Dissension au sein des coordinations des Aârchs

Kabylie: Dissension au sein des coordinations des Aârchs

Pas loin de l’implosion

Rien ne va plus au sein des coordinations composant l’Interwilayas des Aârchs.

L’Actualité, 24 août 2002

Les prémices de l’implosion sont bien là. Les dissensions que connaissent, depuis quelques jours, la Coordination des Aârchs, daïras et communes de Tizi Ouzou (CADC) ainsi que la Coordination intercommunale de Béjaïa (CICB) et la Coordination des comités des communes de la wilaya de Bouira (CCCWB) risquent de mener à l’éclatement du mouvement citoyen. En effet, les tiraillements gravissimes entre les animateurs que rapporte la presse confortent cette hypothèse. Le climat au sein de la CADC est des plus tendus suite à l’initiative prise par Mohand Saïd Zeroual, délégué de Tigzirt, de se rendre à la présidence de la République pour exiger la satisfaction de la plate-forme d’El Kseur. Il est à rappeler que deux de ses compagnons ont été reçus à El Mouradia par Larbi Belkheir. Suite à quoi, la CADC a vivement réagi en condamnant cette initiative personnelle. Jeudi dernier, dans une réaction publiée par La Dépêche de Kabylie, Zeroual a lancé un appel à toutes les personnalités de la Kabylie, à commencer par Aït Ahmed et Saïd Sadi, « de prendre acte du complot qui se prépare contre eux et contre toute la région en particulier, et l’Algérie en général ».

Abrika mis à l’index

En des termes plus durs, Chaïb Boubekeur, délégué des Aït Djennad, dans une déclaration intitulée « Réponse à Abrika et consorts », publiée par le quotidien susmentionné, accuse ouvertement Abrika de travailler pour des « officines occultes et mafieuses ». « En tant que délégué des Aït Djennad originaire et natif de Tigzirt, je viens à travers ma présente déclaration dénoncer les agissements de ce groupuscule qui s’est érigé en conscience directive du mouvement citoyen allant jusqu’à contrer toute initiative visant à solutionner la crise dans laquelle se débat la Kabylie depuis 17 mois », est-il écrit dans ladite déclaration. Et d’enchaîner : « Ce groupuscule va même par la voix de son gourou Belaïd Abrika jusqu’à affirmer que les délégués qui ne veulent pas obéir à cette règle n’ont qu’à se retirer. »

La surmédiatisation de certaines figures, poursuit-il, fait partie d’une stratégie machiavélique : abattre les véritables personnalités et les élites de la région et faire émerger des figures à la solde de clans mafieux.

Pour étayer ses propos, M. Chaïb Boubekeur s’interroge : « Comment un délégué peut-il se déclarer être en clandestinité ( Abrika, NDLR) alors qu’aucun mandat d’arrêt n’a été lancé contre lui, qu’il n’a jamais été recherché ? Comment expliquer qu’un délégué continue à percevoir son salaire à l’université de Tizi-Ouzou (Abrika, NDLR) alors qu’il est entré en clandestinité depuis mars 2002 et qu’il ne s’est jamais présenté devant ses étudiants ? » Vues ces données, le prochain conclave de la CADC de Tizi-ouzou s’annonce explosif. Du côté de la CICB, le même climat de suspicion règne.

Le feuilleton des émissaires qui se sont rendus à la prison d’El Khemis et les déclarations de Ali Gherbi au sujet des contacts qu’il a eus avec Benflis ont secoué la CICB. L’échéance électorale du 10 octobre risque, elle aussi, d’exacerber davantage la tension qui règne au sein de l’Interwilayas. En partant du fait que des délégués et des ex-détenus figurent sur les listes électorales du FFS, selon le porte-parole de ce parti, il est fort probable qu’un autre front dissident s’ouvre.

Face à de telles dissensions, l’implosion sera-t-elle évitée lors du conclave de l’Interwilayas des Aârchs, dont la tenue est prévue pour le 30 septembre ? Attendons pour voir…

Farid BELGAID