Victimes des évènements de Kabylie: Le refus des indemnisations
Victimes des évènements de Kabylie
Le refus des indemnisations
L’actualité, 24 août 2002
« Je veux voir jugés les assassins de mon fils. Je veux me retrouver face à face avec eux et avec ceux qui ont ordonné de tirer à balles réelles.
Même si on me donne des milliards, je naccepterais pas cette indemnisation. Largent ne peut pas remplacer la valeur dune vie. » Cest ce qua déclaré la mère dune victime lors de la réunion des parents des victimes et des blessés, tenue avant-hier à linstitut paramédical de Tizi Ouzou. Limage quoffrait cette mère qui exhibait la photo de son enfant a ému toute la salle. « Regardez, cest lui, nest-il pas beau ? Cest une perle », a-t-elle dit avant de seffondrer en sanglots. Lémotion et la colère se lisaient sur le visage des personnes présentes.
Au cours de leur intervention, certains blessés ont formulé des critiques acerbes contre les Aârchs.
Ils estiment que les animateurs du mouvement les ont abandonnés à leur sort. « Certaines coordinations ignorent même le nombre des blessés dans leurs villages ou quartiers », a affirmé Saïd, blessé à Azazga. « Les blessés se sentaient seuls et abandonnés, ce qui les a poussé à sadresser aux autorités pour être pris en charge. » Effectivement, 19 familles se sont présentées à la wilaya et ont déposé leur dossier auprès de la commission chargée des indémnisations.
Cette commission, fraîchement installée en application du décret présidentiel davril 2002, a été rejetée par les parents des victimes.
Ce document officiel, « négocié par les arouch taïwan », est perçu comme une insulte et une atteinte à la mémoire des martyrs du printemps noir. « Cest une giffle de la part du Pouvoir. Je veux un soulagement moral et jexige un statut de martyr pour mon frère et non pas une récompense matérielle », sest écrié Hamid, le frère aîné dune victime. En effet, le décret en question, qui prévoit la somme de 192 millions de centimes représentant « la valeur matérielle » de chaque victime tombée durant les évènements de Kabylie, ne porte aucune précision relative au volet juridique.
Ainsi, « le jugement des auteurs et des responsables de lassassinat de 117 martyrs », qui reste lune des principales revendications des familles des victimes, demeure un point sur lequel les autorités ne veulent pas céder.
A lissue de la réunion, après avoir rejeté à lunanimité « le fameux décet », les participants se sont prononcés sur la nécessité de restructurer la commission de solidarité.
Sa composition et ses tâches seront définies et arrêtées au prochain conclave annoncé pour la fin de cette remaine à Bouzeguen.
M. R.