Les six candidats se retirent

Les six candidats se retirent
Communiqué commun

Les candidats à l’élection présidentielle, messieurs :
Hocine Aït Ahmed (représenté), Youcef Khatib, Ahmed
Taleb Ibrahimi, Mouloud Hamrouche, Mokdad
Sifi, Abdallah Djaballah, réunis ce jour 14 avril 1999
à Alger, après avoir constaté la non-prise en
considératio, par la présidence de la République de
notre démarche commune du 13 avril 1999 :

  1. nous enregistrons la persistance du pouvoir à
    dénier aux citoyennes et aux citoyens leur droit de
    décider de leur avenir et de choisir leur président,
    et nous le rendons responsable de ce qui en découle.
  2. nous réaffirmons que les engagements pris par le
    président de la République et le chef d’état-major
    de l’ANP pour garantir l’organisation d’un scrutin
    libre et transparent n’ont pas été respectés sur le
    terrain.
  3. nous décidons notre retrait collectif de l’élection
    présidentielle et la non-reconnaissance de la
    légitimité des résultats de ce scrutin et appelons à
    cet effet au retrait de nos représentants dans les
    bureaux et centres de vote et dans les commissions de
    surveillance à tous les niveaux.
  4. nous décidons de poursuivre la mobilisation du
    mouvement des citoyennes et des citoyens pour
    imposer le respect de leur droit de décider et de
    choisir librement.
  5. nous décidons de poursuivre la coordination de nos
    actions pour faire face à toutes les éventualités.

 

(Le Matin 12.4, AFP, AP, Reuters 13.4, 14.4) Cinq des sept candidats à
l’élection présidentielle (Hamrouche, Taleb, Aït Ahmed, Djaballah et Sifi)
ont évoqué le 11 avril la possibilité de se retirer de l’élection, afin de
dénoncer la fraude et l’engagement de l’administration aux côtés d’Abdelaziz
Bouteflika. Les représentants des candidats ont dénoncé le brusques
changements dans l’encadrement de certains centres et bureaux de vote,
notamment à Alger, le refus de certaines mairie de délivrer à des membres
des commissions communales de surveillance leur badge, l’orientation
pro-Bouteflika de la couverture médiatique de l’élection.
Le 13 avril, les six candidats opposée à Abdelaziz Bouteflika ont demandé l’annulation des premiers votes (ceux intervenus dans le grand sud saharien) en dénonçant une « opération de fraude », et en saisissant la Commission nationale indépendante de surveillance de l’élection, dont le président, Mohamed Bedjaoui, a pris l’engagement de « ne pas se taire » devant la fraude. Les candidats et leurs représentants ont donné plusieurs exemples de fraude déjà engagée :

1. cartes d’électeurs vierges destinées à être établies au dernier moment, et
dont le représentant de Hocine Aèit Ahmed a affirmé que « des milliers (…)
circulent dans le pays);

2. électeurs inscrits plus nombreux (plus de 39’000) que la population locale
(32’000 habitants) à Tindouf;

3. bureaux de vote fixes des corps constitués devenant bureaux itinérants
faisant la nevettes entre les commissariats et les casernes à Annaba, hors
de toute surveillance des représentants des candidats;

4. à Batna, avancement du vote de 24 heures et expulsion des représentants
des candidats dans les bureaux spéciaux;

5. rassemblement en faveur d’Abdelaziz Bouteflika après la clôture de la
campagne électorale à Tébessa;

6. refus du maire de Sidi Amar (M’Sila) de fournir aux représentants des
candidats la liste des « encadreurs » des centres et des bureaux de vote;

7. arrestation de sympathisants d’Ahmed Taleb Ibrahimi à Mostaganem;

8. « Invasion » par des gendarmes de la permanence du FFS de Beni Chabana
(Sétif), menaces et insultes à l’encontre des militants, destruction de
matériel de campagne et de documents;

9. départ de bureaux de vote itinérants sans que les représentants des
candidats en soient informés à Tamanrasset.

10. « surprotection » policière des journalistes et correspondants étrangers
« couvrant » l’élection présidentielle, interdits de se déplacer sans escorte,
interdits de déplacement hors d’Alger sans autorisation demandée 24 heures à
l’avance, souvent contraints d’interroger la population en présence de
policiers;

Le président Zéroual a refusé le 14 avril de recevoir les candidats ou leurs
représentants, et les a renvoyée aux « moyens (légaux) de faire valoir et de
défendre leurs droits ».