Aux origines de la violence

Aux origines de la violence

FRANÇOIS GEZE

Directeur général des Éditions La Découverte

Mouvements, Novembre-Décembre 1998

Pour la plupart des grands médias français, la cause est entendue: la question de l’origine de la violence en Algérie ne se pose même pas. L’amalgame entre islam, islamisme et terrorisme génocidaire tient lieu de raisonnement. Pourtant cet amalgame n’apporte

aucune clé d’explication à la tragédie algérienne.

L’horreur des massacres de masse qui jalonnent depuis 1992 la « seconde guerre d’Algérie », et particulièrement ceux de l’été 1997, largement médiatisés, ont comme sidéré l’opinion. Pour nombre d’observateurs, cette barbarie est une « horreur sans précédent », qui ne peut être comparée qu’à celles du nazisme ou des Khmers rouges. Elle s’expliquerait en effet par l’idéologie totalitaire et génocidaire qui animerait les massacreurs: l’islamisme radical. D’où les expressions saisissantes de « khmers verts » ou de « nazisme vert », que l’on retrouve souvent, s’agissant des islamistes algériens, sous les plumes de Bernard-Henri Lévy (2) et d’André Glucksmann. D’où aussi la conclusion inévitable d’une telle analyse:  » La gravité de la situation nous impose désormais de mettre en accusation les assassins avant les autocrates », comme l’expliquait Génération Ecologie dans son appel au meeting parisien ( » Algérie: le silence tue « ) du 21 janvier 1998; car  » s’il est vrai que nul n’est parfait, et surtout pas le régime algérien, les assassins, égorgeurs, découpeurs, violeurs éviscérateurs, sont bien pires ».

Une thèse dont on trouve une variante plus radicale encore dans la prose récente d’un Alain Griotteray, comparant la lutte contre l’islamisme à celle contre le nazisme autrefois, en alignant une série d’arguments qui se veulent frappés au coin du bon sens mais dont l’ensemble est absolument sidérant (3). Il explique que  » certes, tous les Allemands n’étaient pas nazis mais il a fallu faire la guerre à tous les Allemands « , laissant entendre ainsi que tout musulman est un terroriste en puissance et que la guerre doit être totale contre tous les pays de culture islamique où sévit le terrorisme. On est là en plein délire « huntingtonien », dans lequel le prétendu  » choc des civilisations « justifie tout, de l’expulsion des immigrés au soutien sans faille à toutes les formes de lutte « antiterroriste », y compris celles qui utilisent des moyens aussi barbares que ceux de l’adversaire.

Quelles que soient les différences évidentes et profondes qui séparent les tenants de la thèse « humaniste » et ceux de la thèse xénophobe, force est de constater qu’elles comportent un noyau logique commun: l’amalgame entre islam, islamisme et terrorisme génocidaire tient lieu d’explication totale. C’est sans doute en France que le caractère d’évidence de cet amalgame est aujourd’hui le plus fortement prégnant dans les grands médias, et il y a à cela des raisons qui mériteraient d’être analysées en détail. Mais il faut en tout cas le dire avec force: cet amalgame ne peut apporter aucune clé d’explication à la tragédie algérienne, car il occulte l’essentiel d’une réalité complexe et ne peut servir qu’à justifier les pires dérapages.

On peut sans doute mobiliser les textes sacrés de l’islam pour justifier les pires barbaries, comme les inquisiteurs ont pu le faire avec l’Évangile en d’autres temps. Mais cela ne  » prouve  » strictement rien quant à l’origine de la sauvagerie incroyable des massacres en Algérie. Car, en premier lieu, de tels massacres ne sont hélas pas sans précédent », comme l’a rappelé le politologue américain Stathis N. Kalyvas dans un article remarquable (4), en évoquant la « ressemblance frappante » entre les massacres de masse commis au cours de la guerre civile grecque (1943-1949), opposant communistes et nationalistes, et ceux commis en Algérie. Il explique que « la comparaison dans le temps et dans l’espace des guerres civiles suggère que ce type de terreur, sélective et ciblée, constitue la stratégie par excellence des mouvements de guérilla et des groupes paramilitaires »; et que « du point de vue de la guérilla [en Algérie], il s’agit d’une démarche rationnelle, qui n’a rien à voir avec l’islam ou la religion en général; il s’agit d’un moyen déjà utilisé sur de nombreux fronts, dans plusieurs autres guerres civiles ‘. Terreur au demeurant utilisée par tous les camps: « Les généraux algériens, aujourd’hui, l’ont utilisée, de façon plus discrète mais non moins horrible. »

Aussi utile soit-il, ce rappel ne suffit pas à comprendre la durée, la violence et l’opacité de la « seconde guerre d’Algérie ». Car, là comme ailleurs, il existe d’autres raisons, spécifiques à l’histoire du pays. La principale, à mes yeux, est le poids de la tradition de manipulation de la violence par ceux qui ont exercé le pouvoir en Algérie depuis plusieurs générations. Ce fut le cas lors de la colonisation française, depuis 1830, comme je l’ai évoqué ailleurs avec Pierre Vidal-Naquet (5). Mais cette tradition, je voudrais y revenir ici, a perduré au sein du mouvement nationaliste algérien, dès la guerre de libération elle-même et jusqu’à aujourd’hui.

