La marche du 8 août interdite
La marche du 8 août interdite
Le Matin, 5 août 2001
La marche du 8 août est formellement interdite. C’est ce qu’a annoncé le ministère de l’Intérieur jeudi dans un communiqué laconique rappelant que « l’organisation et le déroulement de ce type de manifestation sont strictement interdits dans la capitale ». La première interdiction est survenue, faut-il le rappeler, trois jours après la marche du 14 juin dernier. Une manifestation qui se voulait pacifique et qui s’est transformée en un véritable cauchemar pour les centaines de milliers de manifestants qui avaient répondu à l’appel de la coordination interwilayas.
Le gouvernement avait prétexté, alors, cette interdiction par les préjudices considérables causés par cette marche, à savoir la mort de six personnes, des centaines de blessés et des dommages matériels estimés à plus d’une centaine de milliards de centimes. Pourtant les enquêtes qui avaient suivi cette manifestation ont désavoué les arguments avancés par le gouvernement.
Ainsi, un nouveau bras de fer est engagé entre le pouvoir et la coordination interwilayas.
Cette dernière a décidé d’organiser une marche imposante le 8 août prochain à 12 h du stade du 5-Juillet vers la Présidence de la République. Le choix de cette date et de cet itinéraire ne sont certes pas fortuits. Il s’agit précisément de la date et du lieu retenus pour le coup d’envoi du Festival mondial de la jeunesse et de l’étudiant.
En fait, l’organisation de cette marche est une réplique au maintien de ce festival malgré le deuil qui a affligé la jeunesse algérienne. Si la coordination avait échoué dans l’organisation de la marche du 5 juillet en raison de l’impressionnant dispositif sécuritaire déployé qui a, rappelons-le, empêché les manifestants
de rejoindre la capitale, elle affirme être, cette fois-ci, mieux
préparée.
Les initiateurs de la marche du 8 août affirment que si les autorités ont l’intention de boucler la capitale, comme ce fut le cas le 5 juillet dernier, les manifestants se transformeraient en pavois qui assiégeraient réellement Alger. Toute rentrée ou sortie de la capitale seraient tout bonnement impossibles. Des sit-in seraient organisés à proximité des barrages de gendarmerie et de police qui seraient éventuellement mis en place pour contrer les marcheurs.
Mis à part le bravement de l’interdiction, la coordination interwilayas affiche, ce coup-ci, une volonté de déployer, à son tour, de grands moyens. Une nouvelle action, avait déclaré un des membres de la coordination au lendemain de la réunion de Tizi Ouzou, qui « démontrera au pouvoir notre capacité de mobilisation et d’organisation ainsi que notre détermination à mener nos revendications à terme ».
Si les deux parties campent sur leurs positions et si elles comptent réellement aller jusqu’au bout de leurs intentions affichées, Alger connaîtra indéniablement, ce mercredi, une journée sans précédent.
Ghada H.
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