Procès K. Nezzar / H. Souaidia : Presse algérienne du 3 juillet 2002

PROCÈS NEZZAR-SOUAïDIA

Audition des premiers témoins

El Watan, 3 juillet 2002

Le premier témoin du procès en diffamation introduit lundi par le général à la retraite Khaled Nezzar contre l’ex-sous officier Habib Souaïdia à être entendu par le tribunal correctionnel de Paris est Sid Ahmed Ghozali. Cité par la partie civile, il a retracé son parcours professionnel et a signifié d’emblée qu’il n’a jamais eu que « l’Etat algérien comme patron ». « Je suis venu ici pour contribuer au rétablissement de l’image de mon pays, et de l’honneur de l’ANP.
Je ne suis pas ici pour défendre un homme, il a les moyens de se défendre lui-même s’il en était le cas. Je suis ici pour parler de faits. » « C’est faux de dire que le processus électoral a été interrompu par les militaires. Il s’agissait d’une décision des militaires, du gouvernement et de la société civile d’un commun accord. » « C’est le Haut Conseil de sécurité, qui, sur la base de l’évolution de la situation et de notre perception, a décidé de l’arrêt du processus électoral. » Il a ajouté qu’Ahmed Ben Bella lui avait dit : « Mon fils, tu ne vas pas laisser le pouvoir à cette bête immonde. » Il a souligné que bien que 60 % des électeurs n’aient pas voté, les suffrages exprimés pour le FIS avaient une signification, « un vomissement, un cri très fort de rejet des Algériens de leurs conditions de vie, de la dégradation de leur situation ». Sid Ahmed Ghozali a rappelé que les violences islamiques n’ont pas commencé avec l’interruption du processus électoral en 1991, mais bien avant la légalisation du FIS en 1989. « La stratégie des islamistes vise à exploiter les situations de détresse, de frustration et de corruption qui sont de la responsabilité du pouvoir en place, pour accéder au pouvoir », a-t-il expliqué. Et pour cela, il faut « déstabiliser l’armée, seul rempart » à l’islamisme. « L’Algérie n’a jamais été un pays avec des militaires assoiffés de pouvoir dictant des ordres à des civils. J’ai été nommé par le chef de l’Etat. Je n’ai jamais été en situation d’exécuter un ordre ni pour la nomination d’un ministre ni pour quoi que ce soit. »

Témoignages
Le témoignage de Ali Haroun ira dans le même sens. L’ancien membre du HCE a expliqué comment cette instance collégiale a été instituée dans le respect de la Constitution après la démission du chef de l’Etat Chadli Bendjedid et de la fin de la législature de l’APN. Mohamed Harbi a expliqué comment dès 1957, après l’assassinat de Abane Ramdane, le rapport entre le pouvoir militaire et le pouvoir politique a été renversé au profit du premier. « Le processus historique algérien a mené à la formation d’une armée ayant un Etat à son service et non un Etat ayant une armée. Les fondateurs avaient confondu la voie politique et la voie militaire. » Mohamed Harbi a ajouté qu’il a manifesté sans hésitation son opposition à l’arrêt du processus électoral. « Je considérais qu’il y avait suffisamment de ressources dans le pouvoir et la société pour empêcher l’installation d’un Etat islamique. » Il a aussi indiqué qu’il avait été sollicité pour faire partie du Conseil consultatif. « On m’a dit qu’il n’y a pas de problème, le FIS est infiltré par la SM. On ne manipule pas un mouvement de masse en colère. » A la barre est appelé un témoin de la défense de Souaïdia, l’ex-capitaine Ahmed Chouchène, arrêté le 3 mars 1992 et condamné à 4 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat, aujourd’hui réfugié à Londres et membre du MAOL. « Mon arrestation était motivée par ma réputation dans les rangs des troupes spéciales menaçant les missions que l’ANP allait engager à partir de 1991. » Il a rencontré à trois reprises Saïd Makhloufi et Chebouti, en mai 1991, pour monter des réseaux militaires et organiser des opérations de sabotage contre l’ENTV et la Radio, a précisé le général Nezzar. « Le capitaine Chouchène, je le connais, c’est un convaincu. Je le respecte. » L’ex-officier des forces aéroportées ne dément pas. Il dit toutefois que les chefs islamistes évoqués par le général Nezzar n’étaient pas recherchés, ils étaient membres du FIS.

Missions
« Ces gens-là m’ont contacté, j’ai accepté de discuter avec eux en tant que citoyens algériens. Je les ai convaincus de ne prendre aucune initiative. Jusqu’à l’arrêt du processus électoral. Avant moi, ils ont contacté d’autres officiers et sous-officiers. Ma rencontre avec eux a stoppé l’opération contre le commandement militaire. » Il affirme que de hauts officiers lui ont proposé de collaborer en assassinant des responsables islamistes. « J’ai écrit une lettre au ministre de la Défense pour dire mon désaccord avec les décisions de l’implication de l’armée dans une confrontation avec la majorité du peuple et collaborer avec tous les braves. » Il y a eu également les témoignages de Mohamed Sifaoui et Rezzag Bara, ancien président de l’ONDH pour la partie civile, et Patrick Baudoin, ancien président de la FIDH, pour la défense.

