Quelle suite pour la commission Issaâd ?

Après le dépôt de son rapport

Quelle suite pour la commission Issaâd ?

Mohamed Mehdi, Le Quotidien d’Oran, 28 juillet 2001

Le chef de l’Etat a reçu jeudi les conclusions préliminaires de la commission d’enquête, qu’il a nommée il y a près de trois mois.

Il s’agit bien d’un «rapport préliminaire», précise le Pr Issaâd, ce qui sous-entend qu’il reste encore beaucoup de travail à faire, afin de décrypter les tenants et les aboutissants des événements qui secouent la Kabylie depuis des mois. « Nous apportons quelque chose », a déclaré il y a quelques jours le Pr Issaâd à la presse.

En clair, affirment des milieux proches de la commission, « les conclusions préliminaires de l’enquête sur les événements de Kabylie, vont aller bien au delà de ce qui a déjà été écrit par la presse nationale et dénoncé par les partis politiques depuis le début des événements ».

« Lorsque le Pr Issaâd déclare au quotidien Le Matin que l’enquête avance bien dans la direction que beaucoup de journalistes ne soupçonneraient pas, il sait de quoi il parle », affirme notre source. Et d’ajouter : « vous (la presse – ndlr) vous êtes contentés de citer des événements, de dire qu’il y a eu des tirs à balles réelles ou explosives, qu’il y a eu des dizaines de morts et des centaines de blessés; vous avez établi le schéma manifestants-forces de l’ordre, mais vous n’êtes pas allés jusqu’à lire entre les lignes de ces événements, ni vous n’avez essayé d’en savoir sur leurs liens éventuels. Car je suis persuadé, personnellement, que tout cela n’est pas venu par accident. C’est le gros morceau sur lequel j’invite les observateurs, qui écrivent dans la presse, à réfléchir avec nous. Concernant les causes, on les connaît à peu près. A ce titre, je tiens à préciser qu’il n’est pas toujours évident de dire que ce sont les causes économiques, identitaires… Tout cela est théorique. Tout le monde le sait. Par contre, il y a des causes immédiates, il y a peut-être ceux qui en tirent les ficelles. A ce niveau, il faut répondre par oui ou par non », affirmait il y a quelques jours le Pr Issaâd.

Les «responsabilités» étant «localisées», la «main de l’étranger» étant exclue, celle des partis politiques également, quel est ce «plus» que va ramener la commission ? Mise à part la thèse du «complot» des tireurs de ficelles, on n’en voit pas d’autres.

Bouteflika, s’était engagé, rappelons-le, dans son discours du 30 Avril dernier, que « la commission aura pour mission de faire toute la lumière sur ce qui s’est passé, et de le faire en toute liberté et en toute transparence ». Quelle suite va-t-il donc donner aux conclusions de la commission ? Va-t-il mandater encore une fois le Pr Issaâd et les 28 membres de son équipe à continuer leurs investigations ?