Les aârchs s’essoufflent-ils ?

Les aârchs s’essoufflent-ils ?

Par Mohamed Naïli, Le Jeune Indépendant, 3 décembre 2001

A quelques jours de la rencontre avec le chef du gouvernement, le mouvement des aârchs traverse une crise latente. Exclusions, dissidences, divergences au sein du mouvement et reprise des affrontements à travers plusieurs localités de la Kabylie sont autant de difficultés auxquelles font face actuellement les membres du mouvement. Au-delà des divergences internes régnant en son sein, nombreux sont les observateurs qui laissent supposer que la rencontre de jeudi prochain pourrait être un coup dur pour la CADC si le gouvernement proclame et annonce la satisfaction de la plate-forme d’El-Kseur dans tous ses volets telle que revendiquée par ses artisans, même s’ils continuent à réfuter le principe de la rencontre, en bloc.

La réunion de l’inter-wilayas, tenue les 29 et 30 novembre dernier à Tizi Ouzou, a montré la limite du mouvement des aârchs, fragilisé au bout de sept mois d’existence. A l’issue de cette rencontre, les divergences au sein du mouvement ont été accentuées, ce qui a éloigné encore plus les positions des uns et des autres avec l’apparition de la nouvelle tendance dite des aârchs modérés.

Composée de neuf délégations, cette tendance, eu égard aux positions qu’elle a exprimées, lors de la dernière réunion, et allant à contre-courant des thèses défendues par les radicaux du mouvement, s’est vue facilement mise à l’écart.

Pour les modérés, les divergences apparues au sein du mouvement, ne tendent pas, comme cela a été souligné par le représentant de la délégation de Bouzeguène, M. Amrouche, à créer une coordination parallèle mais plutôt à faire le constat de sept mois de présence sur le terrain et à procéder par la suite à la définition d’une nouvelle stratégie devant garantir une continuité au mouvement et lui éviter l’essoufflement.

Le maintien du même plan d’action, en cours actuellement, n’est guère une solution aux yeux des modérés. En fait, continuer dans cette stratégie des réunions, dont 16 ont été tenues jusqu’ici, ne mène le mouvement citoyen que droit vers une impasse, en l’absence de nouvelles actions jugent encore les modérés du mouvement des aârchs. Pour ces derniers, les radicaux sont à l’origine des blocages au sein du mouvement. Ils (les radicaux, NDLR) ont piétiné le code d’honneur adopté au sein du mouvement. Par ailleurs, il a été fait état, ces derniers jours, d’irrégularités multiples entachant la gestion des affaires courantes du mouvement, notamment la trésorerie. Concernant leur poids au sein du mouvement, contrairement à ce que laissent entendre les radicaux, les délégués modérés affichent un optimisme quant à leur représentativité et au soutien qu’ils gagnent auprès de la population les ayant mandatés. Pour les radicaux du mouvement, les choses se présentent autrement. Etant majoritaires, « les jusqu’au-boutistes » n’envisagent qu’une seule solution pour la crise en Kabylie : la réponse publique du président de la République sur la plate-forme d’El-Kseur. A défaut de cette exigence, la radicalisation du mouvement est imminente. Revenant à la rencontre de ce jeudi, en signe de protestation à cette démarche émanant du gouvernement, la CADC prévoit déjà plusieurs actions à mener le jour même de la réunion, entre autres, des sit-in à Tizi Ouzou et devant le palais du Gouvernement. Par ailleurs, concernant l’éventualité de la satisfaction de la plate-forme d’El-Kseur à l’issue de la réunion de ce jeudi, les radicaux ont averti contre toute tentative de casser le mouvement, sachant que ceux qui vont dialoguer sont des inconnus au mouvement ou des usurpateurs, comme ils sont qualifiés au sein de la CADC.

Enfin, à signaler qu’une réunion extraordinaire devra se tenir au courant de cette semaine pour mieux évaluer la situation au sein du mouvement. M. N.

 

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