Week-end sous tension

Après l’appel de la Coordination interwilayas

La rentrée scolaire n’a pas eu lieu hier à Tizi Ouzou

Au niveau des établissements, rien n’indiquait hier que c’était une journée de rentrée

Par Malik Boumati, La Tribune, 16 septembre 2001

La rentrée scolaire 2001/2002 n’a pas eu lieu dans la wilaya de Tizi Ouzou. Aucun des 288 898 élèves ne s’est présenté hier matin aux établissements scolaires de la wilaya, comme c’est le cas dans le reste du pays (à l’exception des autres wilayas de Kabylie) et ce, à l’occasion de la rentrée scolaire officielle. C’est aujourd’hui, dimanche, que les élèves, tous cycles confondus, rejoindront les bancs de l’école dans toute la Kabylie suite à la décision prise dans ce sens par la Coordination interwilayas du mouvement citoyen lors de sa réunion tenue les 30 et 31 août dernier à M’Chedallah, dans la wilaya de Bouira.La rentrée scolaire n’a pas eu lieu malgré le fait que tous les établissements scolaires aient ouvert leurs portes et que tout le personnel administratif et enseignant s’est présenté comme s’il s’agissait d’une rentrée scolaire normale. En fait, au niveau des établissements, rien n’indiquait hier que c’était une journée de rentrée. Mieux encore, aux écoles primaires Dali et les Genêts, situées pas loin du siège du groupement de gendarmerie, des travaux de réparation et de peinture s’effectuaient, hier encore, après les dégâts occasionnés par les émeutes de ces derniers mois, particulièrement l’école des Genêts qui a constitué un véritable champ de bataille pendant les événements du printemps noir. Les gendarmes et les CNS avaient investi la cour de cette école lors de leurs affrontements avec les jeunes manifestants pour la simple raison que c’est un endroit qui donne sur le casernement des gendarmes, donc très prisé par les émeutiers.Par ailleurs, aucune visite officielle n’a été enregistrée hier à Tizi Ouzou à l’occasion de la rentrée scolaire. La raison est on ne peut plus claire mais il s’agit de savoir si un membre du gouvernement ou autre personnalité du pouvoir s’aventurera à visiter des écoles de Kabylie dans les jours qui viennent. Rien n’est moins sûr d’autant plus que la coordination interwilayas, lors de son conclave de Bouira, a appelé tous les élèves à boycotter les visites officielles en désertant les établissements scolaires si un responsable des autorités s’y présenterait.

M. B.

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Vive tension hier à Tizi Ouzou

Des émeutes éclatent en ville

Le Matin, 15 septembre 2001

La ville de Tizi Ouzou a renoué avec les émeutes jeudi dernier.
Une vive tension planait déjà sur la ville. Dès la matinée, les rues étaient envahies par des milliers de supporters de la JSK qui allait recevoir au stade du 1er-Novembre le CRB pour le compte de la troisième journée du championnat national de football division 1.
En milieu de journée, dès que l’on annonça que les Belouizdadis n’allaient pas se déplacer, une vive colère s’empara d’une partie des supporters qui se sont regroupés au carrefour de la rue Abane-Ramdane avant de lancer les premières pierres en direction du groupement de la gendarmerie. Les éléments du GIR stationnés dans la cour du groupement répliquèrent d’abord par des jets de pierres, puis par des tirs de bombes lacrymogènes.
Un groupe de manifestants tentera de démolir une murette faisant face au groupement, ce qui poussera les éléments du GIR à sortir dans la rue armés de gourdins, de barres de fer et de lance-grenades.
Les gendarmes s’en sont pris aux affiches de la CADC, ce qui aiguisera davantage la colère des émeutiers.
Les affrontements se sont poursuivis jusqu’à 22 h. Hier, la ville de Tizi Ouzou a retrouvé son calme.

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Week-end sous tension

Des échauffourées à El Kseur et Amizour

Mahmoud Merabet, La Tribune, 15 septembre 2001

Durant deux après-midi successives (mercredi et jeudi), des attaques aux pierres et aux cocktails Molotov ont été perpétrés par un groupe de jeunes au niveau de la gendarmerie d’El Kseur. Les premiers temps, les gendarmes n’ont pas riposté jusqu’à ce que les jeunes aient allumé des pneus devant la porte d’entrée du casernement, moment durant lequel les gendarmes sortaient de leur réserve pour tirer deux bombes lacrymogènes dans l’après-midi de mercredi dernier. Après avoir éteint le feu, des gendarmes ont regagné l’intérieur de leur escadron en ripostant avec des pierres. Ces escarmouches ont duré jusqu’à 22h30. Le lendemain, jeudi, le même scénario s’était produit. Au moment où Ali Gherbi animait une conférence-débat au cinéma d’El Kseur, situé à quelque 150 mètres de la gendarmerie, les affrontements continuaient entre les jeunes et les gendarmes et un poteau électrique et des lignes téléphoniques ont été détruits, ce qui a paralysé la ville. Ces endommagements ont été rétablis dans la journée d’hier. Les émeutes se sont poursuivies jusqu’à 21h00. Le bilan de ces deux journées fait état d’au moins 3 blessés parmi les manifestants dont un a été atteint d’une pierre à la tête et un autre fracturé.A quelques kilomètres, la ville d’Amizour a connu une scène d’émeute dans l’après-midi de jeudi, où quelques jeunes s’attaquaient à la brigade de gendarmerie avec des pierres. Une demi-heure après, les gendarmes sortaient dans la rue en contrôlant tout jeune passant, lui exigeant de montrer ses mains. Un moment après, les gendarmes rejoignaient leur brigade. Les jeunes s’attaquaient de nouveau jusqu’à 17h30 où les jeunes se sont retirés après la non-riposte des forces de l’ordre. Aucun blessé n’est à déplorer dans cette localité.Dans la commune d’El Kseur, les jeunes exigent toujours le départ de ce corps de sécurité de n’importe quelle façon. Pour le pouvoir, cette revendication est impossible à accepter. Où ira la région ? La question se pose toujours, et le bras de fer va crescendo.

 

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