Par N. Bouzeghrane

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Ghozali à la rescousse de Nezzar

« L’arrêt du processus électoral ou la fin de l’Algérie »

Par Aït-Chaâlal Mouloud, Le Jeune Independant, 3 juillet 2002

L’ancien chef du gouvernement, Sid-Ahmed Ghozali, a affirmé que l’arrêt du processus électoral de décembre 1991 était l’unique parade pour sauver l’Algérie des griffes du Front islamique du salut.

Appelé à témoigner, hier, lors de la deuxième journée du procès qui oppose, à Paris, le général à la retraite Khaled Nezzar à Habib Souaïdia, auteur de la sale guerre, Ghozali a lancé : « laisser le pouvoir aux islamistes, c’était la fin de l’Algérie », justifiant, ainsi, le coup de force de janvier 1992 dont le général Nezzar revendique la paternité .Ghozali, qui avait été maintenu à son poste de chef du gouvernement après le démission forcée de Chadli Bendjedid et la désignation de Mohamed Boudiaf à la tête du haut comité d’Etat dans lequel Nezzar était membre, a soutenu que « le FIS, avec la complicité d’un clan au pouvoir, a manipulé les listes électorales et le scrutin « , allusion au président Chadli qui se considérait nullement inquiété par une prise du parlement par le FIS à condition que ce dernier respecte les lois de la république.
Considéré comme un cacique du système pour avoir été longtemps dans les rouages de l’Etat, Ghozali a estimé, à la barre du tribunal correctionnel de Paris, que le résultat du scrutin du premier tour des législatives constituait un « rejet de tous ceux » que le peuple « considérait comme étant responsables des difficultés dans lesquelles il était ». Dans son plaidoyer, Ghozali, qui a dû se retrouver, au lendemain de la mort de Boudiaf et de sa démission du gouvernement pendant près de six mois, ambassadeur non accrédité à Paris, a ajouté que l’interruption du processus électoral était une décision « des militaires, du gouvernement et de la société civile d’un commun accord », en référence au comité national de sauvegarde de l’Algérie initié notamment par le secrétaire général de l’UGTA, Abdelhak Benhamouda, assassiné en février 1997, et le leader du RCD, Saïd Sadi, aujourd’hui virulent opposant au pouvoir.

De son coté, le général Nezzar a justifié l’interruption des élections de 1991 comme « une action de l’armée qui a eu pour but de préserver l’ordre menacé par les islamistes […]. Il fallait éviter « l’Afghanisation » de l’Algérie, en un mot, l’Etat taliban « , en référence à la milice islamiste composée d’étudiants en théologie qui a pris le contrôle de l’Afghanistan en 1996, mais inexistante en 1991. Nezzar poursuit en justice Souaïdia pour des propos qu’il juge diffamatoires à son égard tenus le 27 mai 2001 sur la chaîne la Cinquième lors de l’émission « Droits d’auteur » consacrée à l’Algérie. Il demande 15 000 euros de dommages et intérêts. D’autre part, une nouvelle plainte pour tortures a été déposée vendredi contre le général Nezzar par Mes William Bourdon et Antoine Comte au nom de six plaignants qui l’accusent d’avoir couvert de son autorité le recours à la torture après la proclamation de l’état d’urgence en 1992.
Une plainte similaire avait été déposée par les mêmes avocats au nom de trois plaignants l’an dernier au mois d’avril, mais elle a été classée sans suite. A.-C. M.

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2ème jour du Procès Nezzar-Souaïdia

