Union Européenne – Algérie: Difficile fin de parcours pour des négociations

Difficile fin de parcours pour des négociations

Prévu du 15 au 19 octobre, le quinzième round des négociations entre l’Algérie et l’Union européenne ne s’est achevé que le 23 octobre au soir.

Par M’hammedi Bouzina, El Watan, 25 octobre 2001

Quatre jours supplémentaires de «marchandages» qui prouvent que les deux parties ont la ferme volonté d’honorer le défi commun que se sont lancé MM. Abdelaziz Bouteflika et le président de la Commission européenne M. Romano Prodi, de signer l’accord d’association dans les deux mois qui viennent.
Mais cela aussi démontre que les discussions entre Algériens et Européens ne sont pas si simples. Si les deux parties ont bouclé les chapitres portant sur les produits industriels et avancé sérieusement sur les secteurs agricole et celui de la pêche, il est certain que ce sont les problèmes liés au chapitre justice et affaires intérieures (JAI) demandant plus de diplomatie et de consensus, qui demeurent les plus difficiles. D’ailleurs, les experts des deux parties se sont donné rendez-vous entre les 5 et 10 novembre pour aplanir les obstacles et incompréhensions et sortir avec des dispositions qui rééquilibrent les choses.
Sur ce point, l’Union européenne, qui souhaite que l’Algérie signe l’accord-cadre d’association à l’instar d’autres Etats maghrébins, a hésité au départ face aux demandes formulées par la partie algérienne et relatives aux questions humaines. En termes simples, à la libre circulation des capitaux et des marchandises que prévoit l’accord, l’Algérie a mis sur la table la question de la libre circulation des personnes. Il est impensable pour les Algériens qu’une telle ouverture du marché financier et économique ne s’accompagne pas au moins d’un assouplissement et d’une facilitation de la procédure de délivrance de visas aux citoyens algériens. De leur côté, les Européens ripostaient en mettant en avant les problèmes de sécurité et de justice tel que la présomption de culpabilité. Il n’y a pas en chaque demandeur de visa touristique un criminel ou un candidat à l’immigration clandestine. L’Algérie en a fait une question d’honneur et de dignité, d’autant plus que les moyens de contrôle des demandeurs de visas sont plus efficaces aujourd’hui et que l’Algérie connaît très bien les effets de la criminalité et du terrorisme qu’elle a affrontés pratiquement seule, jusqu’au 11 septembre. Justement, depuis les attentats aux USA du 11 septembre, la position de l’UE sur les questions sécuritaires et de terrorisme rejoignent pleinement la thèse algérienne. Tant mieux. Par contre, sur les thèmes discutés pendant huit jours à Bruxelles et relatifs aux domaines de l’agriculture et de la pêche, l’Algérie attend beaucoup du côté européen. Le poisson algérien meurt de vieillesse, dit-on à Alger, et l’agriculture affiche un diagramme en zig zag, de sorte que tous les appuis en matière de formation, recherche scientifique, équipements matériels, réorganisation et crédits financiers sont non seulement les bienvenus mais souhaités par l’Algérie. Dans tous les cas, les négociateurs ont adopté une méthode de discussion efficace : ne pas laisser les points de discorde ou difficiles, tels ceux liés au chapitre JAI, prendre le pas ou retarder les points d’accord contenus dans les autres domaines. La délégation algérienne dirigée par M. Halim Benatallah, qui sera installé le 8 novembre prochain en tant qu’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, semble avoir compris l’enjeu et la nécessité d’avancer vite pour la signature de l’accord. c’est tout à son honneur.

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Algérie-Union européenne

Le 16ème round pour le 5 novembre

Bruxelles: Mouloud Atcheba, Le Quotidien d’Oran, 25 octobre 2001

Les négociations entre l’Algérie et l’UE, en vue de l’accord d’association, ont pris fin ce mardi à Bruxelles. La délégation algérienne est conduite par le futur ambassadeur d’Algérie dans la capitale belge, après avoir été, à Alger, à la tête de la direction générale du MAE chargée des relations avec l’Europe: il s’agit de M. Halim Benatallah.

Le 16ème round, et peut-être le dernier pour conclure, est programmé du 5 au 10 novembre prochain, période durant laquelle s’ouvrira, à Bruxelles, une conférence des ministres méditerranéens, élargie à la Libye à titre d’observateur. Il n’est pas exclu que la signature de l’accord interviendrait à cette occasion exceptionnelle pour marquer l’événement en présence des délégations présentes.

En attendant, l’Algérie reste le seul pays de la Méditerranée occidentale à n’avoir pas signé d’accord de ce genre, à l’exception, parmi les pays arabes, du Liban qui pourrait suivre prochainement et de la Syrie, programmée pour l’an 2002 en raison des dissensions politiques avec les 15.

Maintes fois, les responsables européens ont manifesté leur volonté de promouvoir le dialogue et le partenariat avec les pays de la rive sud de la Méditerranée. L’avènement malheureux du 11 septembre est venu, à l’effet d’un boomerang, activer les contacts et souligner la nécessité stratégique de parvenir rapidement à un accord de coopération politique et d’association économique, devant conduire à la mise en place d’une zone de libre-échange aux portes sud de l’Europe.

Cette volonté est bénéfique pour l’Algérie dont la délégation a bataillé durant deux semaines pour avancer dans certains dossiers du volet commercial à l’ordre du jour de ces négociations, au cours desquelles six chapitres ont été balisés, dont la libre circulation des produits industriels et agricoles, même s’ils demeurent encore dans l’imprécision qui rallongera les discussions et exigera, de ce fait, des «offres» plus détaillées afin d’arriver, de part et d’autre, à «équilibrer» les intérêts des deux parties.

Le rendez-vous pris pour la semaine prochaine, permettra d’aller à grande vitesse pour conclure sur des sujets aussi importants que le droit d’établissement et la libre prestation des services. A l’ordre du jour de ces retrouvailles, figurent d’autres préoccupations aussi majeures que la circulation des personnes, le contrôle de l’immigration illégale et, pour une fois, la lutte contre le terrorisme.

Ainsi, les grandes lignes apparaissent dans les discussions animées des deux côtés de la même volonté politique, quoi que, du côté algérien, habillée, par moments, d’une démarche tactique qui veut allonger les discussions pour parfaire un éventuel accord…

Nos interlocuteurs européens ne sont pas très bavards à ce sujet, mais témoignent, au même titre que les diplomates algériens, d’une réelle impatience à signer l’accord dès cette année. Ils marquent, en tout cas et dans le contexte actuel, leur contribution à marcher «ensemble» dans la direction d’une plus grande stabilisation politique et sécuritaire qui passe obligatoirement par une promotion économique de la région sud de la Méditerranée. La nouvelle situation ainsi créée pourrait favoriser les investissements nécessaires à ce développement régional sur la base des avantages que l’Algérie mettrait à la disposition des intéressés européens.

Pour exemple, la question des quotas agricoles au titre des exportations et importations algériennes n’a pas encore reçu de réponse définitive des deux côtés de la table de négociations.

Mais l’essentiel sera que l’accord d’association avec l’UE garantira une base juridique viable qui éloignerait un tant soit peu le spectre des mafias algériennes de tout genre et permettra au processus démocratique de s’approfondir quelle que soit la structure du pouvoir à Alger.