«Libérez les détenus, jugez les assassins»

Sit-in devant les tribunaux d’Azazga et de Tizi Ouzou

«Libérez les détenus, jugez les assassins»

De notre bureau A. Djamila, Le Jeune Indépendant, 13 mai 2002

Les détenus du mouvement citoyen continuent à susciter la mobilisation de la population. Hier encore, des sit-in de délégués élargis aux citoyens ont été observés devant les tribunaux d’Azazga et de Tizi Ouzou pour exiger la libération des détenus incarcérés depuis le 25 avril dernier.

A Tizi Ouzou, les manifestants ont commencé, dès 9 heures, à affluer sur la rue des frères Sidi-Maâmar, en direction du tribunal. La foule a scandé, durant deux heures, des slogans hostiles au pouvoir, tout en réclamant la mise en liberté des détenus et la prise en charge des revendications contenus dans la plate-forme d’El-Kseur.

«Libérez les détenus innocents, jugez les gendarmes assassins», «pouvoir assassin», «Ulac smah ulac», n’ont cessé de clamer les manifestants. Les délégués de la cause citoyenne ont, par ailleurs, informé l’ensemble des présents qu’une «dizaine de candidats se sont retirés de la course à la députation».

Si la récurrence des sit-in en faveur de la libération des détenus a fait que des voix se sont élevées, hier, invitant les délégués à surseoir à leur action qui «s’avère inefficace», ces derniers ont promis, en revanche, d’occuper le lieu (tribunal, NDLR) jusqu’à la satisfaction de leur revendication. «Nous sommes prêts à y revenir chaque dimanche si la libération tarde à venir», ont-ils affirmé. Après la minute de silence observée, le dos tourné au tribunal, les manifestants se sont dispersés dans le calme. Les éléments de la CNS, étant cette fois-ci absents, ont permis à cette action de se dérouler sans incident. Quant au deuxième sit-in des aârchs observé devant le tribunal d’Azazga, les manifestants ont suspendu leur action après la décision de ce tribunal de reporter le procès des trois délégués de Mekla. Un report justifié par l’absence de témoins. A. D.

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Sit-in réprimé devant le tribunal de Béjaïa

Une dizaine de délégués arrêtés dont le chanteur Boudjemaâ Agraw

De notre bureau Mesbah F. et Hammouche M.

Le sit-in organisé hier à 10h00, devant le tribunal de Béjaïa par les délégués de la Coordination intercommunale de Béjaïa (CICB) a été réprimé par les forces de sécurité qui ont interpellé une dizaine de délégués de l’intercommunale, dont le chanteur Boudjemaâ Agraw. Le rassemblement faisait suite à la dernière réunion tenue à Akfadou durant laquelle il a été décidé d’organiser des sit-in devant les tribunaux à chaque procès de détenus.

Hier, au moment où les délégués des différentes communes arrivaient sur les lieux, un dispositif important des forces de l’ordre a quadrillé le bâtiment. A 10h30, un officier de sûreté ordonna aux délégués de se disperser, mais ces derniers feront la sourde oreille et c’est alors qu’un fourgon de CNS a foncé sur les délégués. Une panique indescriptible s’est emparée des représentants des aârchs.

Les agents de l’ordre, en tenue et en civil, ont commencé à embarquer le délégués récalcitrants. Certains d’entre eux ont fui, abandonnant leur véhicule garés aux alentours du tribunal, à l’exemple de Semmar Hanafi, délégué de Tifra, et de Boudjemaâ Agraw. Au moment où nous mettons sous presse, une réunion extraordinaire de la CICB a lieu à El-Flaye, dans la daïra de Sidi-Aïch. Suite à ces arrestations, la wilaya de Béjaïa replonge dans la torpeur. Un délégué de Fenaïa, que nous avons joint par téléphone, a dénoncé ce qu’il a qualifié d’«arrestation arbitraire à l’encontre des délégués légitimes». Et d’ajouter que «ce n’est pas ce genre de manœuvre qui arrêtera notre combat». M. F. et H. M.