Six navires de l’OTAN demain à Alger

manoeuvres militaires

Six navires de l’OTAN demain à Alger

Mounir B., Le Quotidien d’Oran, 11 mai 2002

Six bâtiments de l’OTAN feront, ce dimanche, une escale navale à Alger, sous la conduite du Commodore britannique, Angus Sommerville, afin de mener des manoeuvres conjointes avec les forces navales algériennes.

Les six navires, de type frégates et destroyers, resteront cinq jours en Algérie, dans le cadre des «activités de coopération» initiées dans le cadre du dialogue Algérie-OTAN entamé officiellement en mars 2000 à Bruxelles. Cette flottille de navires de guerre, qui comprendra des bâtiments de la marine britannique, allemande, grecque, italienne, espagnole et turque, fait partie de la flotte basée en Méditerranée, qui a déjà mouillé dans des pays comme la Tunisie, l’Egypte, le Maroc ou la Jordanie, avec lesquels l’OTAN a entamé le même type de dialogue politique et de coopération militaire. Cette escale navale permet à l’organisation de l’OTAN, dirigée par Lord Robertson, de resserrer ses liens avec des partenaires de la Méditerranée du Sud, dans le prolongement d’un échange stratégique et militaire que l’Alliance atlantique veut approfondir. D’ailleurs, les militaires de l’OTAN vont innover à l’occasion de cette escale et élargir leurs contacts aux cadres de l’Etat, aux politiques, à la société civile et aux médias. L’opération «portes ouvertes» sera organisée à leur attention.

Avec ce déplacement naval, dont le point d’orgue sera les manoeuvres communes, les troisièmes du genre, depuis que l’Etat-Major de l’OTAN a spécialement décidé d’intensifier ses relations avec l’armée algérienne. Cette coopération entamée timidement par une rencontre d’ambassadeurs des 19 pays membres de l’OTAN avec les pays méditerranéens, en 2000, en présence de l’ambassadeur d’Algérie en Belgique, Mohamed Lamari, avait atteint son apogée à travers la réception accordée au siège de l’OTAN, à Bruxelles, au président Bouteflika. Il est devenu ainsi le seul chef d’Etat, non membre de l’Alliance, à y avoir été reçu.

«Notre dialogue avec l’OTAN est une option stratégique et seuls le dialogue et la coopération peuvent garantir la paix en Méditerranée», avait indiqué le président algérien en ce 20 décembre 2001, à Bruxelles, lors de sa conférence de presse conjointe avec Robertson.

Il est vrai qu’avec la conjoncture de l’après 11 septembre, le dialogue Algérie-OTAN sur le terrorisme ne pouvait qu’être un vecteur supplémentaire d’entente entre les deux partenaires.

Lord Robertson avait alors promis aux autorités algériennes un soutien technique et politique en contrepartie d’une intégration graduelle de l’Algérie au plan stratégique de coopération, visant à la stabilisation de la région du Maghreb et en Méditerranée. Même si l’armée algérienne n’a pas encore franchi le seuil politique d’une intégration à moyen terme – les plus pessimistes évoquent 2010 au regard des difficultés rencontrées par certains pays de l’ancien bloc de l’Est, dont l’armement russe est similaire à celui de l’ANP – le seuil psychologique a été franchi depuis 1997.

C’est durant cette année charnière que des contacts informels, entre l’OTAN et l’Algérie, se sont concrétisé par la venue du premier officiel de l’Alliance à Alger. Sous couvert de la 6ème Flotte américaine, qui demeure la force navale principale des Américains et de l’OTAN en Méditerranée. Cette relation privilégiée, renforcée par des stages de formation d’officiers algériens dans des académies militaires, dans le cadre de programmes de l’OTAN, a connu une accélération importante avec la nomination à Bruxelles du général-major Saïd Bey. Les militaires de l’OTAN ont alors pris la pleine mesure de la volonté de professionnalisation de l’ANP et de sa rupture idéologique avec l’ancien allié russe. Un des points de blocage, qui pouvait handicaper l’intégration de l’Algérien à la stratégie atlantique.

Ainsi, des officiers algériens ont participé, en qualité d’observateurs, à l’opération «Cooperative Poseidon», qui s’était déroulée, l’été dernier, à Varna en Bulgarie, et qui impliquait un programme d’exercice de sécurité de sous-marins. D’autres programmes de type militaire se tiennent régulièrement mais demeurent couverts par la discrétion, ce qui fait que le dialogue avec l’OTAN a largement dépassé le seul cadre du dialogue politique.

 

 

 

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