Les «républicains» sont pour une «refondation nationale»
Les «républicains» sont pour une «refondation nationale»
Par Younes Hamidouche, La Tribune, 30 juin 2001
Test réussi pour les «républicains» le jeudi 28 juin à Bab El Oued. Salle comble à la mythique Atlas, les six partis et organisations ont surtout confirmé leur volonté et leur détermination daller vers une démarche commune. Les MDS, MLD, ANR, CCDR, FD et RCD ont mis laccent, jeudi dernier, sur la nécessité de répondre favorablement aux attentes citoyennes et à la soif de démocratie exprimée violemment dans les rues de plusieurs régions du pays, la Kabylie et les Aurès plus que dautres. Après une minute de silence à la mémoire des victimes de la répression et à la mémoire de Mohamed Boudiaf, Redha Malek, président de lANR, et premier à prendre la parole, dira : «Il ny a pas dalternative à la démocratie.» «Les manifestations ne sont pas spécifiques à la Kabylie», a-t-il relevé avant dajouter : «Les jeunes Algériens demandent à ce que leur dignité soit respectée». Traitant le pouvoir d«immobilisme», Redha Malek souligne la nécessité daller vers une «refondation de lEtat.»De son côté, Abdelhak Bererhi du CCDR qualifie de véritable «intifadha» la révolte populaire des Algériens. Elle est, ajoute-t-il à ce propos, denvergure «nationale et dessence profondément démocratique» et elle a «suscité un espoir immense au sein de la société». Cest là que Bererhi trouve lexplication à léchec des islamistes à récupérer ce mouvement de révolte populaire bien quil relève lexistence d«indices dalliance entre le pouvoir et les islamo-conservateurs» auxquels il faut opposer les forces démocratiques réunies autour dun «SMIG républicain». Cela, poursuit Bererhi, permettra léclosion dune «force de refondation de lEtat pour une rupture avec le système en place depuis 1962».Allant dans le même sens de relèvement de «cet immense défi» de regroupement des forces démocratiques en vue dune «démarche de rupture», Sid Ahmed Ghozali, responsable du FD (parti toujours en attente de son agrément), relève demblée que «lidentité est méprisée» en Algérie. Le responsable des événements tragiques de ces derniers mois ? «Cest la surdité du pouvoir», tranche Ghozali. Le régime de Bouteflika a été «incapable de paroles généreuses qui pouvaient éviter tant de morts et tant de blessés», a-t-il indiqué. Il est «criminel» et vain davoir voulu «monter les régions du pays contre la Kabylie» car «les revendications sont partagées partout en Algérie», a-t-il conclu. Pour sa part, Soufiane Djilali, responsable du MLD, a mis laccent sur lurgence daller vers une «nouvelle Algérie» afin de «permettre à la nouvelle génération démerger». Soufiane Djilali relève qu«il faut sortir de la logique de la révolution et entrer dans celle de lévolution». Intervenant au nom du chef du MDS, El Hachemi Cherif -arrivé en retard pour lévénement (selon son représentant), Hocine Ali, membre de la direction de ce parti, a fustigé le pouvoir et sa théorie de «manipulation» reprise par les députés de la coalition (lancien parti unique et ses alliés). «La première grande manipulation cest davoir mis Messaadia à la tête du Sénat», souligne Hocine Ali sous les applaudissements nourris de lassistance. Le représentant du MDS ajoute : «Aujourdhui, le devoir national est duvrer au rassemblement des forces patriotiques et démocratiques, cest-à-dire unir des millions dAlgériens». Prenant la parole en dernier, le président du RCD, Saïd Sadi, relève, lui également, que «lAlgérie est en danger». «Ce régime responsable de cette catastrophe doit le payer» et rendre des comptes, souligne le Dr Sadi. Fustigeant ceux, dans le régime, qui «ont fait le choix de faire vivre le système au détriment de lAlgérie», Saïd Sadi écorche aussi les «intégristes [qui] nont pas eu la force de dévier ce mouvement citoyen». Un «mouvement populaire dessence démocratique», relève-t-il. Le premier responsable du RCD tranche clairement que «dans ce pays, la majorité est patriotique, démocratique et républicaine». De lavis de Saïd Sadi, un cadre «performant» doit être trouvé afin de porter les aspirations démocratiques de cette majorité dAlgériennes et dAlgériens, car «il ny a pas de solution partisane à la crise actuelle». «Il faut absolument quon dégage ce minimum [ ] sur lequel peut se construire une véritable alternative à notre pays».