Emeutes à El Kseur
Emeutes à El Kseur
Dalil Y., Le Matin, 7 octobre 2001
De violentes émeutes ont éclaté dans la ville d’El Kseur, vendredi en fin d’après-midi, dès le retour des premiers délégués de quartier et de village empêchés d’atteindre la capitale au niveau de la ville de Naciria. Des dizaines de jeunes en colère ont barricadé les rues de la ville et mis le feu à des pneus avant de déverser leur rage sur le bâtiment de la gendarmerie et le siège du commissariat, pulvérisé à coups de pierres et de cocktails Molotov. Les troubles dureront ainsi jusqu’aux environs de 2 h.
Hier, alors que la fumée continuait de monter dans le ciel, les élèves des établissements d’El Kseur descendirent en masse dans la rue aux cris de « Ulac smah ulac ! », Tout a commencé aux environs de 8 h 30 lorsque les élèves du lycée technique d’Akal-Aberkane décidèrent de déserter leur établissement pour marcher dans la ville. Quelques instants plus tard, la rue est totalement investie par des centaines de potaches, collégiens et lycéens qui se sont dirigés vers le siège de la Sûreté de daïra. Les émeutes éclatent de plus belle dans le quartier baptisé ici « boulevard des Insurgés » situé sur la route d’Adekar. Toute la ville, qui s’est ainsi embrasée, s’est transformée des heures durant en un véritable champ de bataille. On évacue les blessés vers la polyclinique où, selon des sources, l’on a dénombré une vingtaine de personnes légèrement atteintes. L’offensive des CNS, dont les renforts étaient, selon un membre du Comité de la société civile d’El Kseur (CSC), acheminés depuis Béjaïa dès vendredi, ont contraint les jeunes à se retrancher à l’intérieur des quartiers populaires.
C’est dans ce climat de violence, avec laquelle vient de renouer la ville d’El Kseur, que la Coordination intercommunale de la wilaya de Béjaïa (CIC) a décidé de suspendre sa réunion prévue pour lundi prochain à Fenaïa. « Nous sommes en situation de crise », explique Ali Gharbi du Comité de la société civile d’El Kseur (CSC), qui annonce d’ores et déjà que le recours à la « désobéissance civile totale » retiendra à coup sûr l’essentiel des débats qui constitueront l’ordre du jour de la rencontre de l’interwilayas qui aura lieu jeudi prochain au Théâtre régional de Béjaïa (TRB). Tout en réitérant que « l’ère des marches est révolue », M. Gharbi considère que si le pouvoir ne semble pas « conscient de la gravité de la situation qu’il a induite avec les dernières manipulations du Chef du gouvernement, la radicalisation extrême des actions du mouvements deviendra l’issue inéluctable ». Qualifiant les soi-disant interlocuteurs de Benflis de « aârouch taïwan », Ali Gharbi affirme que, selon des informations de bonne foi en sa possession, la délégation reçue par le nouveau patron du FLN comprendrait trente-sept personnes dont les noms seront rendus publics prochainement. « Le scénario du dialogue de la trahison s’est joué avec, note-t-il, des représentants de l’ACT et de l’ACB. »