Grève générale et routes coupées à Béjaïa

SITUATION TENDUE EN KABYLIE ET DESINTERESSEMENT ELECTORAL/

Grève générale et routes coupées à Béjaïa

Par Mourad Slimani, El Watan, 13 mai 2002

La région devrait être paralysée par une grève générale les 28, 29 et 30 mai. Aucune liste de candidats n’a été affichée jusqu’à hier. Le FFS et le RCD multiplient les sorties pour appeler la population à ne pas voter.

La Coordination intercommunale de Béjaïa (CICB) réitère en ce début de campagne électorale sa ferme hostilité à la tenue des législatives. Une batterie d’actions, visant à faire barrage à l’échéance du 30 mai, a été arrêtée lors du dernier conclave de la Coordination tenu durant le week-end à Akfadou. Le programme débute dès aujourd’hui avec l’organisation d’un sit-in de protestation devant le tribunal de Béjaïa. L’objectif de la manifestation, qui doit réunir les délégués des comités de quartiers et de villages, est de réaffirmer la revendication de libération des détenus du mouvement citoyen. Il est à signaler que depuis le 25 mars dernier, date de l’arrestation de délégués de la CICB, lors d’un rassemblement similaire devant le même tribunal, aucun sit-in n’a été organisé sur les lieux. L’autre date arrêtée par les délégués des archs pour relancer les manifestations de rue est celle du 19 mai. Une grève générale et une marche populaire suivie d’un meeting sont ainsi prévus pour marquer le 21e anniversaire des manifestations qu’a connues Béjaïa en 1981. Le programme d’actions, qui prévoit également une cérémonie de recueillement à Tifrit (Akbou) sur la tombe de Mohamed Haroun (un militant de la cause amazighe) et un autre sit-in devant le tribunal de Béjaïa respectivement les 22 et 26 mai, annonce des actions plus denses à compter du 28 du même mois. A partir de cette date en effet et pendant trois jours, soit le 30 mai inclus, la région est décrétée «morte» par les archs. Appel est lancé pour l’observation d’une grève générale assortie d’un appel au blocage de la circulation automobile sur les axes routiers desservant la région. L’objectif, ici évident, est de faire la démonstration sur l’opposition de toute la région à la tenue des élections. L’autre objectif, d’ordre pratique quant à lui, est d’entraver l’organisation des opérations électorales. Ce qui augure des situations pour le moins imprévisibles, qui plus est après les «avertissements» lancés dernièrement par le département de M. Zerhouni. Au lendemain direct de la date des élections, soit le 31 mai, des marches et autres meetings syntronisés, à travers tous les chefs-lieux de communes, sont par ailleurs annoncés en guise de démonstration d’un nouveau départ du mouvement des archs. Il est à noter que le programme d’actions de la CICB est rendu public au moment où la campagne électorale, dont le coup de starter officiel a été donné jeudi dernier, n’a pas concrètement débuté. Rien n’indique que la wilaya de Béjaïa s’apprête à vivre des moments politiques d’importance. À commencer par l’absence de la moindre affiche électorale et autres listes de candidats qui restent «secrètes» jusqu’à nouvel ordre. D’autre part, aucune information n’a jusqu’à hier circulé sur une éventuelle sortie publique des représentants de l’une des onze listes en compétition dans la wilaya.
Plus à l’aise et plus entreprenants sont les partisans du rejet des joutes du 30 mai. Le FFS et le RCD multiplient en effet les conférences-débats et autres meetings dans les localités de la wilaya pour appeler les citoyens à ne pas voter. Une «consigne» qui semble recueillir les faveurs de la majorité de la population.