«Le pouvoir tente de singulariser la wilaya de Bouira»
Le numéro 2 du FFS a déclaré que le problème des détenus existe seulement à Bouira
Par Nacer Haniche, La Tribune, 8 juillet 2001
A la deuxième journée de leur action, les grévistes de la faim de Bouira sont décidés à aller jusquau bout afin darracher la libération des dix détenus de Haïzer, El Esnam et Chorfa, en dépit des conseils donnés par les différentes délégations qui leur ont rendu visite hier en appelant ces derniers à faire de leur grève de la faim juste un moyen de pression politique et à suivre les instructions du médecin.Lélan de solidarité saffirme de plus en plus de la part des associations et comités de citoyens. Linexistence dune section de la Ligue des droits de lHomme à Bouira a fait que lappel de détresse des citoyens de Haïzer soit adressé à la Maison de la ligue des droits de lHomme et des citoyens de Tizi Ouzou afin de bénéficier de laide du collectif davocats. Cest dans ces conditions que la structure régionale du FFS a décidé de réinvestir le terrain par solidarité dabord et puis pour sinscrire dans un combat des droits de lHomme que cette formation na cessé de défendre depuis lindépendance comme lavait précisé un membre du FFS qui a indiqué que tous les dépassements enregistrés au niveau local étaient portés à la connaissance des instances supérieures de son parti. Et laffaire des détenus non encore relâchés en est une. Elle continue de marquer lactualité locale au fur et à mesure que des actions sont envisagées par les comités de citoyens.Le premier secrétaire du FFS, Ali Kerboua, sest déplacé en personne hier à Bouira en signe de solidarité, daprès lui, avec les grévistes de la faim et pour senquérir de la situation des détenus. A cet effet, et après avoir parlé avec les parents de ces derniers, il sest longuement entretenu avec les quatre grévistes pour leur apporter le soutien de sa formation. Lui, qui est natif de la région, na pas manqué de fustiger le responsable de la wilaya pour la «promesse quil na pas respectée» au sujet de la libération totale de lensemble des jeunes incarcérés. Dans un point de presse tenu près du lieu où les grévistes étaient alités, le numéro 2 du FFS a déclaré que le problème des détenus existe seulement à Bouira. Selon lui, «le pouvoir veut singulariser cette wilaya» du reste du pays.Par «manque de rapport de force», la non-libération de ces derniers est pour Kerboua une volonté du pouvoir de diriger le peuple par la terreur. Dautre part, «cest clair quils ont été torturés, tabassés et peut-être même défigurés», a-t-il lancé avant de prévoir leur prochaine mise en liberté «juste après quils soient guéris de leurs blessures». Lun deux était incapable de marcher au moment de sa présentation devant le juge.«La mobilisation pacifique doit se poursuivre pour amener le pouvoir à céder et répondre aux revendications des citoyens.» Ces derniers se sont montrés, selon lui, et à travers les marches organisées par son parti, aptes à se mobiliser sur tout le territoire national et de manière pacifique, rejetant lidée de la main étrangère évoquée par les autorités durant les derniers événements, et qui est destinée à «cacher la vérité au peuple».Dautre part, le responsable du FFS a considéré que la Coordination interwilayas ou des archs est une alternative démocratique, tout en saluant les actions pacifiques qui ont été menées jusquà maintenant.Signalons enfin, la déclaration rendue publique par le FFS de Bouira dénonçant le mépris affiché par les autorités de la wilaya et les provocations exercées par des agents de sécurité à légard des quatre grévistes de la faim.