Entre les lignes du 29 juin au 5 juillet 2001

Entre les lignes

Nasreddine Yacine, algeria-watch, semaine du 29 juin au 5 juillet 2001

Sept morts (6 à Tébessa et un Sidi Bel Abbes) et trois blessés dont deux militaires à Biskra au cours de cette semaine.
En Kabylie, c’est l’accalmie. Ce qui n’est pas sans déplaire à certains journaux privés (comme nous allons le voir dans ce qui suit).
Dans sa dernière résolution, l’Internationale Socialiste réclame une commission d’enquête en Algérie. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais, entre les paroles et les actes…

Aït Hamouda  » défend  » Aït Ahmed !
Au cours du débat général qui a eu lieu à l’APN, des  » députés  » islamo-khobzistes d’Ennahda et du MSP (ex-HAMAS, de Mahfoud Nahnah) ont réclamé de déchoir de sa nationalité Monsieur HOCINE AÏT AHMED, président du Front des Forces Socialistes. Etonnant ? Non. Quand ça vient de si bas…
Mais, l’étonnant a été la réaction d’un autre ennemi juré du FFS et de son président, en l’occurrence Noureddine Aït Hamouda, fils du colonel Amirouche et chef de milices armées en Kabylie, qui a  » défendu  » HAA. Ennemi d’abord parce qu’il est au RCD, ennemi du FFS, ensuite parce que Noureddine reproche à Aït Ahmed, au FFS et à tous les  » kitukistes  » d’être derrière les rumeurs qui l’impliquent dans l’assassinat du chanteur Matoub Lounès.
 » … Je trouve indécent, disait-il (Liberté 30 06 2001), que des députés exigent de déchoir Aït Ahmed de sa nationalité car si on devait le faire, beaucoup d’entre vous ici la perdraient « . Mais, comme pour expliquer son intervention pour le moins inattendue, Aït Hamouda ajoute en Kabyle :  » Ur hemlagh ara gma, ur hemlagh ara win thi kkathen  » (même si je n’aime pas mon frère, je n’aime pas ceux qui le frappent) !

Rebrab ne fait pas de politique !
Au cours du forum hebdomadaire du quotidien arabophone El Youm, l’homme d’affaires Issaad Rebrab affirme ne pas faire de la politique. Incroyable pour le sponsor du RCD et de quelques journaux comme Liberté et Le Soir d’Algérie.
Par ailleurs, en évoquant la période de 1992-1993 et le gouvernement de Bélaïd Abdesselam, Rebrab a longuement insisté sur la  » volonté  » de l’ex-chef du gouvernement de  » museler le secteur privé « . Rebrab n’a pas abordé, au cours de ce forum, la véritable pomme de discorde qui l’a opposé à Bélaïd Abdesselam. En fait, ce dernier avait bloqué l’octroi d’une ligne de crédit de quelques dizaines de millions de dollars dont bénéficiait Rebrab du temps de Sid Ahmed Ghozali.
Après le départ de Bélaïd, Rédha Malek son successeur a tout de suite réparé l’affront fait à Da Issaâd.

Amnésie
C’est la semaine de Aït Ahmed. Tous ses ennemis se mettent à le défendre ! Après Aït Hamouda, c’est au tour de Sofiane Bensalem (pseudonyme d’un actionnaire d’El Watan – 30.06.2001) qui dans un édito s' » offusque  » de la  » dangereuse opération de lynchage orchestrée par les milieux officiels et relayés par certains partis politiques  » contre Si L’Hocine.
C’est vraiment tiré par les cheveux mister Bensalem. Autant vous dire que c’est raté. Faut-il vous rappeler les pires insultes que vous avez proféré, ainsi que vos confrères de la presse  » républicaine  » (Liberté, L’Hebdo Libéré, Le Matin, Le Pays, L’Authentique…), contre Aït Ahmed et Abdelhamid Mehri depuis 1992, et en particulier depuis la signature du  » Contrat national  » ?
Personne n’est dupe. Le lecteur n’ignore pas que vos récentes positions ne dépassent pas plus le cadre d’un rôle qui vous a été attribué ainsi qu’à d’autres acteurs, dont ceux qui réclament de déchoir Aït Ahmed de sa nationalité, par les marionnettistes que vous savez.

Pourvu que ça dure !
Le Matin, du 2 juillet 2001, a réservé une page pour commenter favorablement la position de Aït Ahmed et la résolution de l’Internationale Socialiste réclamant une commission d’enquête internationale en Algérie.
On croit rêver. En d’autres temps, ce journal aurait traité le président du FFS de tous les noms d’oiseaux et crié à l’intervention étrangère.

Nacer Boudiaf seul contre tous
Après l’assassinat de Mohamed Boudiaf, plusieurs pétitions réclamant la vérité sur ce meurtre avaient circulé à l’époque. De mémoire, on peut citer Saïd Sadi, Khalida Messaoudi, d’autres responsables politiques et beaucoup de journalistes de la presse privée.
A ce jour, tous les amis de Boudiaf sont  » convaincus  » qu’il a été assassiné par un  » militaire aux penchants islamistes « . Pour eux le dossier est clos. D’ailleurs, même sa famille, mis à part son fils Nacer (né de sa première épouse), ne semble pas très chaude pour réclamer d’autres éclaircissements dans cette affaire.
Invoquant de  » nouveaux éléments « ,  » disparition de l’arme du crime ; impact d’une balle de gros calibre dans le thorax, ce qui veut dire une balle tirée en face et non derrière ; l’autopsie n’a jamais été pratiquée  » Nacer Boudiaf réclame, selon le Quotidien d’Oran (30.06.2001), la révision du procès à défaut, il irait jusqu’au TPI.

L’art de l’esquive
Parfait, Mohamed Benchicou, directeur de la publication du Matin, qui dans sa dernière chronique  » La semaine des 7 jeudis  » (5 juillet 2001) a joué un magnifique tour de magie en transformant l’objet principal (responsabilité des généraux algériens dans des crimes commis contre les populations) en un truc anodin (intrusion de l’armée dans la politique).
Il commence par évoquer Milosevic, le TPI, les crimes de guerre, les généraux algériens, la torture, les exécutions extrajudiciaires… puis fini sa chronique en nous expliquant que  » dans la conjoncture actuelle  » il n’est pas question que  » l’armée se retire du champ politique « . CQFD !
Monsieur Benchicou lorsqu’on parle de TPI et de commissions d’enquêtes internationales ce n’est pas pour juger les responsables militaires et autres criminels (toutes tendances confondues) d’avoir fait de la  » politique  » mais d’avoir assassiné des populations ou tout au moins de ne pas avoir porté secours à des civils en danger.
Alors de grâce, ne prenez pas les gens pour des c…

 

 

 

 

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