· La manipulation de la violence au cour de la première guerre d’Algérie

L’histoire officielle de la première guerre d’Algérie, des deux côtés de la Méditerranée, a largement occulté cette dimension, qui fut pourtant essentielle. Du côté français, l’armée a largement eu recours à la manipulation, par exemple en créant des faux maquis pour déconsidérer ceux de l’ALN (comme l’ont fait aujourd’hui les généraux algériens pour déconsidérer ceux de l’AIS), faux maquis dont certains se sont d’ailleurs retournés contre

leur maîtres (6). Ils ont aussi joué sur les divisions du camp nationaliste, en soutenant en sous-main des maquis opposés au FLN, comme en témoigna la célèbre affaire Bellounis (7) (procédé fréquemment utilisé depuis 1992 par l’armée algérienne). Et ils ont surtout largement mobilisés des forces supplétives « indigènes » – quelque 260 000 hommes, dont les plus connus furent les harkis – pour diviser la population (procédé qui s’est répété de nos jours avec la création en 1994 des  » groupes de légitime défense  » et autres milices de  » patriotes »).

Les manipulations ont causé des dégâts d’autant plus considérables dans les rangs nationalistes que ceux-ci ont été eux-mêmes très vite marqués par l’habitude d’utiliser les techniques de violence aveugle qu’évoquaient Stathis N. Kalyvas. Ainsi, en 1958, de la tristement célèbre opération Amirouche (la « bleuite », du nom des bleus de chauffe portés par les supplétifs algériens de l’officier français responsable de l’opération): les militaires du contre-espionnage français avaient arrêté des combattants du FLN, et les avaient ensuite relâchés après leur avoir fait croire que nombre de leurs camarades de combat étaient des traîtres à la solde de l’ennemi. Cette intoxication a conduit le commandant Amirouche, chef de la willaya III (Kabylie), à faire torturer et assassiner près de deux mille moudjahidines (8).

Cette sorte de folie était en effet présente au cour même du combat de libération, comme en témoigne le rôle majeur qu’y a joué très tôt la culture paranoïaque des services de renseignement et de contre-espionnage du FLN (le MALG), établi à Tripoli en Libye. Son principal responsable, Abdelhafid Boussouf, avait construit un service dont les actions étaient bien sûr dirigées contre l’armée française, mais qui assurait aussi une fonction de contrôle et de vigilance intérieure contre les combattants algériens eux-mêmes. À l’époque, la guerre, interne entre le FLN et le MNA (Mouvement national algérien, dirigé par Messali Hadj) était intense; elle fit plusieurs milliers de morts en France et en Algérie. L’un de ses épisodes les plus tragiques fut le massacre de Melouza (9), massacre précurseur de ceux d’aujourd’hui . Elle s’est soldée par la défaite du MNA. Mais d’autres affrontements sanglants ont également opposé différentes factions au sein même du FLN, à l’image de ceux qui sont intervenus ces dernières années au sein des GIA.

Les hommes de A. Boussouf avaient été formés par le KGB à Moscou, au sein de la fameuse promotion « Tapis rouge » (10). Ces Raspoutine comploteurs se sont trouvés en résonance avec la tradition de manipulation de la violence coloniale, et ils l’ont mise en ouvre avec l’aide des techniques soviétiques, à une échelle que l’on n’imagine pas.

Lors du congrès de la Soummam en août 1956, Abbane Ramdane, I’un des dirigeants du FLN les plus charismatiques, était parvenu à imposer son autorité contre ceux qui voulaient que les armes commandent au politique. Mais sa victoire fut de courte durée. En décembre 1957, Boussouf et ses

hommes l’ont attiré dans un guet-apens: ils l’ont fait venir dans une ferme au Maroc pour l’étrangler. Par la suite, ils ont affirmé qu’Abbane Ramdane était mort au combat, tué par les militaires français. La vérité est longtemps restée secrète et elle n’a jamais été reconnue par l’histoire officielle algérienne. Cet acte fondateur, l’assassinat par ses frères d’un des principaux dirigeants nationalistes, a largement déterminé la suite de l’histoire du pays. Et la victoire de l’«armée des frontières » en juin-juillet 1962 a encore aggravé et durci cette évolution funeste.

