Reprise des affrontements en Kabylie

Reprise des affrontements en Kabylie

Manifestants et forces de l’ordre se sont opposés samedi à Tizi Ouzou après l’enterrement d’un jeune Kabyle. Le dénonce un pouvoir « bunkerisé ».

Le Nouvel Observateur, 17 juin 2001

Hocine Aït Ahmed, le président du Front des forces socialistes (FFS), a dénoncé dimanche un pouvoir algérien «bunkerisé» et a appelé à de «véritables élections libres» dans son pays.
«La jeunesse algérienne est en train de reconquérir ses libertés d’expression, d’organisation et de participation», a souligné sur France-Inter l’opposant algérien, à propos des manifestations qui secouent l’Algérie depuis plusieurs semaines.
«C’est à elle que revient aujourd’hui le droit de faire une Constitution, à la mesure de ses ambitions, de sa soif de liberté, de ses exigences sociales et de sa volonté de participer à la modernité.»
Pour le vétéran du FFS, qui s’est exilé à Lausanne, «il faut «faire une révision déchirante, aller à de véritables élections libres». Selon lui, «l’élection présidentielle est une leurre», «il faut une Assemblée constituante».
Hocine Aït Ahmed estime que «l’Algérie a été confisquée, (que) les généraux ont confisqué le pouvoir». Quant au président Abdelaziz Bouteflika, a poursuivi le leader du FFS, «aussi longtemps qu’il sert le régime -et il le sert très bien-, l’armée le gardera».

Affrontements en Kabylie

Les affrontements entre jeunes manifestants et forces de l’ordre ont repris samedi après-midi à Tizi Ouzou à l’issue de l’enterrement d’un jeune décédé après être tombé d’un camion qui revenait d’Alger après la marche de jeudi.
Alors que ces violences se poursuivaient en soirée, l’agence officielle algérienne APS a fait état d’un bilan de 14 blessés, dont deux membres de forces de sécurité. L’un d’eux se trouvait dans un état critique.
Toute la matinée, en signe de deuil, les commerçants avaient baissé rideau en attendant l’inhumation du jeune manifestant. De leur côté, les brigades anti-émeutes avaient pris position autour de la gendarmerie, en plein centre-ville.
Dès la fin de l’enterrement, des groupes de jeunes s’en sont pris aux forces de l’ordre, à la gendarmerie et à d’autres bâtiments publics. Les brigades ont répliqué à coups de grenades lacrymogènes et de canons à eau.
La ville de Bejaïa, où des heurts ont eu lieu jeudi et vendredi, semblait pour sa part être coupée du reste du pays. Il était impossible samedi de joindre par téléphone la deuxième ville de Kabylie.

« Jeunes casseurs »

Des incidents similaires à ceux constatés dans la capitale de cette région rétive était par ailleurs signalés dans d’autres secteurs de l’est du pays, mais aussi dans des localités jusqu’alors totalement épargnées par la violence.
A Annaba (600km à l’est d’Alger), des affrontements entre jeunes et forces de l’ordre ont eu lieu samedi après-midi dans le centre-ville, et notamment Cour de la Révolution, le principal axe de la cité.
Selon l’agence APS, qui a rapporté l’information, des «jeunes casseurs» ont manifesté dans le centre de cette ville en saccageant des édifices publics et des commerces. Les quartiers les plus touchés étaient ceux du Pont Blanc et de Saint-Augustin. Les forces de l’ordre se sont déployées autour des édifices publics.
Dans le même temps, toujours selon APS, dans la wilaya (préfecture) de Biskra (450km au sud-est d’Alger), un mouvement de protestation a été enregistré dans la commune d’Aïn Naga. Environ 500 jeunes ont bloqué la circulation entre Zeribet El Oued et le chef-lieu de wilaya en érigeant des barricades avec des troncs de palmiers, richesse naturelle de la région.
Le wali (préfet) s’est déplacé sur les lieux et a rencontré des représentants des manifestants qui se sont plaints, comme dans les autres localités ayant connu des émeutes ces dernières semaines, de la misère et de la «hogra», c’est-à-dire l’injustice, le mépris des autorités et l’abus de pouvoir. (AP)

 

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