Reprise des émeutes

UNE DIZAINE DE BLESSES A EL KSEUR, AOKAS ET AMIZOUR

Reprise des émeutes

Par Souhila H., El Watan, 11 octobre 2001

Des affrontements entre des adolescents et des éléments des CNS et de la gendarmerie ont repris de plus belle hier à El Kseur, Amizour et Aokas. Ils ont fait une dizaine de blessés dans les trois localités.

La déception née de l’interdiction de la marche des délégués à Alger le 5 octobre dernier a vite cédé la place à la colère des jeunes. Ils ont aussitôt déversé leur rancœur sur ce qui représente à leurs yeux les «symboles de la répression», c’est-à-dire les brigades de gendarmerie et des CNS.Hier, vers 13 h 30 à El Kseur, une centaine de jeunes gens ont commencé à jeter des pierres contre le siège de la sûreté de wilaya. Des CNS ont riposté par des lancers de grenades lacrymogènes à partir du toit du commissariat. La vie dans ce village, paisible à peine quelques minutes auparavant, s’est instantanément enflammée.
Au fur et à mesure que la manifestation prenait de l’ampleur, des grappes d’adolescents rejoignaient le front des émeutiers. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas attendu l’adhésion spontanée à leur action. Ils ont forcé les collégiens et les lycéens à sortir des classes au beau milieu des cours. La colère des jeunes d’El Kseur a fortement été attisée par le renforcement, samedi dernier, de la brigade de CNS. Des sources locales avancent en outre que le retrait de Ali Gherbi du comité de la société civile d’El Kseur a exacerbé quelque peu la situation. A Amizour, les escarmouches des jours précédents ont pris, hier, l’envergure de véritables émeutes. Les manifestants ont bloqué l’artère principale du village en y dressant des étagères métalliques, ramenées du palais de justice complètement incendié en avril dernier. A quelques mètres de là, légèrement en contre-haut de la cité des 154 Logements, de très nombreux émeutiers bravaient les gendarmes qui s’étaient déployés à l’entrée de ladite cité. Ici, lycéens et collégiens ont décidé de boycotter leurs cours jusqu’à satisfaction des revendications nées des évènements de ce qu’on a appelé «le Printemps noir».
A vrai dire, la tension est devenue perceptible à Amizour juste après la rentrée des lycéens.De nombreux nouveaux lycéens (1re AS) ont été affectés dans des établissements trop éloignés de leurs domiciles (plus de 25 km). Leurs familles, généralement démunies, ne peuvent pas faire face aux dépenses liées au transport et à la restauration, d’où le malaise. D’autres lycéens ont été orientés vers le technicum d’El Kseur, alors qu’ils ont obtenu des notes très faibles dans les matières essentielles, à savoir les mathématiques et la physique. Ils ont, de ce fait, perçu cette orientation malencontreuse comme une volonté de les exclure, au bout de quelques mois, du circuit scolaire. La situation dans les deux localités citées plus haut ne semble nullement tendre vers le calme, alors qu’on dénombre déjà une dizaine de blessés.
A Aokas, les émeutes ont éclaté à la sortie des classes.

 

 

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