· Les massacres de 1962

En mars 1962, au moment des accords d’Évian qui marquent la fin de la guerre, les unités combattantes de l’intérieur sont pratiquement détruites, l’armée française a gagné militairement depuis déjà deux ans. Le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) est au Caire et nombre de combattants nationalistes exilés ont rejoint les rangs de l' »armée des frontières », cantonnée pour une petite part au Maroc et principalement en Tunisie, derrière la « ligne Morice » (barrière construite par l’armée française le long de la frontière tunisienne pour empêcher les infiltrations). Incapable de ce fait d’opérer sur le territoire algérien, l’armée des frontières forme bien une véritable armée, mais elle ne se bat pas. Le 5 juillet 1962, un référendum consacre l’indépendance, et le GPRA revient en Algérie ainsi que l’armée des frontières. Cette dernière, dirigée par le colonel Houari Boumediene, fait alors un véritable coup d’État contre les civils du GPRA et prend le pouvoir après avoir éliminé – au prix de combats meurtriers – les opposants des demières unités du FLN des willayas III et IV. Elle va imposer Ahmed Ben Bella à la présidence comme façade civile pendant trois ans.

C’est donc ceux qui n’ont pas combattu qui sont au pouvoir, alliés aux combattants de la vingt-cinquième heure, les « marsiens » (appelés ainsi pour s’être rallié après le cessez-le-feu du mois de mars; ils se sont réveillés combattants nationalistes alors qu’ils n’avaient pas bougé de toute la guerre et que la majorité des vrais combattants avaient été décimés par les Français). Ces « marsiens » vont afficher leur allégeance au nouveau pouvoir en se livrant à d’atroces représailles contre les harkis et autres « supplétifs » de l’armée française, et leurs familles. On ne saura jamais le chiffre exact, mais les historiens admettent qu’il est de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers de victimes (plus de 50 000 ?). L’ampleur de ces massacres – échelonnés de mars à la fin de 1962 – est à comparer aux 350 000 victimes civiles et militaires du côté algérien pendant les sept ans de la guerre d’indépendance (27 000 victimes du côté français). On peut imaginer le traumatisme résultant de massacres de masse qui se déroulèrent dans les conditions les plus épouvantables qui soient. Mais de tout cela on n’a guère parlé: les « marsiens » ont assassiné dans le silence en se cachant derrière la joie de l’indépendance si durement acquise. Ils ont tué de façon barbare ceux qui avaient collaboré avec les Français, lesquels les avaient utilisés pour combattre leurs frères, contre lesquels ils avaient eux-mêmes souvent perpétré les pires atrocités

Comment croire que la mémoire de ces massacres croisés ne soit pas restée, marquée au fer rouge, dans les esprits des survivants, de leurs enfants et de ceux des victimes des deux bords, c’est-à-dire aujourd’hui de millions de familles algériennes ? Comment croire que la mémoire jamais assumée de ces horreurs n’ait pas une large part dans certains massacres actuels, où se règlent aussi les comptes des générations précédentes ? Mais dès 1962, cette mémoire va être étouffée par un État de fer tenu par l’armée des frontières, avec à l’intérieur de cette armée, la Sécurité militaire (SM), héritière du MALG de A. Boussouf et contrôlée par Boumediene.

· Un pouvoir de type mafieux

De 1963 à 1965, Ahmed Ben Bella fait son office au gouvernement, dans un climat d’euphorie où bouillonnent les initiatives individuelles. Mais les militaires ne le jugent pas suffisamment docile, et ils décident de s’en débarrasser par un coup d’État « bien propre » qui dure une journée et fait peu de victimes. Boumediene prend alors le pouvoir. Il se révélera un fin politique, aidé – il faut le dire – par la brutale augmentation des prix du pétrole en 1973, laquelle permit de pallier l’épuisement qui guettait le régime: cet oxygène économique va donner plusieurs années de prospérité. Le pouvoir se lance alors dans un ambitieux plan d’industrialisation, tandis que les responsables de la Sécurité militaire, sous la houlette de Boumediene, répartissent une partie de la rente pétrolière entre les différents clans du pouvoir et leurs clientèles, permettant ainsi de maintenir la paix sociale.

Les méthodes sont extrêmement sophistiquées et s’apparentent à un fonctionnement de style maffieux: une « coupole » a délégué un des siens pour jouer le rôle de parrain, et Boumediene fut un parrain particulièrement fort, jouant habilement entre les différents clans régionaux – Chaouis de l’Est, minoritaires, occupant un rôle central, Kabyles du Centre et Arabes de l’Ouest. Mais la violence n’est pas pour autant absente: la torture continue à être un moyen privilégié pour mettre au pas les opposants, comme ceux du parti communiste (le Parti de l’avant-garde socialiste), dont de nombreux membres deviendront ainsi des compagnons de route obligés du régime.

À la mort de Boumediene, en décembre 1978, dans cette délicate « démocratie entre pairs » dont les membres se comptent sur les doigts de deux ou trois mains, les militaires se choisissent un parrain un peu falot, un anti-Boumediene: Chadli Bendjedid est désigné président de la République en 1980. Au milieu des années 80, les prix du pétrole chutent, et la situation économique se durcit. Le tarissement relatif des recettes pétrolières et l’introduction de méthodes se voulant « libérales . dans le fonctionnement d’une économie hyperétatique de style soviétique vont casser les ressorts du système. La légitimité de l’État, qui était confortée dans la période précédente par le niveau des ressources économiques et par la force de Boumediene, de son discours nationaliste et tiers-mondiste, est mise en cause.

