De nouvelles mesures pour contrer le salafisme et l’extrémisme

associations religieuses

De nouvelles mesures pour contrer le salafisme et l’extrémisme

El Watan, 4 septembre 2014

Les autorités comptent renforcer le contrôle des associations religieuses.

Face à la montée des idées salafistes et extrémistes qui minent la société algérienne, le gouvernement semble décidé à revoir le fonctionnement des organisations à caractère religieux et la réglementation les régissant, et ce, en application de la loi sur les associations n°12-06 du 12 janvier 2012. Pour ce faire, apprend-on auprès d’une source proche du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, un projet de décret est actuellement en préparation pour mettre de l’ordre en matière de création d’associations religieuses.

Un domaine qui compte le plus grand nombre d’organisations en Algérie avec, selon des statistiques du ministère de l’Intérieur établies en décembre 2011, 15 304 associations locales, soit 16,52% du tissu associatif national qui compte 92 627 associations. L’agrément de ce genre d’associations, encouragé par les précédentes législations, a pris des proportions importantes ces dernières années. Elles devancent ainsi les associations de sport et d’éducation physique (15 019 organisations) et celles des parents d’élèves (14 891 organisations).

Les wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa arrivent en tête avec respectivement 728 et 663 associations religieuses, loin devant Adrar et Alger (569 organisations chacune), El Oued (551) et Sétif (546). Le projet en question vise, d’abord, à revoir les procédures d’agrément des associations à caractère religieux. Il prévoit, selon notre source, un contrôle hermétique de l’administration sur cette procédure. «Contrairement aux dispositions de la loi sur les associations, ce projet prévoit deux dispositions : la première concerne les associations communales ou de wilaya, dont les dossiers relatifs à leur constitution doivent être déposés à la wilaya et non pas à l’APC, comme le stipule la loi sur les associations.

La seconde porte sur l’agrément des associations nationales ou interwilayas qui sera examiné par le ministère de l’Intérieur», explique notre source. C’est le premier filtre. Selon la même source, les personnes désireuses de créer des organisations à caractère religieux doivent obtenir, au préalable, l’aval des directions des affaires religieuses qui doit être inclus dans le dossier de demande d’agrément. Dans le but de lutter contre toutes les formes d’extrémisme qui prennent de l’ampleur dans la société, le gouvernement renforce également la législation.

Contact avec des organisations étrangères contrôlé

Il met, dans ce sens, en application les promesses de l’actuel ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa. «Le décret en question obligera aussi les associations à s’engager à ne pas adopter des idées extrémistes et fanatiques et à ne pas abuser des faiblesses matérielles, physiques ou morales des individus», indique notre source. La prochaine loi, ajoute-t-on, devra aussi renforcer le contrôle des budgets et des dépenses des associations religieuses.

Celles-ci doivent également définir avec précision leurs objectifs. Comme stipulé par la loi 12-06, le contact de ces associations avec les organisations étrangères est soumis au strict contrôle du ministère des Affaires religieuses. «Ce genre de contacts est tributaire d’un accord préalable du ministre», souligne notre source, précisant que le projet en question est, actuellement, au niveau du secrétariat du Premier ministère. «Il doit être programmé en réunion du gouvernement dans les prochaines semaines. Après sa promulgation, les associations actuelles doivent tenir leurs assemblées de mise en conformité avec les nouvelles dispositions», précise notre source.
Madjid Makedhi