Ghozali, Haroun, Baudouin et Chouchane témoignent

Par Merzak Meneceur, La tribune , 3 juillet 2002

Dans sa seconde journée, le procès en diffamation intenté par Khaled Nezzar contre Habib Souaïdia a pris de l’ampleur et de la dimension avec le passage à la barre des premiers témoins cités par les deux parties. Et c’est Sid Ahmed Ghozali qui a donné le ton au débat contradictoire qui allait s’installer durant les deux séances du jour de la 17ème Chambre du tribunal correctionnel de Paris. L’ancien Premier ministre algérien a de suite indiqué que par son témoignage au procès, il entendait « contribuer à rétablir la vérité en ce qui concerne l’honneur de l’ANP et [celui] de l’Algérie » qui, pour lui, « se confondent ». « Ma conviction profonde, a-t-il ajouté, est de rétablir la vérité contre des assertions qui entrent dans le cadre d’une stratégie de l’intégrisme qui, pour accéder au pouvoir, table sur l’effondrement de l’Etat en utilisant la déstabilisation de l’armée, seul rempart possible à ce projet. » Rappelant que l’intégrisme a usé de la violence bien avant l’interruption du processus électoral en 1991, et sachant certainement que la défense a choisi la tactique de focaliser le débat sur cet événement, Sid Ahmed Ghozali l’a qualifié d' »acte historique » qui a été décidé après de mûres réflexions qui ont tenu compte des demandes de la majorité des partis politiques du pays et de la société civile. Il a révélé que même l’ancien président Ahmed Ben Bella lui a déclaré qu’il ne faillait pas laisser le pouvoir à « cette plaie qui monte ». « On était, a-t-il ajouté, dans une position dangereuse car ce n’était pas seulement un simple changement de majorité. Notre conviction était que laisser le pouvoir aux islamistes c’était la fin de l’Algérie. » Pour lui, il ne s’agissait pas d’un coup d’Etat, mais d’une réponse adéquate à une situation inédite avec la fin de la législature et la démission du président Chadli. En réponse à un avocat de la défense sur la démission de ce dernier, Ghozali a déclaré qu’il n’avait pas connaissance de pressions exercées contre lui mais qu’il était très affecté et marqué par les événements d’Octobre 88. « Depuis 1988, j’ai cru reconnaître un président moralement démissionnaire », a encore déclaré l’ancien Premier ministre. Le livre de Souaïdia ? « Je ne suis pas venu témoigner contre Souaïdia qui est l’instrument d’une opération médiatique et d’un matraquage qui ne date pas de ce jour », a répondu Ghozali.C’est dans la même lignée qu’est intervenu ensuite Ali Haroun. Pour l’ancien membre du HCE, l’ANP a été « l’allié objectif » des démocrates pour s’opposer ensemble aux « fous de Dieu ».Après « les ténors » de la politique, c’est un journaliste, Mohamed Sifaoui, initialement co-auteur avec Souaïdia de la Salle Guerre qui passe à la barre au début de la séance de l’après-midi. L’ancien journaliste du Soir d’Algérie a d’emblée présenté sa situation qui pourrait paraître atypique : un réfugié politique opposé au régime algérien qui témoigne en faveur d’un général algérien ! Il s’explique : « Je pense que ce procès est d’une certaine gravité pas contre Nezzar mais parce qu’il veut remettre en cause quelque chose de fondamental : l’arrêt du processus électoral. J’ai toujours combattu le système que représente Nezzar et je continuerai à le combattre. Je veux dire à Nezzar que je tiens et j’assumerai toujours cette position mais je tiens aussi à lui rendre hommage d’avoir interrompu le processus électoral et évité à l’Algérie d’être un nouvel Afghanistan. »Pour Sifaoui, le livre de Souaïdia n’a rien à voir avec le projet initial. Il raconte leur parcours commun à Paris jusqu’à la rencontre avec l’éditeur Gèze parce qu’après, « ils ont travesti le manuscrit ». Il donne des détails sur « le vice » par lequel des modifications ont été apportées au livre pour absoudre les islamistes et charger l’armée algérienne.Place ensuite fut laissée aux témoins de la partie adverse avec en premier lieu l’historien algérien Mohamed Harbi. Avant d’indiquer qu’il était opposé à l’arrêt du processus électoral « non sans hésitation », il a donné en quelque sorte un cours d’histoire pour démontrer que dès 1956, le pouvoir militaire avait pris le-dessus sur le pouvoir politique avec l’assassinat de Abane Ramdane. Pour Harbi, tout ce qui s’est passé ensuite n’est que la continuité d’un rapport interrompu juste quelques années après l’indépendance. Interrogé sur la montée de l’intégrisme, il a rappelé que, « personnellement », il a expliqué à temps que « la manipulation de la religion et de la langue pouvait amener à des dérives dangereuses ».Ensuite, l’avocat Me Patrick Baudouin est intervenu en sa qualité d’ancien président de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Le juriste a réitéré le contenu des rapports 1995 et 2000 de la FIDH qui sont nettement en défaveur du pouvoir algérien sans apporter de faits nouveaux. En lui succédant, l’ancien capitaine de l’ANP, Ahmed Chouchane, connu pour ses positions islamistes, a défendu sa thèse qui consistait à éviter l’arrêt du processus électoral mais sans se dévoiler politiquement. Il fallait l’intervention de Nezzar pour savoir alors qu’il était encore militaire, qu’il avait eu trois réunions avec des responsables du FIS dissous au cours de l’année 1991 et qu’au départ, il a été condamné par l’armée pour prosélytisme. Enfin, qu’il avait reconnu être « un sympathisant du FIS et pour un régime islamique ». Chouchane a reconnu ces rencontres mais en précisant que les personnes de l’ex-FIS n’étaient pas encore recherchées et que ses visites étaient faites en sa qualité de citoyen. Comme si un capitaine de n’importe quelle armée du monde pouvait être un simple citoyen et nouer des relations intimes avec un parti politique.La troisième journée sera consacrée au passage à la barre d’autres témoins des deux parties pour un procès qui prend assurément des allures de plus en plus politiques, son objet, l’examen d’une citation pour diffamation, devenant la toile de fond des séances.
M. M

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Le procès Nezzar-Souaïdia se poursuit

Au deuxième jour du procès Nezzar-Souaïdia, plusieurs témoins à charge ont pris la parole. Sid-Ahmed Ghozali, Ali Haroun et Rezzag-Bara ont ainsi été auditionnés.

