Béjaïa: 50 personnes sous mandat de dépôt

Béjaïa

50 personnes sous mandat de dépôt

Z. Mehdaoui, Le Quotidien d’Oran, 30 mars 2002

La ville de Béjaïa a renoué avec le calme ces deux derniers jours après avoir vécu mercredi passé, une journée de violences sans précédent et où les services de sécurité ont procédé à des dizaines d’arrestations.

La majorité des personnes interpellées, lors des affrontements ont été présentées devant le procureur et écrouées à la Maison d’arrêt, en attendant de comparaître devant les juridictions compétentes.

Selon des sources concordantes une cinquantaine de personnes entre adultes et mineurs, ont été déférées devant le parquet de Béjaïa et mises sous mandat de dépôt. Rien que pour la journée de jeudi, 25 personnes ont été conduites directement en prison sur ordre du procureur. Les griefs retenus contre eux sont: attroupement illégal et destruction de biens publics.

Ils risquent, dans leur grande majorité, des peines de prison fermes.

Par ailleurs, si le week-end a été vécu sans incident notable dans la capitale des Hamadites, ce n’est pas le cas pour quelques localités qui ont été, encore jeudi dernier, en proie à de violents affrontements, notamment sur la côte-est, à Souk El-Tenine et Aokas où les «manifestants continuaient à défier les services de l’ordre». On a appris hier, que les principaux «meneurs» des émeutes dans ces deux localités ont été appréhendés par les CNS.

A Béni-Maouche, jeudi dernier, des échauffourées ont éclaté ente des groupes de jeunes et des gendarmes. Des renforts de CNS ont été dépêchés sur les lieux. Cette localité n’a jamais connu d’incident même lors du «printemps noir 2001» où pour rappel, toute la Kabylie s’était embrasée.

A El-Kseur, le Q.G de Ali Gherbi, au Centre culturel de la ville et occupé par un nombre important de policiers anti-émeutes depuis plusieurs jours, continuait à subir, jeudi et hier, les assauts de groupes de jeunes qui bombardaient à coups de pierres, les CNS qui répliquaient par des grenades

lacrymogènes et procédaient à des arrestations systématiques.

Il y a lieu de signaler que les principaux délégués des ârchs qui n’ont pas encore été arrêtés, sont activement recherchés par les services de sécurité et leurs domiciles perquisitionnés.

Enfin, notons que le RCD a animé une conférence de presse jeudi dernier. En présence des députés Saïd Azamoum et Abdelkader Hammoud, le 1er vice-président du RCD, M. Djamel Fardjellah a tenu à «dénoncer les arrestations opérées par la police dans les rangs des délégués et des manifestants, ces derniers jours».

Ont pris part, également au point de presse organisé au siège du RCD, le collectif des avocats des cinq délégués détenus qui ont, à leur tour dénoncé, le «caractère illégal» des arrestations. Les avocats ont porté à notre connaissance que pas moins de 18 chefs-d’inculpation pèsent sur les délégués, actuellement emprisonnés à la Maison d’arrêt de la ville dont la «création d’une organisation illégale». Les délégués, avons-nous également appris, seront présentés aujourd’hui samedi devant la Cour.

Par ailleurs, on apprend que le chef de daïra d’Aokas a échappé, mercredi en fin d’après-midi, à un lynchage après que des manifestants l’eurent intercepté à bord de son véhicule non loin du siège de la daïra, a-t-on appris hier de sources concordantes. Voyant la foule en colère, arriver menaçante, vers lui, il n’a dû son salut qu’en prenant la fuite, son véhicule ayant été incendié sur le champ. La foule, ajoute-t-on de même source, lui reprochait d’avoir porté secours à un élément des forces de l’ordre, blessé, qu’il a évacué dans son véhicule vers la polyclinique de la localité. C’est sur le chemin du retour qu’il a été pourchassé.