Paris dans l’embarras après le départ du général Nezzar

Paris dans l’embarras après le départ du général Nezzar

Le Monde, 27 avril 2001

Le départ de France d’un responsable algérien, le général algérien Khaled Nezzar, de passage à Paris où des poursuites pour tortures ont été ouvertes contre lui, a suscité, jeudi 26 avril, des protestations de juristes et de défenseurs des droits de l’Homme. La Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) a « déploré », dans un communiqué, « qu’aucune mesure conservatoire n’ait été prise pour prévenir la fuite fortement prévisible du général ».

Le départ de France du général Khaled Nezzar, de passage à Paris où des poursuites pour tortures ont été ouvertes contre lui, a suscité jeudi des protestations de juristes et de défenseurs des droits de l’Homme. La Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) a « déploré », dans un communiqué, « qu’aucune mesure conservatoire n’ait été prise pour prévenir la fuite fortement prévisible du général ».
Ancien ministre de la Défense et ancien membre du Haut Comité d’Etat algérien, une structure collégiale aujourd’hui dissoute, le général Nezzar, 64 ans, est arrivé mercredi en France pour présenter un livre qu’il avait écrit pour défendre l’armée algérienne, « Algérie : échec à une régression programmée ». Le même jour, une famille algérienne ayant perdu son fils et deux anciens détenus algériens résidant en France, ont porté plainte pour tortures et demandé l’arrestation du général, connu pour être l’homme de la répression des émeutes d’octobre 1988.

Le parquet, jugeant les plaintes recevables, avait aussitôt saisi la brigade criminelle, mais le général Nezzar a pu quitter la France sans être interrogé par la police.
« Il est extrêmement regrettable que Khaled Nezzar ait pu ainsi se dérober à ses responsabilités sans être le moins du monde inquiété », a déploré la FIDH, soulignant qu' »aucun obstacle juridique ne s’opposait à son arrestation en France ».
Les avocats des plaignants ont mis en cause directement les autorités françaises, les accusant d’avoir « éludé leurs engagements internationaux, puisque la convention sur la torture oblige les Etats signataires à prendre toutes les mesures nécessaires pour poursuivre et juger les auteurs présumés de tels faits ».
Pour les avocats, Antoine Comte et William Bourdon, « il est grand temps que les responsables politiques français choisissent entre une politique étrangère réaliste, voire cynique, et les engagements internationaux en faveur de l’universalité des droits qu’ils ne cessent de proclamer dans les différentes instances internationales ».
Cette fuite place en effet les autorités françaises dans une situation délicate de choix entre la raison d’Etat et ses obligations découlant de la Convention internationale de 1984 contre la torture, dont Paris est signataire.
L’embarras de Paris a percé à travers la réaction du ministère des Affaires étrangères, faisant valoir que le général Nezzar « se trouvait en France en mission officielle », qu’il était « titulaire d’un passeport diplomatique et a bénéficié d’un visa diplomatique ». »Une décision sur la question de l’immunité diplomatique relève de l’autorité judiciaire », a souligné le porte-parole adjoint du ministère Bernard Valero.
Avec AFP

 

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