Les explications de Sid Ahmed Ghozali

De notre correspondante à Paris, Naziha Benchicou, Le Matin, 3 juillet 2002

La deuxième journée du procès, qui a débuté hier à 9 h 30, a été consacrée à l’audition de témoins à charge du général à la retraite Khaled Nezzar, en l’occurrence l’ancien Chef de gouvernement Sid-Ahmed Ghozali, qui a présidé aux élections communales, et du premier tour des législatives de 1991 Ali Haroun, membre du HCE, et Rezzag-Bara, ex-président de l’Observatoire des droits de l’Homme. Les témoins de Souaïdia : l’historien Mohammed Harbi, M. Chouchène, ancien officier déserteur de l’ANP. La première intervention, la plus attendue, est celle de Sid-Ahmed Ghozali qui, à l’instar de Khaled Nezzar, durant l’ouverture du procès, a dû répondre à des questions d’ordre politique de l’avocat de Souaïdia, de Souaïdia lui-même autorisé par le président et de l’avocat de Nezzar.

Sid-Ahmed Ghozali :  » Pourquoi j’ai été nommé Chef de gouvernement « 
D’emblée, l’ancien Chef de gouvernement, acteur principal des législatives de 1991, justifie sa nomination en tant que Chef de gouvernement sa relation avec le général Nezzar et l’arrestation de Abassi Madani et de Ali Benhadj. Sur sa nomination, il répondra à l’avocat de Nezzar :  » On m’a imposé d’accepter la mission de Chef de gouvernement alors que j’étais à l’extérieur du pays, et j’ai été amené à avoir des relations avec l’armée en tant qu’institution et individu. Mais c’étaient des relations fonctionnelles et patriotiques et non de clans.  » Les questions de l’avocat de Souaïdia acculent Si-Ahmed Ghozali sur des faits précis. Sur l’arrêt du processus électoral, il dira, à l’instar de Nezzar :  » Le gouvernement est l’armée. Je réfute que dans le pays, il n’y a que l’armée et le peuple. Les militaires n’ont pas décidé de l’arrêt du processus électoral. C’est la société civile qui s’est trouvée face au danger islamiste.  » Il a souligné que sa  » conviction profonde est de rétablir la vérité contre des assertions qui entrent dans le cadre d’une stratégie de l’intégrisme qui, pour accéder au Pouvoir, table sur l’effondrement de l’Etat en utilisant la déstabilisation de l’armée, seul rempart possible à ce projet « . Il ajoute que l’ex-FIS a cherché précisément à  » déstabiliser l’armée en s’attaquant à Khaled Nezzar, l’homme qui a incarné et continue d’incarner les vraies valeurs de l’ANP « .

 » Des élections propres et honnêtes « 
Mais sur cette question précise, deux points paraissent contradictoires dans ses propos. Tout en insistant sur le fait que  » le FIS a manipulé les listes électorales des législatives « , il rappellera :  » J’avais dit à la presse qu’elles (les législatives) étaient propres et honnêtes  » Mea culpa ? Autocritique ? En tout cas, c’est sur la défensive et la justification que l’audition de Sid-Ahmed Ghozali se poursuivra. A la question de l’avocat de Souaïdia de savoir quelle était  » la réalité du Pouvoir  » au moment de ses fonctions, des centres de détention, voire d’extermination, Ghozali rétorque :  » Je suis là pour vous éclairer sur des faits vécus, pas sur des états d’âme. Je n’ai pas à répondre à ces questions.  » Interrogé sur le livre de Souaïdia, M. Ghozali a tout d’abord déclaré qu’il n’était pas venu témoigner contre Souaïdia, qui est, selon lui,  » l’instrument d’une opération médiatique et d’un matraquage qui ne date pas de ce jour « .

Souaïdia intervient
Souaïdia, après avoir obtenu l’accord du président, intervient et pose cette question :  » Qui était votre ministre de l’Intérieur ?  » Ghozali n’esquive pas la réponse telle qu’attendue probablement par Souaïdia :  » C’était Rahal, ancien ministre, ensuite j’ai nommé Belkheir.  » Pouvez-vous donner sa biographie ? Et Ghozali de répondre :  » On ne parle pas des absents.  » Et il quitte la barre. L’intervention de M. Chouchène faite en arabe, témoin à charge de Souaïdia, fera réagir le général Nezzar :  » C’est par mon intervention, dira Chouchène, que Nezzar a échappé à un attentat.  »

Harbi :  » C’est une militarisation du processus électoral « 
Quant à l’historien Harbi, il se contentera d’expliquer  » la militarisation du processus électoral « . Appelé à son tour à témoigner à la suite de M. Ghozali, Ali Haroun, ancien ministre des Droits de l’Homme puis membre du Haut-Comité d’Etat (HCE), a abondé dans le même sens en rendant hommage à l’action de l’ANP qui a été, selon lui,  » l’alliée objective  » des démocrates, en s’opposant avec eux et avec l’ensemble des composantes de la société algérienne au projet islamiste des  » fous de Dieu « . M. Ghozali a rappelé que le terrorisme a débuté en Algérie bien avant 1992, avec des actions ciblées contre l’armée, puis s’est étendu aux massacres de populations que l’on voulait terroriser pour les forcer à accepter l’intégrisme, en accusant l’armée d’être l’auteur des massacres, tout en s’attribuant la paternité de l’horreur et du crime.  » On a voulu occulter totalement le phénomène islamiste, qui est la plus grande idéologie totalitaire du siècle « , a encore dit M. Ghozali, tout en rappelant qu’il est un musulman profondément croyant.