La manne diminuant, la concurrence entre clans s’exacerbe pour essayer de se l’accaparer. Le système est alors devenu plus fragile et les tensions sociales se sont accentuées. Il s’en est suivi les émeutes d’octobre 1988, qui se sont soldées par plus de 500 morts: l’armée a tiré sur la foule des jeunes, et on a torturé massivement dans les commissariats. Ces manifestations étaient l’expression d’un « ras-le-bol » populaire qui montait depuis sept ou huit ans avec l’affaiblissement de la redistribution des miettes de la rente et l’échec de plus en plus patent de la politique économique. Un des clans du pouvoir a favorisé le déclenchement des manifestations, pensant que face au désordre il pourrait s’imposer face aux autres. Mais lorsqu’ils ont w l’ampleur du traumatisme qu’ils avaient provoqué, ils se sont vite ressoudés.

· Les années « démocratiques » (1989-1991) et le coup d’État de janvier 1992

En 1988, les militaires décident de courir le risque d’une  » démocratisation  » relative de la vie politique, mais en préservant évidemment le cour du système, à savoir le contrôle à leur profit de la rente pétrolière et des commissions occultes. Non sans certaines conditions restrictives, la possibilité est donnée à divers partis d’exister. C’est ainsi que le FIS (Front islamique du salut) est créé, à l’instigation des hommes qui contrôlent le FLN: pour les Algériens de la rue, jamais en peine de calembours, le FIS est le « fils du FLN », tant il est vrai que les militaires avaient instrumentalisé l’islam dès le début.

Pendant trois ans, de 1989 à 1991, la presse peut s’exprimer presque librement, il y a une véritable ébullition dans tout le pays. Car au sein des clans des officiers supérieurs qui contrôlent toujours solidement le pouvoir, les partisans d’une réforme politique et économique audacieuse l’ont provisoirement emporté. Mouloud Hamrouche, représentant de l’aile dite « réformatrice» du FLN, devient Premier ministre. Il est entouré d’une équipe qui compte sans doute les hommes les plus honnêtes ayant accédé aux affaires, sans pour autant les diriger. L’armée était derrière eux pour contrôler, mais ils ont essayé sincèrement de réformer le pays, sans s’enrichir effrontément comme le faisaient jusque-là nombre de ministres algériens dès qu’ils prenaient leur fonction.

L’expérience prend fin quand le gouvernement Hamrouche commence à s’attaquer aux circuits de la corruption contrôlés par les militaires. En juin 1991, il est renversé par un coup d’État typique des techniques de manipulation de la Sécurité militaire: celle-ci a utilisé le FIS – qui à l’époque était toujours un parti légal -, en l’encourageant discrètement à manifester dans la rue. Sans s’en rendre compte, le FIS s’est laissé manipuler, et il a donné prétexte à l’armée d’arrêter l’expérience Hamrouche. Jugé incapable de faire régner l’ordre, Hamrouche est démis et remplacé par Sid Ahmed Ghozali pour préparer les élections législatives.

En 1991, les élections municipales voient la victoire relative du FIS, qui obtient le tiers des inscrits et 54 % des suffrages exprimés (soit 4,3 millions de voix). Puis vient la préparation des législatives de décembre 1991. Avec une nouvelle équipe gouvernementale beaucoup mieux contrôlée que la précédente, les militaires étaient alors absolument convaincus d’avoir concocté un mode de scrutin parfaitement verrouillé qui leur permettrait sans truquage de l’emporter haut la main, par FLN interposé: le scrutin était majoritaire et il suffisait d’un petit nombre de voix d’avance pour avoir une majorité assurée. Mais ce calcul a échoué, car le FIS a devancé le FLN. Avec 24,5 % des votes des inscrits (soit 47 % des suffrages exprimés et 3,3 millions de voix), le FIS se retrouvait avec 44 % des députés élus au premier tour et il pouvait espérer obtenir la majorité au deuxième tour. Panique chez les militaires: les généraux se sont réunis et ont décidé d’annuler les élections. Le slogan « démocratique » qui proclamait que la démocratie était menacée par l’islamisme n’était que de pure façade: la vraie menace, pour les chefs militaires, c’était que les chefs islamistes se substituent à eux pour le contrôle de la rente.

Chadli, encore président de la République, étant soupçonné de vouloir cohabiter avec les islamistes, les militaires le contraignent à démissionner. Début janvier 1992, le second tour des élections est annulé. L’état d’urgence est décrété et le FIS bientôt interdit. Une répression massive se met en place: plus de 15 000 sympathisants islamiques, ou supposés tels, sont arrêtés et déportés dans les camps du Sud où ils sont détenus dans des conditions effroyables; la torture, déjà largement pratiquée, se généralise.

