Le journal Al Maouid Al Djazairi a été interdit

LE JOURNAL AL MAOUID AL DJAZAÏRI A ÉTÉ INTERDIT

Yassin Temlali, Algeria Interface

Alger, 30/11/01 – L’hebdomadaire, poursuivi pour « apologie de terrorisme », a publié un article sur l’assassinat d’Abdelkader Hachani.

Alger, 30/11/01 – Abdelkader Talbi, directeur de l’hebdomadaire arabophone Al Maouîd al Djazaïri, a été entendu mardi et mercredi derniers (27 et 28 novembre) par la police, qui a également effectué des perquisitions dans les locaux du journal et à son domicile. Deux journalistes, auteurs d’un article intitulé « Pourquoi Abdelkader Hachani [dirigeant du FIS, NDLR] a été assassiné? » étaient convoqués, jeudi 29 novembre, dans les locaux de la police judiciaire.

Al Maouîd al Djazaïri a été « suspendu », le 25 novembre pour une durée indéterminée par le ministère de la Culture et de la Communication qui lui reprochait d’avoir publié des informations « propres à troubler l’ordre public ». « Notre dernier numéro», souligne Abdelkader Talbi « a été retiré des kiosques et ordre a été donné à l’ENAP [imprimerie d’État, NDLR] de ne plus imprimer le journal »

Le directeur de l’hebdomadaire affirme que la police l’a interrogé sur deux articles publiés dans l’édition qui a été saisie. Le premier, intitulé « Lecture des aveux d’un terroriste » est le récit des confessions d’un membre du GIA, Boumehdi Djelloul, dit Abou Obeïda. Le second porte sur l’assassinat du dirigeant du FIS, Abdelkader Hachani. Abdelkader Talbi s’étonne d’être accusé d’apologie du terrorisme: « Où est le mal? Nous avons publié les aveux d’un membre du GIA qui ont déjà été rapportés par l’agence officielle APS et repris par la presse. Est-ce cela l’apologie du terrorisme? Lisez l’article! Nous n’avons à aucun moment innocenté ce terroriste ou glorifié ses crimes. Bien au contraire! »

«Le silence des confrères »
Le directeur d’Al Maouïd al Djazaïri se dit abasourdi par la « grossièreté » de l’accusation: « Les policiers pensaient au départ que ces aveux (du membre du GIA, ndlr) étaient une invention de notre cru. Ils ne savaient même pas qu’ils avaient été publiés par d’autres journaux, dès le 8 novembre! » Conclusion: « C’est un règlement de comptes! Le ministère a suspendu la publication: il fallait alors absolument que les policiers trouvent dans nos articles des expressions qui justifieraient sa décision. »

Abdelkader Talbi trouve « ahurissante » la suspension d’une publication « qui n’épargne aucun effort pour promouvoir la réconciliation nationale et défendre les constantes de la Nation, telle que définies dans la Constitution ». Il déplore le silence de la « majorité » des confrères devant cette « injustice »: « Excepté deux ou trois journaux, personne ne nous a soutenus. Surtout pas les grands journaux qui prétendaient se battre contre les amendements liberticides du code pénal! Cela prouve qu’ils ne se battaient pas pour la profession mais pour défendre leurs intérêts particuliers. »

Al Maouîd al Djazaïri, dont le tirage atteindrait les 25 000 exemplaires a été fondé le 20 avril 1992. Il a cessé de paraître une première fois, pendant deux mois, en 1995. Il a été par la suite a été suspendu de tirage, en 1997, officiellement au motif « non-paiement de dettes à l’imprimerie », selon son directeur. Les autorités algériennes n’ont plus recours à la « suspension » de journaux depuis plus de deux ans. Reporters sans frontières, dans un communiqué diffusé le 29 novembre a estimé que cette censure relevait de « l’arbitraire » et constituait un « acte illégal ». L’organisation a demandé au ministère algérien de l’Intérieur d’ouvrir une enquête.

 

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