Le président :  » Evitez la redondance « 
Revenant sur l’interruption du processus électoral qu’il a pleinement justifiée pour éviter à l’Algérie une catastrophe, il l’a qualifiée d' » acte historique « . Suite à des questions  » informatives  » de l’avocat de Souaïdia sur le nombre de disparus, de morts attribués à l’interruption du processus électoral, Ali Haroun n’aura pas de réponse telle qu’attendu. Le président de la cour ainsi que l’avocat de Souaïdia interviennent, invitent les témoins de Khaled Nezzar  » à ne pas faire de redondance, à être plus convaincants et à donner des réponses objectives, strictes et claires « . Cette réaction du président de la cour donne le ton à une troisième journée d’un procès qui transforme la plainte déposée contre Souaïdia par Khaled Nezzar en prétexte juridique pour devenir le procès de tous les acteurs des décideurs algériens avant, pendant et après le processus électoral de 1991.
N. B

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GHOZALI AU PROCES NEZZAR-SOUÎDIA

« Je n’ai pas voulu être le Chapour Bakhtiar de l’Algérie »

Le Soir d »Algerie, 3 juillet 2002

Au deuxième jour du procès en diffamation intenté par le général à la retraite Khaled Nezzar à Paris contre l’auteur de la Sale Guerre, le militaire Habib Souaïdia, l’ancien Premier ministre Sid-Ahmed Ghozali, appelé à la barre, a justifié l’interruption du processus électoral en 1992, refusant d’être « le Chapour Bakhtiar de l’Algérie ». Chérif Bennaceur- Alger (Le Soir) – Invité à témoigner par le plaignant, l’ancien Premier ministre a déclaré, hier à la barre du tribunal correctionnel de Paris, que son témoignage visait à « contribuer à rétablir la vérité en ce qui concerne l’honneur de l’ANP et de l’Algérie qui se confondent ». Toutefois, il a déclaré ne pas être venu témoigner contre Souaïdia qui est, selon lui, « l’instrument d’une opération médiatique et d’un matraquage qui ne date pas de ce jour ». A ce titre, il a souligné que « sa conviction profonde est de rétablir la vérité contre des assertions qui entrent dans le cadre d’une stratégie de l’intégrisme ». Sid- Ahmed Ghozali a aussi exprimé sa conviction que « laisser le pouvoir aux islamistes, c’était laisser tomber l’Algérie ». A ce propos, il a estimé que l’armée algérienne était « le seul rempart contre l’obscurantisme » et que l’Algérie « n’est pas une république bananière avec, d’un côté, des militaires assoiffés de sang et, de l’autre, des civils obéissants ». Démentant les accusations portées contre l’armée et formulées par Habib Souaïdia, Ghozali a considéré que cette thèse est « une invention des islamistes ». Et de préciser, en justifiant l’interruption du processus électoral, que « la stratégie de l’islamisme, c’est de s’emparer du pouvoir sur la base de l’effondrement de l’Etat en passant par la déstabilisation de l’armée ». « On était dans une position dangereuse car ce n’était pas seulement un simple changement de majorité. Le FIS, avec la complicité d’un clan au pouvoir, a manipulé les listes électorales et le scrutin », a-t-il souligné par ailleurs. Interrogé sur la démission du Président Chadli Bendjedid, l’ancien Premier ministre a déclaré qu’il n’avait aucune connaissance de pressions exercées sur lui pour le pousser à partir. Cependant, connaissant son « état d’esprit », il l’avait trouvé « très atteint par les évènements d’octobre 1988 ». « Depuis 1988, j’ai cru reconnaître un Président qui était moralement démissionnaire. » De même, il a déclaré que l’intervention des militaires avait bénéficié d' »un consensus très large de la société civile et des milieux politiques ». Une décision qui aurait bénéficié aussi du soutien de l’ancien président de la République, Ahmed Ben Bella, qui lui aurait dit à ce moment : « Mon fils, tu ne vas pas laisser le pouvoir à cette bête immonde ». L’audition publique de l’ancien Premier ministre a été suivie par celle de l’ancien ministre des droits de l’homme, M. Ali Haroun, qui a déclaré avoir pris conscience du danger islamiste et qui a décidé d’assumer « (ses) responsabilités et (de) participer au gouvernement Ghozali, pour créer un précédent ».

