Manifeste Des Libertés Pour la Démocratie

Nous :
Hocine AIT-AHMED (représenté)
Youcef KHATIB
Ahmed TALEB IBRAFIIMI
Mouloud HAMROUCHE
Mokdad SIFI
Abdellah DJABALLAH

réunis à Alger le 14 mai 1999, adaptons le :

Manifeste Des Libertés Pour la Démocratie

Le peuple algérien a refusé le 15 avril 1999, de cautionner une élection qui confisque sa volonté et se situe en contradiction avec ses ambitions et ses aspirations.

A ce titre, cette date constitue une étape majeure dans l’histoire de la longue lutte du peuple pour imposer le respect de sa liberté et de sa volonté, préserver les composantes de sa personnalité nationale et exercer la plénitude de ses droits politiques.

Les Algériens et les Algériennes voulaient faire de cette élection une réelle occasion à la fois pour se réconcilier entre eux, et avec leurs institutions, et jeter les fondements d’une vraie démocratie basée sur le pluralisme et l’émergence d’un pouvoir légitime.

En refusant la tenue d’une élection libre et crédible malgré ses engagements solennels, et persistant à l’organiser dans des conditions anormales, le pouvoir a retardé le règlement de la crise et a continué à nourrir une situation caractérisée par la violation de la loi, le développement de la corruption, de l’injustice, de l’arbitraire sociale et du passe-droit.

La non participation de la majorité écrasante d’Algériens et d’Algériennes au scrutin du 15 avril 1999, constitue un véritable défi politique et révèle le degré du sens civique du peuple algérien qui a compris et approuvé le retrait des six candidats de la compétition électorale.

Son attitude constitue un message adressé à ceux qui se maintiennent au pouvoir par tous les moyens, portant sur le rejet du système en place et le refus de la manipulation des urnes. Ce message signifie en même temps que l’inexistence des libertés, et la négation des mécanismes démocratiques, tout autant que le mépris de la volonté populaire sont à l’origine des fractures politiques, sociales et culturelles, et empêchent toute perspective de sortie de l’impasse politique et sécuritaire actuelle.

Conscients du fossé qui ne cesse de s’approfondir entre les gouvernants, les institutions et la société condamnant 1’Algérie à vivre dans une instabilité chronique favorisant l’extrémisme, la violence, la répression et entravant tout développement économique et social.

Convaincus que le développement économique, le bien être social et la paix ne sont possibles que par le respect et l’élargissement des libertés et le respect des droits de l’homme, par la réalisation d’une cohésion totale entre la société et l’Etat.

Et face à la volonté du pouvoir de remettre en cause le peu d’espaces démocratiques conquis grâce à une longue lutte faite de sacrifices.

Nous mettons en garde le pouvoir contre les conséquences de sa fuite en avant en faisant fi de la grande maturité politique dont a fait preuve le peuple pendant la campagne électorale, et en s’opposant à sa détermination à ne pas capituler devant le despotisme, la violence et la régression.

Nous réaffirmons la nécessité de rassembler les Algériens et les Algériennes autour d’un projet démocratique et pluraliste ouvrant de nouvelles perspectives et à même d’imposer le changement et consacrer 1’Etat de droit dans la paix et la sécurité. Seule cette détermination à jouir pleinement de la citoyenneté est de nature à changer un système négateur des libertés et des droits de l’homme.

Nous exhortons les partis politiques, le mouvement associatif, les jeunes, les femmes, les syndicalistes, les universitaires, les paysans, les journalistes, les cadres, les opérateurs économiques… à initier un large débat entre eux afin de dégager les voies et moyens pacifiques pour mettre en échec toute velléité de soumettre par la force la société à un ordre totalitaire.

C’est sur cette dynamique que reposent l’espoir et la dignité du pays.

C’est pourquoi il est impératif et urgent de mobiliser la société pour la défense :

1 – du respect des droits de l’homme et du citoyen.

2 – de la primauté du droit et de l’indépendance de la justice.

3 – du droit des citoyens à une justice sociale.

4 – du droit des citoyens à choisir librement leurs gouvernants en consacrant le principe de l’alternance au pouvoir par des moyens pacifiques.

5 – du droit des citoyens à une information libre et plurielle à travers l’indépendance des moyens d’information publics et privés, et. la levée de toute forme de censure.

6 – du droit des fonctionnaires et des agents de l’Etat à exercer leur mission loin de toute forme de pression, d’intimidations et d’arbitraire.

7 – du libre exercice de l’action politique.

8 – de la liberté d’organisation, de réunion et de manifestation.

9 – de la liberté d’opinion, de la liberté d’expression, de la liberté de pensée et de la liberté de création.

10 – du respect de la vie privée des citoyens et des citoyennes. de leur intégrité physique et de leurs biens.

11 – du pluralisme politique et syndical.

12 – de toutes les dimensions de la culture algérienne et leurs promotions.

13 – des libertés syndicales.

Alger, le 14 mai 1999

Hocine Aït-Ahmed
Youcef Khatib
Ahmed Taleb Ibrahimi
Mouloud Hamrouche
Mokdad Sifi
Abdellah Djaballah

 

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