La spirale de la violence et de la terreur est enclenchée.

· L’assassinat de Boudiaf et la guerre sale

Les militaires font alors appel à Mohamed Boudiaf, l’une des grandes figures de la guerre de libération, éloigné depuis bien longtemps des affaires algériennes, comme président de la République. M. Boudiaf n’avait sans doute pas bien vu comment fonctionnait le système, et peut-être avait-il cru pouvoir le réformer de l’intérieur. Il a lui aussi essayé de faire des enquêtes financières sur les circuits de corruption, mais cela n’a pas duré six mois. Le 29 juin 1992, il est assassiné au cours d’un meeting, devant toutes les télévisions, pour que tout le monde comprenne. En Algérie, personne n’a cru que l’assassinat était le fait des islamistes comme l’a annoncé le pouvoir. Boudiaf s’est fait mitrailler au moment précis où il prononçait le mot  » islam « , et la scène filmée par la télévision a été rediffusée en boucle pendant des semaines. Le message est parfaitement passé, tout le monde a compris: ce ne sont pas les islamistes qui ont tué Boudiaf, mais les militaires.

C’est à ce moment-là que la guerre a vraiment commencé, une guerre sale et totale. Des militants du FIS clandestin constituent des groupes armés (qui se réuniront en juillet 1994 au sein de l’« Armée islamique du salut », AIS, bras armé du FIS) et forment des maquis sur le modèle de la guerre de libération contre l’armée française. Les références sont en effet absolument claires, dans les actes comme dans les discours: le FIS et l’AIS se sont définis comme le FLN et l’ALN. Comme le FLN, le FIS a commencé par tuer sélectivement, essentiellement des chefs militaires et des cadres du pouvoir. Mais très vite, la confusion s’est installée, notamment avec les premiers assassinats d’intellectuels et de journalistes, tous attribués aux terroristes islamistes par la presse liée au pouvoir, ce qui est pourtant loin d’être évident. Que certains de ces meurtres soient le fait de militants islamiques est plus que probable. Mais l’implication directe ou indirecte de la Sécurité militaire dans plusieurs d’entre eux est tout aussi probable. Il n’existe pas de preuves à ce propos, mais on dispose d’indices concordants très nombreux. Ainsi, M. Boucebci, le psychiatre chargé d’interroger l’assassin de Boudiaf, était l’un des animateurs d’un comité pour la vérité sur la mort du président et il s’approchait de cette vérité. Il a été assassiné devant la clinique ou il travaillait. Il aurait été tué par de prétendus islamistes…

De même, les assassins présumés de l’écrivain et journaliste Tahar Djaout (un « éradicateur » militant) ont été arrêtés puis jugés, mais ils seront finalement disculpés parce qu’ils se trouvaient ce jour-là à 500 kilomètres du lieu du crime. Par la suite, les enquêtes ne menèrent à rien et la probabilité est aussi élevée que les auteurs de cet assassinat soient des islamistes – au nom de leur combat contre le pouvoir, T. Djaout était pour eux une cible toute désignée – que les militaires.

À partir d’un certain moment, la spirale de la violence est devenue difficile à contrôler, y compris par le pouvoir, et on a basculé dans la folie. En 1994 et 1995, pour essayer de liquider les maquis, l’armée a employé les grands moyens – y compris le napalm (11) -, la torture s’est généralisée (la Fédération internationale des droits de l’homme a recensé une quinzaine de centres de torture dans la seule région d’Alger). Les quelque 18 000 prisonniers politiques, de l’aveu même d’un des responsables du pouvoir à un enquêteur de la FlDH (12), ne sont que des troisièmes ou quatrièmes couteaux: les premiers et seconds couteaux ne sont pas en prison, ils ont été exécutés dès leur arrestation, après avoir été torturés. Les moyens mis en ouvre par les militaires algériens pour tenter d’« éradiquer » l’islamisme sont démesurés, cela va des rafales de mitraillettes à la sortie des mosquées jusqu’aux opérations militaires de grande envergure pour liquider des maquis entiers, en passant par les enlèvements (plusieurs milliers) et les techniques de tortures les plus barbares. Directement inspirée des méthodes de l’armée française au cours de la guerre de libération, la stratégie répressive du pouvoir viole massivement les droits de l’homme.

