La contestation s’organise à Staouéli
La contestation s’organise à Staouéli
La police passe à l’intimidation
Le Matin, 6 juin 2001
La ville de Staouéli vit depuis quelques jours au rythme de la contestation qui s’organise chaque nuit. Tout a commencé avec l’appel qui a été lancé, il y a seize jours, par l’association Vie invitant la population à « allumer les bougies de l’espoir » à la mémoire des victimes de la répression en Kabylie. Mais ces deux derniers jours, la tension est montée d’un cran suite aux tentatives de provocation émanant de la gendarmerie et de la police. Dans la nuit de dimanche à lundi, la protestation pacifique des jeunes a failli tourner en émeute après l’intervention de la gendarmerie, alors que la police a observé une position conforme au règlement. Voulant s’attaquer à la mairie, les jeunes manifestants ont été ramenés à la raison par les animateurs du Comité de citoyens intercommunal, l’organisation initiatrice du rassemblement. Dans la nuit de lundi à mardi, le même scénario s’est reproduit à l’exception que la police semblait décidée à en finir avec ce mouvement de protestation dirigé par ledit comité. Une trentaine de policiers, en tenue de combat, ont procédé vers 1 h du matin à l’interpellation de quarante jeunes. Après avoir été brutalisés et injuriés dans les locaux de la police, ces jeunes ont été relâchés avec la ferme recommandation « de ne plus soutenir le comité des citoyens ». Ce comité des citoyens s’est interrogé hier, dans un communiqué rendu public, sur les motivations de ceux qui ont ordonné « ces représailles » à l’encontre des jeunes venus exprimer leur « désarroi » pacifiquement. Ce n’est pas la première fois que la police, au niveau de cette ville, réagit d’une manière musclée pour faire taire une contestation pacifique. Elle avait déjà répondu, en février dernier, par la répression pour disperser des manifestants qui voulaient dénoncer la campagne dite « la chasse aux couples ». Tout en affirmant sa détermination à poursuivre son combat, le comité des citoyens a conclu que « la répression n’est pas une réponse aux aspirations de notre jeunesse ».
Y. R.