C.B./Agences
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SID-AHMED GHOZALI AU PROCES NEZZAR-SOUAIDIA

« Nous avons sauvé l’Algérie »

L’Expression, 3 juillet 2002

C’est un véritable procès de l’Algérie qui est en train de se tenir à la 17e Chambre correctionnelle de Paris.
Le procès en diffamation intenté par Khaled Nezzar à Habib Souaïdia se transforme peu à peu en procès politique contre l’Etat algérien entre l’arrêt du processus électoral de 1991 et la sortie du livre La sale guerre.
La deuxième journée du procès a vu l’entrée en scène de deux anciens hauts responsables, le Chef du gouvernement sous Boudiaf, Sid Ahmed Ghozali, et l’ex-compagnon du général Nezzar au HCE, Ali Haroun. SAG s’est présenté peu avant 10h devant le président de la cour pour dédouaner « l’armée et Nezzar des accusations portées contre eux par Habib Souaïdia ».
M.Ghozali, qui a affirmé qu’il n’est pas venu témoigner contre Souaïdia, qualifié de « simple instrument dans un grand complot qui le dépasse », a souligné qu’il a lu attentivement son livre et sur les 200 pages de l’essai, il n’en a retenu que 20 qui attaquaient le général Nezzar. « Le reste n’était que des considérations politiques dictées ailleurs pour favoriser la théorie du  »qui tue qui » ? ». Appelé à s’expliquer par l’avocat de la défense, Me Comte, sur les quatre décrets qu’il avait signés en tant que Chef du gouvernement et qui, selon lui, « ouvraient la voie à l’arbitraire avec notamment la création de centre d’internement dans le Sud, les assignations à résidence, la création de l’état d’urgence…et les arrestations arbitraires », Ghozali a répondu avec calme que « c’est une décision politique qui s’est inscrite en droite ligne avec la Constitution et que ce ne sont pas des décrets arbitraires ».
L’ancien Premier ministre a évoqué l’épisode de sa rencontre avec les chouyoukh du FIS où il a leur précisé qu’il n’était pas là pour détruire le FIS, mais s’ils continuaient à alimenter la violence et l’intégrisme, leur parti sera dissous. La défense de Souaïdia, habilement dirigée par Me Comte, demande alors à SAG, devant l’étonnement général, ce qu’il pense du fait que la lettre de démission de Chadli était rédigée par le général Touati et Ali Haroun. Surpris par la question, Ghozali précise qu’il était un commis de l’Etat et qu’il lui arrivait de rédiger des lettres à Chadli et à Boumediene.
Me Comte tente alors de jouer sur le passé de Ghozali et de prouver qu’il avait des divergences avec le pouvoir.
Maître Comte: « l’Etat algérien ne repecte pas les lois. Cette déclaration vous l’avez faite dans un quotidien algérois, vous maintenez votre déclaration ».
Ghozali:  » C’est une appréciation faite sur la base d’une position politique, mais je reste convaincu que depuis 1999 il y a une dérive de mon pays. » Acculé par les questions dérangeantes, Ghozali perd patience et demande s’il était là en tant que témoin ou accusé.
C’est alors que Souaïdia, déterminé, se lève et interroge l’ex-Chef du gouvernement. « Où était votre ministre de l’Intérieur? » Ghozali répond avec un calme exemplaire. « C’était Abdelatif Rahal qui était mon ministre de l’Intérieur, un vrai diplomate qui avait derrière lui une grande carrière. » Non content de la réponse, Souaïdia poursuit en demandant de citer son parcours. Intervient alors la défense de Nezzar qui précise que ce n’est pas l’objet du procès, invitant Ghozali à conclure son témoignage.
L’ancien membre du HCE, M.Ali Haroun arrive pour apporter son soutien à Nezzar: « C’est un procès d’abord pour défendre l’honneur de l’Armée et Nezzar en tant que personne et en tant qu’ancien chef de l’institution de l’armée, qui est de surcroît la colonne vertébrale du pays. Donc, instinctivement, c’est le pays qui est défendu. » Avant d’entrer dans le vif du sujet, Haroun précise qu’il était opposé au système depuis 1963 jusqu’à 1991. L’ancien avocat poursuit sa critique en dénonçant « le charlatanisme politico-religieux du FIS ». L’ex-ministre des Droits de l’Homme sous le gouvernement Ghozali a tenté de prendre ses distances par rapport aux centres d’internement du Sud. Les avocats de la défense ont fini d’enfoncer le clou en lui faisant dire qu’il avait libéré les 4500 détenus islamistes dont certains étaient venus le voir pour le remercier. L’intervention la plus remarquée, mais aussi la plus controversée, est venue de Sifaoui qui a demandé qu’on lui explique « comment un réfugié politique se retrouve devant le tribunal pour défendre un général ». Il a tenu à rendre « hommage au général Nezzar pour avoir arrêté le processus électoral de 1991 et d’avoir évité à l’Algérie un autre Afghanistan ». Sifaoui, ancien journaliste, a tenté tout au long de son intervention de discréditer Souaïdia en le qualifiant de « mythomane professionnel » et Gèze de « manipulateur ». Il a tenté de se laver de toutes « les accusations de collaboration avec les services aussi bien algériens qu’étrangers ». Il explique, avec force détails, l’épisode où « Souaïdia a rencontré en sa présence un agent de la DST qui lui avait proposé de travailler pour ses services contre un appartement et de l’argent ».
Souaïdia se lève pour démentir toutes ces accusations en s’interrogeant: « Comment le colonel Philippe connaissait-il le numéro de portable de Sifaoui? »
Interrogé au sujet du journaliste exilé, l’historien algérien Mohamed Harbi précise qu’ « il fallait être naïf pour croire que Sifaoui était journaliste ». Ce dernier surgit du fond de la salle et demande à prouver ses accusations.
Mohamed Harbi qui s’exprime en défaveur du général Khaled Nezzar précise à la cour qu’ « il y a une militarisation du politique depuis 56, date de l’assassinat d’un dirigeant politique en l’occurrence Abane Ramdane ». Harbi n’hésite pas à dire que « la presse demeure le secteur le plus infiltré par la SM et qu’en l’occurrence, elle demeure le meilleur allié de l’armée ».
Harbi termine son témoignage en précisant qu’il a été le dernier exilé à recevoir son passeport.
Le procès se poursuivra aujourd’hui avec de nouveaux témoignages aussi gênants qu’enrichissants pour l’Algérie.

