Un point fort de la Réforme de lEtat
Par M. Bahous, La quotidien d’Oran, 25 octobre 2001
Des sources généralement bien informées, prêtent au Président Bouteflika le projet dinclure dans les objectifs de la Réforme de lEtat, celui dune restructuration radicale de lensemble des services de police et de sécurité. Selon ces sources, le but de cette restructuration étant den finir avec la dualité actuelle des hiérarchies en charge de la tutelle de ces services. En dautres termes, il sagirait de faire la séparation institutionnelle entre les forces de sécurité qui dépendent de lautorité civile et celles relevant du commandement militaire.
Dans cette perspective ce serait la DRS qui ferait lobjet dune refonte totale. Un avant-projet de restructuration serait déjà fin-prêt, prévoyant léclatement de cette institution en deux organismes distincts autant par les missions dont ils auront la charge que par les tutelles auxquelles ils se rattacheront. Lun se verrait confier la mission exclusive de la sécurité des armées et à ce titre dégagé des affaires judiciaires et civiles. Le second consituerait le département de protection de la sûreté du territoire en ce quelle implique de luttes contre lespionnage, le terrorisme et toutes autres formes datteinte à la sécurité nationale. La nouveauté dans ce projet est que le second organisme serait désormais sous tutelle dune autorité civile: soit directement la présidence de la République, soit le ministère de lIntérieur. Nos informations disent ignorer si le projet présidentiel prévoit den finir avec lexistence de toute forme de police politique telle que celle que les Algériens ont eu à connaître depuis lindépendance dont la mission sest résumée à étouffer toute velléité dexpression politiquement incorrecte ou à sasser arbitrairement laccès aux fonctions politiques, administratives ou autres.
Il reste que cette intention réformatrice du Président ne serait pas du goût de tous les décideurs. Réduire la DRS à une simple sécurité des armées et placer toutes les autres institutions de police et sécuritaires sous autorité civile nest pas une perspective facilement acceptable pour eux. Ils soupçonneraient que ce faisant, Bouteflika vise à leur enlever le socle institutionnel sur lequel est bâti leur pouvoir et leur toute puissance.
La refonte de lappareil policier national est une revendication quune bonne partie de la classe politique réclame avec insistance et depuis longtemps. Et quand certains des acteurs de cette classe politique revendiquent une redéfinition de la place et du rôle de lInstitution militaire dans la vie de la Nation, cest en fait, ceux des services de sécurité quils ciblent surtout dans leur intervention au plan du champ politique. Une réforme allant dans ce sens, surtout si elle vise à libérer le terrain politique de toute ingérence policière, ne peut quemporter lassentiment des acteurs politiques.
Elle constituerait à lévidence une avancée dimportance vers lEtat de droit, la consolidation de la démocratie et un plus grand respect des libertés individuelles. Le simple citoyen, quand à lui, tout en reconnaissant la nécessité dun appareil policier national fort et performant, ne revendique que dêtre mis à labri dun arbitraire échappant à toute forme de sanction administrative ou judiciaire devenue depuis longtemps lexpression de la conception totalitaire de lEtat.