Emeutes à El Harrouch

Emeutes à El Harrouch

Par K. Ouahab, El Watan, 14 octobre 2001

La ville d’El Harrouch est restée partiellement isolée hier soir après les émeutes qui l’ont secouée toute la journée. La RN 44 desservant Skikda et Constantine est toujours coupée à toute circulation. Des dizaines de manifestants, la plupart jeunes, ont parsemé l’entrée et la sortie de la ville de pierres, de porte-fanions, de troncs d’arbres et de pneus.

A l’avenue Boukadoum, et juste à quelques mètres de l’APC, les restes de pneus calcinés restent visibles. Devant l’unité Eriad, un semi-remorque est utilisé comme obstacle pour bloquer la route. A côté, des jeunes veillent. Toute tentative de briser ces «barrages» est vaine.A 14 h déjà, un groupe de jeunes donne le signal. Au milieu de la cité des 460 logements, des enfants commencent par ramener et stocker des pierres. D’autres groupes se forment alors et scindent la ville en deux. Des agents du service d’ordre, en tenue ou en civil, marquent discrètement leur présence.La route menant à Constantine est quasiment bloquée. Les voyageurs venant de cette ville descendent des bus et arpentent à pied le chemin menant à la gare routière afin de rejoindre Skikda. La circulation au centre-ville devient très dense. Camions, voitures et piétons cherchent tous une issue. Ailleurs dans la ville, les gens vaquent le plus normalement du monde à leurs occupations. Aucun signe de tension n’est perceptible et les évènements ne semblent concerner qu’une partie de la population. Les versions des uns et des autres varient quant aux motifs réels de ces évènements. Mais apparemment, l’éventuelle distribution de 100 logements sociaux aux habitants des bidonvilles du «cimetière chrétien» reste la plus plausible. Les manifestants, qui refusent carrément que ces logements soient utilisés dans le cadre de l’opération de «dégourbisation», avaient déjà bloqué la ville durant l’après-midi de jeudi dernier. Le chef de daïra ainsi que le P/APW s’étaient alors déplacés afin de calmer les esprits et éviter le pire. Une rencontre avec le wali fut alors convenue. Mais la délégation qui s’est entretenue avec le wali ce samedi n’a apparemment pas réussi à convaincre les manifestants. Juste après son retour et après avoir expliqué aux habitants les raisons administratives de l’opération de «dégourbisation», les jeunes se sentaient toujours insatisfaits et même trahis.

 

 

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