Salim AGGAR
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SOUS LE PRISME DES MEDIAS ETRANGERS

Un sale procès pour « La sale guerre »

L’Expression, 3 juillet 2002

Les médias, toutes tendances confondues, assimilent la plainte de Nezzar à celle de l’armée algérienne.
Comme il fallait s’y attendre, le procès Nezzar-Souaïdia se déroule à deux niveaux différents. Le niveau médiatique, comme de juste, se taille la part du lion, puisque côté juridique les enjeux ne sont guère à la mesure des peines encourues par l’accusé, officier transfuge de l’armée algérienne, condamné à 20 ans de réclusion criminelle par la justice algérienne et radié des rangs de l’ANP.
C’est sur le plan médiatique, donc, que la bataille s’annonce la plus rude, qu’elle risque même d’être décisive. Il est vrai, ce disant, que les choses ne sont plus ce qu’elles étaient. Le recul très net des socialistes, connus pour être très proches des thèses islamistes et du « Qui tue qui? », a sensiblement réduit les marges de manoeuvres des partisans du retour au processus électoral de 92. Si la droite a d’autres chats à fouetter et n’est pas particulièrement intéressée par le contrôle de ce qui se passe en Algérie, la gauche, elle, connaît une véritable débandade qui la place à mille lieues de ses anciennes préoccupations et de ses anciennes amours comme n’a pas manqué de le souligner, non sans amertume, le leader du FFS, Hocine Aït Ahmed. Sans ces facteurs, particulièrement favorables au plaignant, le traitement médiatique aurait été autrement plus mis en valeur. Aucun journal, en effet, n’a accordé hier son ouverture au procès, préférant le faire sur la « démission » de Messier, et la collision aérienne qui a eu lieu entre deux avions au-dessus du sol allemand. Des articles particulièrement « orientés » n’en ont pas moins été faits. L’information brute, objective, n’occupe que très peu de place dans la plupart de ces articles. Un cachet politique très clair est collé au procès alors que Nezzar ne mène bataille que pour une simple histoire de diffamation. Ces orientations sonnent tellement faux que cette même justice et ces mêmes médias avaient trouvé le moyen de juger et de condamner le tortionnaire Aussaresses de « délit de presse » alors qu’il reconnaissait avoir torturé et assassiné durant la guerre de Libération nationale sous la bénédiction et la protection de l’armée française et du pouvoir politique de l’époque. Des journaux tels que Libération, Le Monde ou même Le Figaro, particulièrement acquis aux thèses de la droite, ont sous-entendu que Khaled Nezzar défend l’honneur de toute l’armée algérienne à travers ce procès. Les médias, il faut le craindre, ont donné une orientation de mauvais aloi aux débats. Après un Nezzar qui a affirmé être là « au nom de l’armée, du peuple et du pays » alors que seul le Président de la République a les prérogatives constitutionnelles pour agir et s’exprimer de la sorte, le témoignage, hier, de Sidi-Ahmed Ghozali a contribué à enfoncer les débats plus encore dans ces sentiers particulièrement dangereux et glissants. Il s’est, en effet, aventuré sur le terrain politique, tentant d’expliquer les raisons de l’interruption du processus électoral en 92 alors que le propos n’a rien à voir avec cette question. Une aubaine pour les médias proches des thèses des socialistes et des ONG particulièrement hostiles à l’Etat algérien. Diplomate de carrière et ancien Premier ministre, Ghozali ne doit forcément pas ignorer que ses propos constituent la perche tant attendues par certaines puissances étrangères afin de s’ingérer dans les affaires internes de l’Algérie. Son témoignage, concernant des faits précis, devait se borner à affirmer que tant qu’il était Chef du gouvernement, entre 92 et 93, l’ancien ministre de la Défense et membre du HCE n’a jamais torturé, assassiné ou déporté des gens. Ces médias, qui doivent déjà se lécher les babines, ne manqueront pas d’en faire les gorges chaudes dans leurs prochaines éditions en attendant, comme de juste, les témoignages pathétiques, politiques et instigateurs des partisans de la défense. Ces derniers, en effet, alimenteront jusqu’à l’overdose leurs « amis » et feront même oublier à l’opinion ce pourquoi le procès a été convoqué.
C’est ce genre de dérives verbales qui font dire à des observateurs avertis que « le procès n’avait pas lieu de se faire dans un pays étranger, qui plus est en France, et à une date aussi symbolique que le 5 juillet ».

