Le concert de Gnawa interdit
Il était au programme du forum de RAJ
Le concert de Gnawa interdit
Le Matin, 5 août 2001
Gnawa Diffusion ne pourra pas se produire, demain lundi, au théâtre de Verdure. Le wali d’Alger refuse catégoriquement de mettre à sa disposition les gradins de l’hôtel El Aurassi, ni la salle de cinéma L’Afrique. Le groupe devait donner un concert, à titre gracieux, à l’invitation du Rassemblement
– Action – Jeunesse (RAJ) qui organise depuis hier, et ce, jusqu’au 7 août, un forum national sur la liberté et la citoyenneté. « Le wali, sans la moindre explication, nous a officiellement notifié son refus », regrette le secrétaire général du RAJ, Hakim Addad. Pourtant, en raison des impératifs liés au 15e Festival mondial de la jeunesse et de l’étudiant, l’association avait pris le soin de demander la salle L’Afrique au cas où le théâtre de Verdure lui serait refusé. « C’est la continuité du mépris envers toute organisation indépendante du pouvoir. Pour lui, nous ne devons pas exister », estime M. Addad. Une réunion des membres de l’association s’est tenue hier soir pour préparer une riposte. « Il est clair, promet le secrétaire général, qu’il y aura une réaction de notre part. » Gnawa Diffusion n’entend pas se résigner, le groupe arrivera aujourd’hui de France. « Nous avons été mis devant le fait accompli, sans aucune explication. C’est un comble de tenir un festival mondial de la jeunesse et de l’étudiant et interdire, à côté, une manifestation culturelle. Ce festival semble n’être qu’une vitrine pour le pouvoir. De la même manière qu’il dénigre les libertés, il le fait pour la musique populaire et les manifestations de jeunes », affirme avec dépit Amazigh Kateb, le chanteur de Gnawa Diffusion, contacté hier par téléphone. Le pouvoir est déterminé à interdire toute manifestation parallèle qui coïncide avec celles qu’il compte organiser pendant le festival. Si la marche nationale du 8 août a été interdite par crainte d’un quelconque « trouble à l’ordre public », la raison ne peut être avancée pour le concert de Gnawa Diffusion qui devait se tenir dans une salle. Le pouvoir n’admet tout simplement aucune manifestation non officielle, à plus forte raison quand il y est à l’ordre du jour.
Amar H.