Nahnah soutient Bouteflika

Nahnah soutient Bouteflika

A. Idir, El Watan, 10 avril 1999

Comme attendu, le MSP a annoncé officiellement à travers une déclaration commune signée jeudi, à l’hôtel El Djazaïr, avec le FLN, le RND et Ennahda, son soutien à la candidature de Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle.Une ambiance de fête régnait ce jeudi dans cette salle de conférences lambrissée de l’hôtel El Djazaïr où Boualem Benhamouda, Ahmed Ouyahia, Lahbib Adami et Mahfoud Nahnah, respectivement leaders des partis FLN, RND, Ennahda et MSP, se sont donné rendez-vous pour signer une déclaration politique commune. Initiative qui trace les jalons d’une coalition que ses architectes espèrent perdurer. De ces partis, seul Ennahda ne fait pas partie de l’exécutif. Un exécutif composé depuis 1997 par le triumvirat RND, FLN, MSP, triumvirat majoritaire au sein de l’APN et du Conseil de la nation. Mais le parti de Lahbib Adami a déjà opté, il y a bien longtemps, aux côtés du FLN et du RND, en faveur de la candidature de Bouteflika.
La déclaration commune relève la détermination des quatre partis à consolider leur «coalition» comme ils condamnent «l’exclusion» de Mahfoud Nahnah de la compétition, traduite par l’invalidation par le Conseil constitutionnel du dossier de sa candidature à la présidentielle. De par ce document, le groupe des quatre fixe dix «objectifs» qu’ils comptent réaliser en commun. Il s’agit de l’attachement aux «constantes nationales», la déclaration du 1er Novembre 1954 et la plate-forme de l’entente nationale. Aussi est-il fait part de la «consolidation de la démocratie, le respect des droits de l’homme et des libertés individuelles et collectives, l’alternance pacifique au pouvoir et le respect du choix populaire».
Tout en plaidant en faveur des «valeurs démocratiques et républicaines» et du pluralisme politique, les quatre voient prioritaire «le rétablissement de la stabilité» dans le pays. En parallèle, il est impérieusement nécessaire de «traiter le phénomène de la violence et ses conséquences» et de «libérer sur le plan économique des initiatives individuelles et la prise en charge des démunis et de la jeunesse». Sont relevés, du reste, la «réhabilitation de l’autorité de l’Etat» et le principe de «consultations entre les quatre partis sur les questions importantes liées à l’Etat et à la société». Les signataires de la déclaration se disent convaincus que la concrétisation de ses objectifs passe impérativement par «le soutien à la candidature de Abdelaziz Bouteflika, la participation massive des citoyens au vote du 15 avril» qui marque «le premier pas dans le changement tant espéré, la consolidation de la coalition, laquelle reste ouverte aux autres partis politiques».
Prenant la parole, le secrétaire général du FLN, Boualem Benhamouda, a indiqué que la coalition s’est concrétisée en 1997. Allusion à la troïka gouvernementale FLN, RND et MSP. Le secrétaire général d’Ennahda, Lahbib Adami, a précisé que la participation de son parti à la coalition n’est pas motivée par le souci de «partager les portefeuilles de responsabilité, mais s’inscrit dans ses convictions de contribuer à une sortie de crise». Le président du MSP voit en cette rencontre une occasion pour «donner une nouvelle crédibilité aux consultations populaires à venir». Et cela, ajoute-t-il, «malgré notre exclusion de la compétition électorale». Il justifie son soutien à Bouteflika par l’espoir tant entretenu pour «sauvegarder la coalition» qu’il souhaite se transformer en alliance.
Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, se dit satisfait du «choix libre» du MSP quant à sa stratégie électorale. Laquelle contribue à «élargir la base de soutien à la candidature de Bouteflika, vu le poids important du MSP sur la scène politique». Ainsi, cette coalition constitue «un rempart face aux voix qui crient à la fraude électorale». Ayant toujours placé son parti dans le camp de l’opposition, Nahnah a participé à une rencontre des signataires du «contrat de Rome» et se retire ensuite pour prendre part à la conférence de l’entente nationale. Il intègre son parti dans le CNT puis siège dans les deux gouvernements de Ouyahia auprès du FLN et du RND et l’exécutif de Hamdani. Pourtant, il a participé au mouvement de protestation contre la fraude électorale qui a entaché les locales aux côtés d’autres partis politiques. Elections qui ont consacré le RND vainqueur.
Le lumignon de la démocratie et /ou le «démocratisme» engendré par les événements du 5 Octobre 88 continuent à distiller des aberrations. Le poète a toujours raison lui qui disait : «Si vous êtes de mon avis, dites adieu au printemps.»

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