· L’apparition du GIA et le renforcement de la terreur

En janvier 1993, le  » Groupe islamique armé  » apparaît soudainement; on parle d’abord du GIA, puis  » des  » GIA. Il est très probable que la base du ou des GIA soit formée de dissidents radicaux du FIS. Mais de nombreux indices laissent penser que ceux-ci ont à tout le moins été largement infiltrés par la Sécurité militaire. Ainsi, les GIA n’ont-ils jamais fait connaître l’existence d’une direction politico-militaire centralisée – ce qui constitue un cas totalement inédit dans l’histoire des mouvements de guérilla. De même, chaque fois qu’un « émir » des GIA est exécuté par l’armée, le nom de son successeur est annoncé sans délai dans les quotidiens liés au pouvoir: situation pour le moins étrange s’agissant d’un mouvement terroriste décrit comme hyper-clandestin…

Plusieurs enquêtes menées après les massacres atroces de 1997 et 1998 (Bentalha, Raïs, Beni Messous, Larbaa, Sidi Hamed, Relizane, etc.) vont dans le même sens. S’agissant de celui de Rélizane (janvier 1998), une députée du mouvement de jeunes RAJ a recueilli des témoignages de survivants selon lesquels des hélicoptères de l’armée avaient survolé pendant trois jours le village, puis avaient quitté les lieux une heure avant le début du massacre, pour y revenir ensuite. On dit aussi que lors de plusieurs massacres, les groupes armés sont arrivés et repartis en camion, alors que l’on sait que les groupes armés islamistes ne disposent pas de cette logistique. Le lendemain d’un massacre, des survivants ont reconnu et dénoncé plusieurs des assassins déambulant tranquillement dans un village voisin, et ils n’ont pas été arrêtés.

Autre indication: contrairement à ce que prétendent les « éradicateurs » français, les massacres de 1997 et 1998, largement médiatisés par le pouvoir algérien lui-même, n’ont fait l’objet d’aucune revendication. Ce fait étrange colle mal avec la vision classique de groupes terroristes soucieux d’affirmer leur puissance par des revendications sans ambiguïtés. Pour tous les Algériens qui n’appartiennent pas au sérail et à ses proches (l’immense majorité), il n’y a en tout cas guère de doute: la plupart d’entre eux sont convaincus que les militaires sont d’une manière ou d’une autre, directe ou indirecte, à l’origine de plusieurs de ces massacres; dans cette perspective, il leur paraît logique que les véritables responsables se moquent de la revendication: peu importe que les gens croient ou non qu’il y ait un GIA véritablement autonome, l’essentiel est que tous soient convaincus que les hommes au pouvoir soient prêts à tout pour le conserver.

Les éradicateurs – algériens et français – qui récusent comme « obscène l’hypothèse que les massacres puissent avoir d’autres responsables que les groupes terroristes islamistes, affirment que ceux-ci sont bel et bien dirigés par un état-major qui siégerait essentiellement à l’extérieur de l’Algérie: à Londres, en Allemagne ou en Suisse. Et ils en voient la preuve dans l’existence en effet indiscutable de journaux en langue arabe se réclamant du GIA, édités notamment à Londres, où l’on peut lire qu’il est licite d’égorger des gens au nom de telle ou telle sourate du Coran. Mais dans le même souffle, ils identifient GIA et FIS, occultant le fait que les premiers livrent une guerre sans merci au second, et que le FIS a systématiquement dénoncé dans des communiqués publics les massacres perpétrés « au nom de l’islam ».

La question que se posent donc beaucoup d’Algériens est de savoir si les GIA sont une création pure et simple de la  » SM  » (abréviation en vigueur pour l’homme de la rue, même si la Sécurité militaire est officiellement devenue  » Département du renseignement et sécurité  » – DRS – sous l’ère Chadli), ou s’ils sont simplement manipulés par elle. En tout cas, que les actions des GIA aillent dans le sens des voux de la Sécurité militaire est une certitude – c’est le cas notamment des massacres de familles entières de combattants de l’AIS dont ils se sont rendus responsables.

· La guerre des clans

Depuis 1995, la guerre civile est entrée dans une nouvelle phase. La mission que s’étaient donnée les militaires était de liquider l’AIS et le FIS, et ils y sont largement parvenus: les maquis de l’AIS ont été très affaiblis par les coups portés par l’armée et par les GIA. Logiquement, le niveau de violence aurait dû diminuer. Mais c’est l’inverse qui s’est produit: les massacres atroces se sont multipliés, comme ceux qui ont été rendus publics à l’été 1997 – mais d’autres, tout aussi affreux, s’étaient déjà produits auparavant. Cette spirale de la violence a été entretenue par le développement des « milices de patriotes » et autres « groupes de légitime défense » encouragés et armés par le pouvoir.

Dès lors, s’est peu à peu imposée la terrible hypothèse que ce climat de terreur était en fait entretenu par les militaires et la Sécurité militaire pour étouffer la grogne et la hargne populaire, qui auraient pu prendre sans cela des dimensions dangereuses. Officiellement, le tiers de la population est au chômage, en vérité c’est sans doute plus encore; trois jeunes sur quatre n’ont pas de travail, les prix ont augmenté démesurément, les salaires réels ont chuté et une part croissante de la population vit dans une misère qui s’accroche de jour en jour – d’où l’explosion du « trabendo », ce marché noir fait de mille petits trafics qui permettent au moins d’assurer un minimum de ressources.

