Inquiétude et désarroi de la population en Kabylie

Inquiétude et désarroi de la population en Kabylie

De notre bureau M. Adel, Le jeune Indépendant, 21 septembre 2002

La situation d’exceptionnelle tension que vit la région suscite un réel désarroi de la population qui ne sait plus à quel saint se vouer. Ainsi, les saccages des locaux du Front des forces socialistes (FFS) sont qualifiés d’actes criminels aussi bien par la classe politique (FLN, RND, PT, MDS, ANR…) que par la société civile (MCB-associatif, mouvements citoyens…). même les personnalités ne sont pas en reste, les condamnant unaniment.

Ainsi, dans un entretien accordé à un confrère du quotidien l’Expression, M. Cherif Hamici, délégué de Bouzguène et membre de la présidence tournante, a déclaré : «nous nous démarquons de tout acte de violence». Lui succédant, M. Mouloud Boumekla, délégué de Tizi-Rached, également membre de la présidence tournante, nous a déclaré hier : «[…] dans tous nos meetings, nous condamnons le recours à la violence […] ». M. Mourad Kacer, 1er secrétaire fédéral du FFS, considère, quant à lui : «On veut entraîner le parti dans une spirale de violence.» A Tizi Ouzou, un autre meeting de la CADC a tourné à l’émeute entre jeunes citoyens et CNS. De son côté, l’administration affiche une sérénité mais menace de sévir contre les éventuels dérapages. Elle poursuit son opération de sensibilisation des citoyens à travers les treize brigades féminines qui sillonnent les communes, tandis que les placards et les espaces d’affichage pour la campagne électorale sont mis en place malgré le quasi-désintéressement du citoyen.

A cette situation fait face une recrudescence des actes terroristes et d’attaques auxquelles le grand banditisme est loin d’être étranger. Barrages meurtriers, faux barrages non moins meurtriers, incursions, rackets, attentats à la bombe, ratissages, terrains minés… tous les ingrédients sont réunis dans cette région qui ne finit pas de compter ses morts, ses blessés… Toutes les parties questionnées sont unanimes pour accuser le pouvoir qui, semble-t-il, «entretient cette situation». Pour Cherif Hamici, «la main du pouvoir est visible». Pour Mouloud Boumekla, «c’est un coup du pouvoir ; nous devons donner une leçon de civisme à ce pouvoir ; il ne faut pas lui donner l’occasion d’assister à une lutte fratricide […] ». Du côté du FFS, là encore le doigt est pointé sur «le pouvoir, ses relais et les cercles liés aux généraux et aux pyromanes et mutants, semeurs de mort et de désolation […] », déclare Mourad Kacer du parti de Hocine Aït Ahmed. Le peuple, lui, attend. M. A.

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Violents affrontements à Larbaâ Nath Irathen

De notre bureau, A. Djamila, Le jeune Indépendant, 21 septembre 2002

La localité de Larbaâ Nath-Irathen a vécu, jeudi dernier, au rythme de violents affrontements ayant opposé de jeunes manifestants aux éléments du service de l’ordre. Cela est arrivé suite à l’empêchement d’une marche à laquelle a appelé la coordination locale des aârchs. Cette action pacifique, qui s’inscrit dans le cadre de la campagne anti-vote, a tourné au vinaigre, aussitôt après l’apparition d’éléments de la sûreté urbaine sur les lieux où devait s’ébranler cette marche.

Ces derniers ont donné l’ordre d’évacuer les lieux, mais les organisateurs de ladite action leur ont fait part de leur détermination de battre les grandes artères de leur ville, pour scander «Ulac l’vot ulac». Après un bon moment de négociation, menée entre délégués de la CADC et éléments des services de l’ordre, des CNS arrivent en force sur les lieux de la manifestation, ce qui a suscité l’ire des jeunes présents, dont la réaction immédiate fut de lancer quelques pierres à l’adresse des CNS. La tension est montée d’un cran, lorsque ces derniers ont riposté par des tirs de bombes lacrymogènes.

Le face-à-face n’a pas duré longtemps mais, cependant, permit l’installation d’un climat d’alerte générale. A la sortie des écoles, les élèves ne savaient plus quelle direction suivre afin d’échapper à la violence, des cris fusaient de partout dans des ruelles jonchées de pierres et différents projectiles, l’air irrespirable… en somme le décor habituel des événements du «printemps noir».

Par ailleurs, nous avons appris que deux jeunes manifestants ont été interpellés par la police et relâchés dans la soirée d’hier. Au chef-lieu de la wilaya, les mêmes événements ont caractérisé la journée de jeudi dernier. Aussitôt l’information des incidents survenus à Larbaâ Nath-Irathen les parvenue, les émeutiers du quartier des Gênets ont barricadé la rue jouxtant l’hôpital Nedir-Mohamed. Aucun blessé n’est à déplorer. A. P.