Ali OUSSI
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Ghozali au procès Nezzar-Souaïdia :

« L’arrêt du processus électoral est un acte historique »

Liberté, 3 juillet 2002

L’ancien Premier ministre a justifié sa présence au tribunal par sa volonté de restaurer la vérité sur « l’honneur de l’ANP et de l’Algérie. »
La crise algérienne s’invite au tribunal correctionnel de Paris. La deuxième journée du procès en diffamation qui oppose l’ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, au sous-officier Habib Souaïdia a été marquée par un principal témoignage : celui de Sid-Ahmed Ghozali. Appelé à la barre, I’ancien Premier ministre sous la brève période de Mohamed Boudiaf délivre un discours politique. Il a d’abord justifié sa présence au tribunal par sa volonté de restaurer la vérité sur « I’honneur de l’ANP et de l’Algérie ». Devant une assistance scotchée à ses propos, Ghozali affirme que sa « conviction profonde est de rétablir la vérité contre des assertions qui entrent dans le cadre d’une stratégie de l’intégrisme qui, pour accéder au pouvoir, table sur l’effondrement de l’État, en utilisant la déstabilisation de l’armée, seul rempart possible à ce projet ». Son intervention se focalise alors sur I’arrêt du processus électoral en janvier 1992, dont l’évocation par Habib Souaïdia, lors d’une émission sur la Cinquième, a fait sortir Khaled Nezzar de ses gonds. La rupture du processus est « un acte historique », justifie celui qui était chargé par Chadli Bendjedid, en juin 1991, d’organiser des élections législatives « propres et honnêtes ». Suite au raz de marée du FIS dissous, les autorités algériennes décidèrent alors d’annuler le deuxième tour avec, à la clé, la « démission » du président Chadli. Pourquoi une telle décision qui devrait faire basculer l’Algérie dans la violence ? Sid-Ahmed Ghozali est clair : « Notre conviction était que laisser le pouvoir aux islamistes, c’était laisser tomber l’Algérie. » Le 12 janvier 1992, alors que le FIS était aux portes du pouvoir, I’armée oblige le Président à remettre sa démission. À ce propos, I’ex-Chef du gouvernement affirme que la décision était « mûrement réfléchie », décidée à la suite des demandes pressantes de la société civile et de la majorité des partis politiques qui étaient venus le voir. Interrogé sur la démission du Président, Ghozali écarte la thèse de pressions exercées à l’encontre du chef de l’État. Il affirme n’avoir aucune connaissance de telles pressions. Il indique que Chadli était « très atteint par les évènements d’octobre 1988 ». « Depuis 1988, j’ai cru reconnaître un Président qui était moralement démissionnaire. » Et Ghozali de décrocher une flèche assassine à l’encontre d’Ahmed Ben Bella qui lui aurait dit : « Mon fils, tu ne vas pas laisser le pouvoir à cette bête immonde ! » Depuis, l’ancien Président algérien, renversé par Boumediene le 19 juin 1965, s’est rangé du côté des réconciliateurs en participant activement à l’élaboration du contrat de Rome.
Au passage, Ahmed Ghozali se fend d’un mea-culpa qui ne dit pas son nom. « J’ai dit à l’époque que ce vote n’était pas un vote, c’était un vomissement », affirme-t-il. Interrogé sur le livre de Habib Souaïdia, La Sale Guerre, publié en février 2001 en France, Sid-Ahmed Ghozali indique qu’il n’était pas venu témoigner contre Souaïdia. « Il est l’instrument d’une opération médiatique et d’un matraquage qui ne date pas de ce jour », dit-il. Il a également estimé que les hommes politiques algériens ne sont pas des polichinelles aux mains des militaires algériens et que l’armée ne commet pas de massacres. « La stratégie de l’islamisme, c’est de s’emparer du pouvoir sur la base de l’effondrement de l’État, en passant par la déstabilisation de I’armée », explique-t-il. L’intervention de Sid-Ahmed Ghozali est quelque peu chahutée par un intervenant au sein de l’assistance qui lance : « C’est vous qui avez créé le GIA ! » Le président du tribunal rappelle I’impétrant à l’ordre. Le tribunal a, en outre, entendu le témoignage d’Ali Haroun, ancien membre du HCE. La séance s’est poursuivie avec l’audition d’autres témoins. Pour rappel, Khaled Nezzar poursuit en justice pour diffamation l’ex sous-officier Habib Souaïdia pour propos tenus au cours de l’émission Droits d’auteur sur la Cinquième. L’ex-ministre de la Défense demande 15 000 euros de dommages et intérêts.