À côté de cela, on assiste au spectacle indécent d’une nomenklatura composée des chefs de la Sécurité militaire, de généraux, de ministres de façade, d’affairistes et de quelques journalistes sous influence. Une poignée d’entre eux ont accumulé des fortunes colossales (sous forme de comptes en Suisse, d’hôtels à Paris et ailleurs en Europe, etc.), presque tous vivent semi-reclus sur les cinq kilomètres carrés de la célèbre résidence du « Club des Pins », étroitement protégée par l’armée et dont les habitants les plus importants ne sortent qu’en voiture blindée.

Une nomenklatura solidaire face à la détresse et à la colère du peuple, prête à tout pour s’en protéger et conserver ses privilèges, mais en même temps rongée par les jalousies et les luttes de clans. Et cela d’autant plus qu’avec le désordre généralisé, le contrôle centralisé de la rente est devenu plus difficile. En 1993, ils ont commencé à s’entretuer. Le 21 août, un clan a fait assassiner Kasdi Merbah, qui avait été le chef de la Sécurité militaire pendant les années Boumediene. Malgré sa voiture blindée et ses gardes du corps, il a été assassiné avec un professionnalisme qui rend totalement improbable l’hypothèse officielle d’une action des terroristes islamistes. Kasdi Merbah était alors engagé dans des tractations politiques avec le FIS, lesquelles visaient sans doute une nouvelle alliance de pouvoir pour le contrôle de la rente et des commissions: un = deal ~ inacceptable pour les chefs militaires. En février 1996, ces derniers ont également fait assassiner Aboubakr Belkaïd, l’homme-lige de l’ancien ministre de l’Intérieur Larbi Belkheir et le parrain des partis .` éradicateurs » créés en 1989: la nouvelle conjoncture politico-sécuritaire l’avait rendu inutile… En 1997, la lutte est devenue plus feutrée: les clans qui contrôlent le pouvoir se sont repris, car ils partagent tous le souci de durer à tout prix, même s’ils restent divisés sur les moyens à mettre en ouvre pour y parvenir.

Le clivage principal oppose les partisans d’un accord avec l’ex-FIS (le président Liamine Zéroual et son conseiller l’ex-général Mohamed Betchine, qui ont été à l’origine de la trêve conclue avec l’AIS en octobre 1997) à ceux qui tiennent à poursuivre l’« éradication » par tous les moyens (le général Mohammed Lamari, le chef d’état-major de l’armée, et le général Médiène, patron de la SM). Mais en 1998, cette guerre intestine est devenue plus aiguë. La fin de l’accord triennal avec le FMI, impliquant une reprise des remboursements de la dette alors même que la chute des cours du pétrole fragilisait l’économie algérienne, a contribué à durcir les conflits entre les généraux au pouvoir. Et au cours de l’été 1998, on a assisté dans la presse algérienne – dont tous les titres sont inféodés à tel ou tel clan – à une surprenante bagarre publique opposant les deux clans, qui s’est – très provisoirement – soldée par la surprenante démission du président Zéroual le 11 septembre. Et dans le même temps, comme chaque fois que la lutte au sommet s’aiguise en Algérie, les massacres se multipliaient à nouveau…

· Sortir de la violence

Le seul rappel de ces quelques faits suffit à faire comprendre que la tragédie algérienne ne peut s’expliquer par la lutte sans merci, comme on nous le raconte, entre des «` démocrates sincères ~ et des islamistes «« afghans ». Cela ne cadre pas: tous ceux qui travaillent sur l’Algérie, sans oillères et sans être inscrit dans un courant idéologique – des sociologues, des anthropologues, des historiens, en France, aux Etats-Unis comme en Algérie -, tous partagent cette conviction (13).

Pour essayer de comprendre, il faut comparer la Sécurité militaire algérienne à ce qu’était la Stasi en Allemagne de l’Est ou la Securitate dans la Roumanie de Ceaucescu En Algérie comme en RDA ou en Roumanie communiste, chacun se sent « fliqué » en permanence, et la paranoïa antiSM nourrit les rumeurs les plus folles. Depuis 1962, dans toutes les usines, dans chaque lieu de travail, il y avait un bureau de la Sécurité militaire qui contrôlait tout: nominations, distributions d’argent, avantages divers… Le « modèle algérien » reste toutefois spécifique: son originalité tient dans cette combinaison de techniques soviétiques de surveillance de la population fort sophistiquées et d’un style de manipulation propre à l’héritage nationaliste algérien et à la colonisation française. La conjonction de ces traditions explique l’ampleur des dégâts.

