30.000 personnes répondent à l’appel des ârchs

Marche à Ighil Imoula

30.000 personnes répondent à l’appel des ârchs

T. Mandi, Le Quotidien d’Oran, 3 novembre 2001

Un peu contre toute attente, eu égard à la démobilisation constatée depuis quelques semaines, des milliers de personnes se sont donné rendez-vous jeudi à Ighil Imoula, ce village haut perché de Kabylie où a été rédigée la déclaration du 1er Novembre 1954, pour crier leur attachement aux revendications énumérées dans la plate-forme d’El-Kseur.

« Seule et unique référence pour le mouvement né des évènements de Kabylie», ont réitéré les délégués de la coordination interwilayas réunis mardi et mercredi derniers à Larbâa Nath Irathen.

Comme prévu au lendemain de la marche interdite du 5 octobre, et dans la lignée des actions arrêtées par les délégués dans le cadre de ce qu’ils appellent «la réappropriation de l’histoire du pays», une trentaine de milliers de militants de la coordination interwilayas des ârouch se sont difficilement frayés un chemin vers ce haut lieu de la résistance pour réitérer, entre autres, leur exigence de voir punis «ceux qui ont ordonné aux gendarmes de tirer».

La marche de jeudi, considérée comme un véritable test pour l’organisation des ârouch, avait pour objectif le maintien de la mobilisation dans une région qui semblait, ces derniers temps, ne pas savoir où donner de la tête, notamment depuis la sortie des «représentants» qui ont pris à leur compte de prendre langue avec le chef du gouvernement, comme le proposait le président de la République dans son communiqué invitant les ârouch au dialogue. Un épisode qui n’a pas manqué, depuis, d’influer sur le cheminement du mouvement et qui a eu ses prolongements jusqu’à Larbâa Nath Irathen, où se tenait un énième conclave interwilayas, jusqu’à la veille de la marche.

Dans une ambiance bon enfant marquée par quelques ratés du point de vue organisation, la marche de jeudi a été marquée, après que les foules eurent parcouru près d’une dizaine de kilomètres, par un meeting improvisé au cours duquel Ali Zaamoum, grande figure révolutionnaire originaire du village d’Ighil Imoula, a publiquement souhaité qu’une amorce de dialogue soit enclenchée avec les pouvoirs publics, emboîtant ainsi le pas à ces voix qui espèrent voir le bout du tunnel, comme ces délégués qui, à Larbâa Nath Irathen, déclaraient «qu’une plate-forme de revendications est par essence négociable».

Il est à noter que, lors du même meeting, un délégué a fait savoir que le bilan des émeutes de Kabylie s’est alourdi après le décès, suite à ses blessures, d’un jeune de Béjaïa, en fin de semaine dernière, portant ainsi le nombre des victimes à 107. Le ministère de l’Intérieur avait annoncé la mort de 55 personnes, rappelle-t-on par ailleurs.

 

 

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