FIDH: Une fuite en forme d’aveu pour le Général Nezzar

FIDH
Fédération internationale des ligues des droits de d’Homme

Communiqué

A l’attention de : « PRENOM » « NOME »

Paris, le 26 avril 2001

ALGERIE : Une fuite en forme d’aveu pour le Général Nezzar

Mercredi 25 avril, une plainte a été déposée contre le Général algérien Khaled Nezzar à Paris. Jeudi 26 avril, il aurait quitté le territoire français.

La FIDH se félicite de la diligence du Parquet de Paris qui a rapidement fait procéder à l’audition des plaignants. Elle déplore d’autant plus qu’aucune mesure conservatoire n’ait été prise pour prévenir la fuite fortement prévisible du Général. De telles mesures sont pourtant explicitement requises par la Convention des Nations unies contre la torture, et prévues par l’article 77 du code de procédure pénale français. Il est extrêmement regrettable que Khaled Nezzar ait pu ainsi se dérober à ses responsabilités sans être le moins du monde inquiété.

Le Général Nezzar, Ministre de la défense d’Algérie de juillet 1990 à juillet 1993, puis président du Haut Conseil d’Etat (HCE) a cautionné voire ordonné des actes de torture, notamment sur les plaignants ou des membres de leurs familles. Aucun obstacle juridique ne s’opposait à son arrestation en France. Les enquêtes réalisées sur le terrain par les ONG de défense des droits de l’Homme et les témoignages qu’elles y ont recueillis permettent de conclure qu’il était l’un des principaux commanditaires de la politique de torture systématique menée en Algérie. En tout état de cause, en sa qualité de ministre de la Défense, puis de président du Haut Conseil d’Etat (HCE), il ne pouvait ignorer cette politique. Il se devait d’y mettre un terme et avait toute l’autorité nécessaire pour ce faire. Actuellement ancien ministre et général à la retraite, Khaled Nezzar ne peut se prévaloir d’aucune immunité.

La fuite du Général Nezzar ne peut qu’être interprétée comme une forme d’aveu de culpabilité sur les crimes de torture allégués à son encontre par les auteurs de la plainte.

La lutte contre l’impunité constitue une priorité aujourd’hui s’agissant de l’Algérie où, dix ans après le début de ce qui a constitué l’une des plus graves crises de la Méditerranée, on meurt encore, chaque jour, et où depuis 1992, il y a eu davantage de personnes disparues qu’au Chili sous le régime de Pinochet.

L’arrestation du Général Nezzar marquerait une étape importante dans cette voie. Même s’il échappe à la justice française aujourd’hui, la détermination des victimes algériennes et de leurs familles dans leur combat pour la vérité et la justice en Algérie n’en demeurera pas moins intacte.

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