Bejaia et Tizi Ouzou: marches et meeting empêchés

BEJAIA / Marches des archs et des étudiants réprimées

Par M. Slimani, El Watan, 20 mai 2002

La marche initiée hier par le Forum des étudiants de l’université de Béjaïa (FEUB) a été violemment réprimée par la police, aux portes de l’enceinte universitaire. Celle programmée par les archs n’a pu avoir lieu ; des barrages filtrants dressés par les CNS, tôt la matinée, aux portes de la ville, ont empêché tout accès des manifestants venus des communes de l’intérieur de la wilaya. Les étudiants, dont c’était la journée nationale hier, ont voulu marquer la date par une manifestation de rue.

Le groupe formant le FEUB, et qui s’est déjà distingué ces derniers temps par l’organisation d’un cyle de conférences animées notamment par Salhi Chawki, Hachemi Cherif et le président du RAJ, voulait par ailleurs témoigner son soutien au mouvement citoyen. Les centaines d’étudiants ayant répondu à l’appel à la marche n’ont pratiquement pas eu le temps de quitter l’enceinte universitaire, que les CNS postés pas très loin du portail ont chargé. La foule se disperse dans le désordre, et des barricades sont formées quelques instants après. Frustrés pour la énième fois de ne pouvoir mener à bout leur manifestation, les étudiants, à coup de pierres, déversent leur colère sur des CNS particulièrement déchaînés qui ont dû user de grenades lacrymogènes. Les heurts qui ont duré près de deux heures se sont circonscrits aux alentours du campus et ont fait des dizaines de blessés légers parmi les étudiants. Certains d’entre eux ont sollicité des soins hospitaliers. Des blessés légers ont été également enregistrés du côté des CNS. Selon des animateurs du Forum des étudiants, quatre étudiants ont été arrêtés. Dans une déclaration rendue publique hier, la section locale du CNES et la section syndicale des travailleurs au niveau de l’université de Béjaïa «dénoncent la répression sauvage qui a causé des dizaines de blessés parmi les étudiants et les travailleurs». Plus grave que cela, la déclaration s’élève contre «la violation des franchises universitaires (par les CNS ndlr)» et contre les charges qui, indique-t-on, ont ciblé le poste de garde de l’accès principal de l‘université. Les signataires du document concluent en appelant l’ensemble de la famille universitaire à un rassemblement de protestation prévu aujourd’hui à l’université. Des escarmouches ont d’autre part été signalées à Oued Ghir et Iriyahen (sorties sud et est de Béjaïa) entre des groupes de manifestants qui voulaient accéder à la ville, et des CNS qui avaient reçu l’ordre de boucler la cité. La manifestation de la CICB, qui en ce 19 mai voulait réitérer son appel au rejet des élections et revendiquer la satisfaction de la plate-forme d’El Kseur, a donc été empêchée.

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Meeting des délégués empêché à Tizi Ouzou

Le meeting populaire que devait animer les délégués de la Coordination des archs, daïras et communes de Tizi Ouzou et de l’Interwilayas, hier en fin de journée au quartier des Genêts de la ville de Tizi Ouzou, a été réprimé par la police quelques minutes seulement après son début.

Plusieurs délégués devaient prendre la parole pour réaffirmer leur détermination à poursuivre le combat pacifique, pour la satisfaction de la plate-forme d’El Kseur et la réussite du rejet des «élections de la honte». C’est au moment où le deuxième intervenant a pris la parole devant des dizaines de citoyens que la police est intervenue à coups de gaz lacrymogènes, faisant fuir tous les présents dans une panique indescriptible. Le matin, les mêmes délégués s’étaient retrouvés aux côtés de plusieurs citoyens devant le tribunal de la ville pour le sit-in hebdomadaire, afin de revendiquer la libération «immédiate et inconditionnelle» des détenus. Après deux bonnes heures, le sit-in a pris fin, et les présents se sont dispersés dans le calme.

Par M. H.