Arctic Sea devait débarquer à Béjaïa

Une demande de rançon alourdit le mystère

El Watan, 16 août 2009

Le plus grand mystère continuait d’entourer hier l’affaire du cargo Arctic Sea, localisé, de sources concordantes, au large du Cap-Vert, deux semaines après avoir disparu avec son équipage russe et pour lequel une rançon a été réclamée.

« Une demande de rançon, c’est-à-dire de l’argent, a été envoyée à la société propriétaire du navire, Sol Chart Management, en Finlande », a indiqué hier à l’AFP, à Helsinki, le chef du Bureau national d’enquêtes de la police finlandaise, Jan Nyholm. Refusant de livrer plus de détails sur le sort du bateau et de son équipage, il a mis en avant la nécessité de « ne pas mettre l’enquête en péril », « la sécurité de chacun » et l’ampleur désormais internationale de l’affaire dans laquelle la Finlande tient « en permanence informés plus de 20 pays ». Injoignable hier, le patron de Sol Chart avait déclaré vendredi soir à l’AFP être « inquiet » pour l’équipage, mais avait assuré ne rien savoir de ce qui lui était arrivé. La Russie, dont le président Dmitri Medvedev a lancé mercredi la marine sur les traces de l’Arctic Sea, se refusait pour sa part toujours de confirmer le repérage du bateau dans l’Atlantique, au large des côtes africaines. « Les données nécessaires pour rechercher et identifier le bateau sont vérifiées et revérifiées de la façon la plus minutieuse », a déclaré l’ambassadeur de Russie auprès de l’Otan, Dmitri Rogozine. « Le reste des informations, y compris les coordonnées d’emplacement du bateau, n’est pas susceptible d’être révélé », a-t-il affirmé à une télévision russe, mettant en avant les intérêts des opérations de recherche, pour lesquelles Moscou coopère avec l’Otan, ainsi que la sécurité de l’équipage. De son côté, l’ambassadeur russe au Cap-Vert, Alexandre Karpouchine, a réaffirmé à la chaîne russe Vesti que les autorités de l’archipel ne lui avaient « pas confirmé les informations selon lesquelles le bateau avait été localisé ». Néanmoins, a ajouté le diplomate, le chef d’état-major cap-verdien, Fernando Carvalho Pereira, « a ordonné à tous les ports, au cas où le bateau apparaîtrait et chercherait à faire le plein de carburant, nourriture ou eau, de ne pas satisfaire cette demande jusqu’à nouvel ordre ». Parti de Finlande le 23 juillet à destination de l’Algérie, avec officiellement à son bord une cargaison de bois d’une valeur d’un peu plus d’un million d’euros, l’Arctic Sea n’a plus donné officiellement de nouvelles depuis son passage une semaine plus tard au large d’Ouessant (ouest de la France). Une source militaire au sein des gardes-côtes cap-verdiens avait annoncé à l’AFP vendredi que le navire a été repéré « à quelque 400 miles marins (740 km) d’une des îles du Cap-Vert ». Le directeur général de la Défense de l’archipel, Pedro Reis, a précisé à l’agence portugaise Lusa que le navire se situait « à 400 miles au nord de Sao Vicente ». L’information avait ensuite été confirmée par le Service français d’informations des armées (Sirpa-mer), faisant état d’un « survol » du bateau par « un avion portugais ». Une frégate russe en provenance de Méditerranée fait route dans l’Atlantique, « vers le sud, probablement pour aller à la rencontre de l’Arctic Sea », a déclaré à l’AFP samedi le porte-parole du Sirpa-mer, le capitaine Jérôme Baroé. « La version la plus plausible, même si on n’en est pas sûr à 100%, c’est qu’il se trouve toujours au large du Cap-Vert », a-t-il ajouté. Acte de piraterie inédit dans les eaux européennes ? Règlement de comptes mafieux ? Conflit commercial ? Le flou entourant l’affaire, renforcé par la communication sibylline de toutes les autorités concernées, attise depuis deux semaines toutes les spéculations. Avec une semaine de retard, la police suédoise avait fait état, le 30 juillet, d’un abordage de l’Arctic Sea en mer Baltique la nuit de son départ par des hommes masqués se présentant comme des policiers à la recherche de drogue, qui auraient quitté le navire au bout de quelques heures. Mais la Commission européenne a fait état vendredi d’une seconde attaque, à une date non précisée, « au large du Portugal », qui n’aurait « rien à voir avec des actes de piraterie traditionnelle ou une attaque armée en pleine mer ».