Emeutes à Bordj Ghedir

Des dizaines de jeunes ont saccagé la ville

Emeutes à Bordj Ghedir

Hassen Wahid, Le Matin, 18 juin 2002

La daïra de Bordj Ghedir, wilaya de Borj Bou Arréridj, a été secouée dans la soirée d’hier par des émeutes durant lesquelles plus de 400 adolescents ont pris d’assaut la ville. Les raisons de cette colère sont liées aux perturbations dans l’approvisionnement en énergie électrique de la ville de Bordj Ghedir, qui durent depuis le 13 du mois courant. Les émeutiers se sont pris au siège de la daïra, à la recette des impôts, au siège de l’agence foncière, au siège de la mairie et bien sûr au siège de l’agence Sonelgaz, principale mise en cause. Ces établissements publics ont été incendiés par des cocktails Molotov. Les émeutiers n’ont pu être contenus à temps en raison de l’existence d’une seule brigade de gendarmerie et d’une Sûreté de daïra. Des renforts des Groupements d’intervention rapide (GIR) sont attendus ces jours prochains. Un communiqué de la direction du centre de distribution de Bordj Bou Arréridj de la Sonelgaz transmis au cabinet de la wilaya, au lendemain de ces incidents, explique ces perturbations par « un manque de production des délestages » Le même document conclut : « Compte tenu des problèmes liés à la production indépendamment de notre volonté, il y aura d’autres perturbations que nous communiquerons en temps opportun. » Encore une fois, il aura donc fallu en arriver aux cocktails Molotov pour que des explications soient données aux citoyens. Dans cette daïra, où les distractions sont rares, les habitants se sont sentis particulièrement frustrés de ne pouvoir suivre les rencontres de la Coupe du monde. Lors d’un point de presse organisé au siège de la daïra de Bordj Ghedir, le chef de daïra a précisé que les émeutiers rassemblés devant le siège de la daïra ont exprimé des revendications qui dépassent ses prérogatives. « J’ai proposé à ces jeunes de dialoguer. En vain. Ces jeunes étaient décidés de passer à la casse car avant le début des incendies, les éléments de la Protection civile ont été empêchés de sortir de leur caserne. », a indiqué le chef de daïra. Le responsable de l’exécutif local a également affirmé qu’il n’a jamais été sollicité afin de régler un quelconque problème et de s’étonner de l’ampleur qu’ont pris ces évènements. « L’incendie du siège de la recette des impôts n’est pas fortuit car dans la journée de dimanche les agents de cette administration avaient effectué une inspection au niveau de différents commerces et entreprises de la daïra. Cela laisse planer les doutes sur la manipulation des jeunes manifestants. » Ce point de vue semble être partagé par le président de l’Assemblée populaire communale qui soutient que « parmi les manifestants il y avait des trabendistes ».
Nous apprenons qu’à la suite de plusieurs interpellations effectuées hier, les affrontements ont repris.