Kabylie : affrontements dans plusieurs villes
Kabylie : affrontements dans plusieurs villes
Yahia Arkat, Le Matin, 9 octobre 2001
Deux réunions de la Coordination interwilayas se sont tenues hier, la CADC à Tizi Ouzou et le Comité intercommunal à Béjaïa, suite à la révélation de l’identité de ceux qu’on appelle désormais les « dialoguistes du mercredi ». Alors que ces rencontres se tenaient, quelques localités de la Kabylie renouent avec les affrontements. Irdjen, à Tizi Ouzou, a enregistré hier des affrontements violents, et Akbou, où les premiers heurts ont fait 20 blessés vendredi dernier, a connu les mêmes scènes de rue. Les jours à venir risquent de connaître une escalade générée par la répression de la dernière marche et l’annonce d’une rencontre pouvoir-aârouch qui vient d’être mise à jour.
« Un ultimatum au pouvoir »
Réunis hier au théâtre Kateb-Yacine de Tizi Ouzou, les animateurs de la CADC (Coordination des aârouch, daïras et communes) ont procédé à une première évaluation suite aux révélations données sur l’identité des « dialoguistes du mercredi ». Tout en maintenant le mot d’ordre de la désobéissance civile, des membres de la CADC ont proposé d’adresser un ultimatum au pouvoir concernant la réponse aux revendications de la plate-forme d’El Kseur.
Les délégués ont proposé des opérations « villes et villages morts », avant de passer à la désobéissance civile graduelle. Outre le principe d’une marche pour le 1er novembre, les délégués ont mis l’accent sur la nécessité de poursuivre le combat pacifiquement, quel que soit le prix à payer.
La généralisation de l’action de non-paiement des quittances de Sonelgaz a été également au centre des débats. Ainsi la radicalisation du mouvement semble une option irréversible pour l’organisation citoyenne. Quelle forme pourrait prendre cette radicalisation en termes de perspectives d’avenir ?
Le débat n’est pas tranché et la mise en quarantaine des commis de l’Etat (wali, chef de daïras) se profile déjà à l’horizon. Certains intervenants ont même parlé d’un ultimatum à donner au pouvoir pour qu’il réponde officiellement et publiquement à la plate-forme d’El Kseur. La question du « dialogue de mercredi » a été évoquée. Pour un délégué, l’éventualité que le conseiller de Bouteflika, Rachid Aïssat en l’occurrence, ainsi que Lahcène Seriak et un député du RND aient constitué la délégation reçue par le chef du gouvernement à la veille de la marche du 5 octobre est tout à fait plausible, bien que notre interlocuteur n’ait pas suffisamment d’éléments pour le confirmer. « C’est le pouvoir qui a dialogué avec lui-même », affirme un autre membre de la CADC de Tizi Ouzou à propos de l’entrevue que Benflis a accordée à des « représentants » des aârouch dont on ignore l’identité.
Certaines sources parlent d’une liste de 32 personnes qui circule sous le manteau. « Les délégués clandestins qui ont dialogué avec le pouvoir ne peuvent pas se revendiquer de notre mouvement. Ils ne sont que des relais du pouvoir assassin », tranche un délégué qui tient à préciser : « Nous avons dès le départ rejeté l’offre de dialogue du pouvoir à partir du moment que nous avons considéré que la plate-forme d’El Kseur est scellée et non négociable. »