Comment sortir de ce huis clos tragique ? C’est d’abord en Algérie que devra se trouver le chemin du retour à la paix civile. La tentative de lS accord de Rome », en janvier 1995, a certes échoué, mais elle a montré la voie. Cette « offre de paix », signée par les principaux partis de la véritable opposition de l’époque (le FIS dissous, le FLN réformateur- depuis repris en main par l’armée -, le FFS, le Parti des travailleurs, la Ligue algérienne de défense de droits de l’homme), n’a rien fait d’autre que de poser le cadre démocratique dans lequel chacun acceptait d’inscrire son combat politique. Il stipulait le respect d’un certain nombre de principes, dont celui de l’alternance. Cet accord s’était conclu après de rudes discussions avec les représentants du FIS, qui finalement l’avaient accepté. La question la plus vive a concerné l’attitude à adopter avec les militaires: les signataires de l’« offre de paix » de Sant’Egidio avaient convenu qu’ils devraient rentrer dans leurs casernes, mais aussi qu’ils ne pouvaient être exclus du champ politique. Ces forces politiques savaient parfaitement que le seul pouvoir actuel est l’armée, avec en son sein la SM, et qu’il est illusoire de croire que l’on puisse trouver une solution politique sans elle; il faudrait pourtant obliger les militaires à rentrer dans le cadre de ce jeu-là. C’est la seule voie imaginable actuellement pour que le sang arrête de couler.

Des féministes algériennes, comme Louisa Hannoune (14) et Salima Ghezali, déclarent se battre contre l’islamisme mais elles refusent que cela se fasse au chalumeau, à la scie électrique et à la mitrailleuse. Si demain un cadre démocratique est rétabli, un véritable combat politique contre l’islamisme pourra reprendre et devenir très dur, mais il passera par la parole, par le conflit, par l’argumentation, par la loi.

En France et ailleurs, nous pouvons contribuer au combat pour la paix en nous mobilisant pour que notre propre gouvernement respecte les engagements qu’il a souscrit en notre nom: à savoir les différents pactes internationaux sur le respect des droits de l’homme, également souscrits par le gouvernement algérien. Si nous continuons à accepter que ce dernier les viole impunément, cela signifie que nous acceptons qu’ils soient aussi demain violés chez nous. L’envoi d’une commission d’enquête internationale sur les violations des droits de l’homme en Algérie reste aujourd’hui l’urgence absolue, surtout après la dérisoire  » mission d’information  » de l’ONU en juillet 1998. Le gouvernement de Lionel Jospin s’honorerait en cessant de mettre des obstacles à cette demande, qui est aujourd’hui celle de nombreux États démocratiques. Et il pourrait aussi, diligenter des enquêtes financières sur les commissions occultes liées aux échanges commerciaux franco-algériens, qui jouent un rôle essentiel dans le maintien au pouvoir des dictateurs d’Alger et dans le martyre du peuple algérien.

1 Alain FINIKELKRAUT, Libération,21 janvier 1998.

2 Le Monde, 4 février 1978.

3 Alain GEIOTTERAY, « L’ennemi insaisissable », Le Figaro Magazine, 22 août 1998.

4 Stathis N. KALVAS, «Comprendre les massacres « , Le Monde, 4 février 1998.

5 François GÈZE et Pierre VIDAL-NAQUET, «L’Algérie et les intellectuels français », Le Monde, 4 février 1998.

6 On pourra lire à ce sujet le livre passionnant de Camille LACOSTE DU JARDIN, Opération  » Oiscau bleu « , La Découverte, Paris, 1996.

7 Voir sur ce point le livre étonnant de Chems EDDIN, L’Affaire Bellounis. Histoire d’un général fellagha (précédé de «Retour sur la guerre d’Algérie », par Edgar MORIN), Éditions de l’Aube, LaTour d’Aigues, 1998.

8 Cf Benjamin STORA, «Amirouche et les « purges » de 1958 », in REPORTERS SANS FRONTIÈRES (dir.), Le drame algérien, La Découverte, Paris, 1996, p. 71.

9 Le 30 mai 1957, 374 habitants du village de Melouza, sympathisants du MNA, furent massacrés par des combattants de l’ALN (la branche armée du FLN).

10 Cf Mohammed HARBI, «Le système Boussouf », in REPORTERS SANS FRONTIÈRES (dir.), Le Drame algérien, op. cit, p.89.

11 Je renvoie sur ce point aux éléments d’information apportés dans notre réponse àB.-H. Lévy (François GEZE et Pierre Vidal-Naquet, l’Algérie de Bernard Henri Lévy ., Le Monde, 5 mars 1998); des éléments certes partiels, mais qui ont pu être établis en recoupant systématiquement les différentes sources accessibles (responsables de partis politiques, journalistes, avocats défenseurs des droits de l’homme).

12 AMNESTY INTERNATIONAL, FEDERATION INTERNATIONALE DES DROITS DE L’HOMME, HUMAN RIGHTS WATCH, REPORTERS SANS FRONTIERES, Algérie, le livre noir, La Découverte, Paris, 1997.

13 Voir à ce propos à l’article de Lahouari ADDI dans le Monde diplomatique de janvier 1998, qui décrit de façon remarquable le système algérien d’aujourd’hui.

14 Louisa HANNOUNE (avec Ghania MOUFFOK), Une autre voix pour l’Algérie, La Découverte Paris, 1995.

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