«La commission des droits de l’Homme» dénonce le système carcéral

Après une enquête sur les mutineries récentes dans les prisons

«La commission des droits de l’Homme» dénonce le système carcéral

Kader Hannachi, Le Quotidien d’Oran, 18 mai 2002

La commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme a clos la réunion de son bureau de coordination, jeudi dernier, par un communiqué critiquant la gestion des prisons. Selon une bonne source, la réunion de la commission est intervenue après que ses membres ont effectué une série de visites dans les prisons où de graves mutineries ont éclaté, ainsi que dans les hôpitaux où des détenus blessés ont été admis.

Ce qui explique, selon cette bonne source, pourquoi la commission a tardé à réagir à la vague de mutineries qui ont endeuillé les prisons de Chelghoum-Laïd, Serkadji, pour ne citer que les pénitenciers où il y a eu un grand nombre de morts parmi les prisonniers.

Dans son communiqué, la commission estime que les mutineries dramatiques qui ont eu lieu dans certains centres de détention, sont le résultat de «dysfonctionnements» et «d’une pratique abusive de la détention provisoire et d’un recours excessif à sa prolongation qui engendrent nécessairement une augmentation sensible du nombre de détenus». La commission considère que la préventive telle qu’appliquée actuellement par le système judiciaire algérien, constitue «une atteinte au principe de la présomption d’innocence».

Parmi les autres causes du malaise dans le système carcéral algérien, la commission ajoute «la situation matérielle des prisons», l’absence de moyens destinés à rendre moins tendues et moins agressives les relations humaines dans les centres de détention.

Point important : le verdict de la commission semble être dans le même sens que des analyses effectuées par la LADDH de Ali Yahia Abdenour et par la ligue de Boudjemâa Ghechir. Réfutant la thèse que ce sont des islamistes qui ont été derrière les mutineries, ces ligues de défense des droits humains ont davantage concentré leurs réactions sur un système pénitentiaire débordé par le surpeuplement, les mauvaises conditions de détention et par un usage abusif de la préventive.

Dans cette optique, la commission de promotion et de protection des droits de l’Homme a dénoncé l’hypocrisie recouvrant la dénomination des prisons algériennes comme étant des centres de rééducation : elle juge anormale «la cohabitation incohérente et inacceptable» de détenus destinés justement à la rééducation avec des catégories jugées irrécupérables. «Le manque de formation permanente du personnel d’encadrement et de surveillance, le manque d’inspections et de dialogue avec les détenus», sont dénoncés par la commission qui appelle à une prise en charge rapide du dossier.

A la fin de son communiqué, la commission a souligné «sa disponibilité» à apporter son concours à une «meilleure prise en charge de la question carcérale».