Bouteflika tend la main aux ârchs

Bouteflika tend la main aux ârchs

Hamid G., Le Quotidien d’Oran, 24 septembre 2001

La présidence de la République invite officiellement les ârouch à remettre la plate-forme d’El-Kseur. Cette invitation a été rendue publique hier dans un communiqué.

Elle intervient cinq mois après le déclenchement des émeutes en Kabylie, consécutivement à la mort d’un jeune lycéen de 18 ans dans les locaux de la gendarmerie de Beni-Douala, près de Tizi-Ouzou. Elle vient aussi après trois tentatives des ârchs de déposer cette même plate-forme à El-Mouradia et ce, à l’occasion de marches populaires sur Alger qui ont été toutes interdites et réprimées. Aussi, cette invitation arrive après d’autres tentatives de dialogue entre les autorités et la Coordination des ârchs. Ce dialogue qui n’a jamais pu avoir lieu, a été tenté par des émissaires du Pouvoir dans la région.

Cette fois, c’est la présidence de la République qui prend directement ses responsabilités et invite les ârchs à déposer la plate-forme d’El-Kseur. Dans son communiqué, la Présidence indique que «les ârouch ont toujours joué un grand rôle au cours de l’histoire nationale de notre pays». Ce qui signifie qu’elle ne rejette pas ce mouvement qui encadre, depuis le début des émeutes, la protestation en Kabylie. Mais la présidence de la République qui tend sa main aux ârchs, estime que «le mouvement citoyen, né récemment des ârouch et ayant pour origine des faits graves et sans appel, a subi naturellement l’opacité de la confusion, de la manipulation et divers blocages qui rendaient nécessaires la sagesse et la patience, cela sans perdre de vue l’objectivité des revendications légitimes et démocratiques de notre jeunesse».

Aujourd’hui, poursuit le communiqué de la Présidence, des citoyennes et des citoyens sont nombreux à s’inquiéter de l’aboutissement démocratique de la plate-forme d’El-Kseur à cause des mêmes manipulations et des mêmes blocages, heureusement identifiés par tous.

En effet, les craintes d’un dérapage dans la région se sont accentuées ces derniers mois. Les ârchs déterminés à maintenir la mobilisation jusqu’à la satisfaction de leurs revendications, ont annoncé des actions d’envergure pour les prochains jours, après avoir réussi à paralyser la région, à l’occasion de la rentrée scolaire. «Notre mouvement prendra fin, une fois la plate-forme d’El-Kseur satisfaite par les autorités», souligne un membre de l’inter-communale de la wilaya de Béjaïa.

La présidence de la République désigne le chef du gouvernement, Ali Benflis, comme interlocuteur. «Un appel solennel est fait au sens de la responsabilité de tous et de chacun pour une Algérie unie, forte et prospère», conclut le communiqué. Cette institution de l’Etat a fini donc par s’adresser directement aux ârchs.

Reste à savoir si cela signifie que les 15 points contenus dans cette plate-forme seront satisfaits. Notamment celui lié au départ des brigades de gendarmerie de la région, jugé anticonstitutionnel par les autorités. En réalité, ce point ne fait pas l’unanimité au sein même des ârchs et de la population. L’inter-wilaya qui se réunit régulièrement, considère de son côté que cette plate-forme est non négociable. Mais cet appel ne sera certainement pas ignoré par les ârchs et ne manquera pas d’être exploité par ceux qui restent favorables au dialogue avec les autorités.

L’invitation à la remise de la plate-forme d’El-Kseur intervient également au moment où, dans la région, certains brandissent déjà la menace de l’autonomie, à la veille d’une énième marche sur Alger que les ârchs ont annoncée pour le 5 octobre prochain.

 

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