Cinq journalistes toujours portés disparus en Algérie

Cinq journalistes toujours portés disparus en Algérie

Mohamed Mehdi, Le Quotidien d’Oran, 2 mai 2002

Demain, vendredi 3 mai 2002, les journalistes de la planète fêteront la 12ème Journée internationale de la liberté de la presse. «Fêter», le terme semble assez déplacé compte tenu de la situation générale en matière de liberté d’expression et de la presse dans le monde. Chez nous, cinq journalistes sont portés disparus entre 1994 et 1997: Mohamed Hassaïne (Boumerdès, 28 février 1994), Kaddour Bousselham (Mascara, 29 octobre 1994), Djamil Fahassi (Alger, 6 mai 1995), Salah Kitouni (Constantine, 9 juillet 1996), et Aziz Bouabdellah (Alger, 12 avril 1997).

Dans un précédent rapport, Reporters sans frontières (RSF) avait affirmé que sur les 5 journalistes disparus, les deux premiers «l’ont été par des groupes armés islamistes», alors que pour les trois autres, »différents éléments permettent de penser, dans l’attente d’enquêtes approfondies, qu’ils ont été enlevés par des individus appartenant aux forces de sécurité».

Aux requêtes des familles de ces journalistes disparus, feu l’Observatoire national des droits de l’homme (ONDH), présidé par Me Rezzag Bara, n’avait donné aucune suite favorable ni réponse convaincante à leur sujet. Pour rappel, la démarche de l’ONDH était de solliciter le ou les services de sécurité accusés par les familles d’être les auteurs de l’enlèvement, et d’en attendre la réponse, qui fut dans tous les cas négative. Il reste que dans le cas du directeur de l’hebdomadaire En-Nour, Salah Kitouni, il existe assez de preuves officielles qui permettent de déterminer avec précision les auteurs de l’enlèvement. Ayant répondu, le 3 juillet 1996, à une convocation du commissariat de police, Salah Kitouni fut relâché le 6 juillet, pour y retourner trois jours plus tard. S’étant présenté à nouveau le 9 juillet, Kitouni n’a plus donné signe de vie depuis.

Après requête, le procureur de la République explique, dans un courrier daté du 29 mars 1997, que Salah Kitouni a été remis le 11 juillet 1996 par la police au Centre de recherches et d’investigations (CRI) de la Cinquième Région militaire. Le document en question a été remis à plusieurs ONG internationales, dont RSF.

Lors de son récent passage à la télévision, dans l’émission Ousbou El-Djazaïr, Me Mustapha Farouk Kessentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de défense des droits de l’Homme (CNCPDDH), avait annoncé que le dossier des disparus constitue la priorité de la mission de la Commission, et a promis des «enquêtes approfondies».